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from Impulsion Végé

Autant ne plus jamais manger de viande de ma vie ne me pose aucune diffilculté, autant me passer de crêpes est une chose totalement inconcevable. Alors lorsque j'ai entrepris mon processus de végétalisation de mon alimentation, trouver une recette de crêpes végétaliennes a été ma priorité.

Il se trouve que c'est beaucoup plus facile que je ne me l'étais imaginée ! Pour faire des crêpes, il faut de la farine et du lait végétal !

Oui, seulement avec ces deux ingrédients, c'est possible de faire des crêpes ! La recette je l'ai trouvé sur ce blog qui explique tout bien comme il faut : Crêpes vegan

Crêpes

Bon, ça c'est la base de la base. Mais quand même, c'est meilleur en rajoutant de la matière grasse. Et puis du sucre aussi. Eventuellement un arome. En fait, on peut personnaliser comme on veut, selon le goût et la texture qu'on préfère.

Comme c'est une recette que je fais souvent, et que j'ai déjà personnalisé de plusieurs façons différentes, il m'est arrivé d'avoir quelques loupés. Mais c'est pas grave, j'ai appris de mes erreurs pour faire de meilleurs crêpes !

Quelques astuces d'après mon expérience :

  • Remplacer une partie de la farine de blé par une autre farine, c'est possible, mais mieux vaut tester à petites doses. J'ai eu un échec cuisant en ayant mis trop de farine de coco par exemple une fois, et impossible de faire des crêpes avec !

  • Le temps de repos, c'est vraiment utile ! Je réussis toujours mieux mes crêpes en ayant préparé la pâte la veille.

  • La crêpe est mieux réussie quand on la laisse cuire tranquillement ! C'est quelque chose que j'ai mis longtemps à comprendre. J'ai toujours eu tendance à être en stress devant ma poêle, et à essayer de décoller les bords à peine formés. Et j'ai souvent eu des problèmes de crêpes qui ne se décollent pas bien, qui se déchirent. Et j'ai pu constater que quand je suis occupée à vider le lave-vaisselle ou à préparer les autres éléments du petit-déjeuner en même temps que je fais cuire mes crêpes, je n'ai plus aucun problème à décoller et à retourner. Donc, voilà, la crêpe, on lui fiche la paix !

  • Autre détail qui a son importance pour la réussite des crêpes : une crêpière en bon état ! Vraiment, ça fait une différence, j'ai testé ça aussi !

Donc, après ces informations de la plus haute importance, voilà ma recette, testée et approuvée !

Pour une dizaine de grandes crêpes !

Ingrédients : – 250g de farine T65 – 550ml de lait d'avoine – 20g de sucre – 20ml d'huile neutre – une pincée de sel – Au choix : vanille, fleur d'oranger, cannelle, ...

Instructions : 1. Dans un grand bol, mettre la farine et la pincée de sel. 2. Former un puit, y mettre le sucre, l'arôme et l'huile. 3. Verser peu à peu le lait végétal en mélanger. 4. Laisser reposer autant que possible avant de commencer à cuire.

#CrêpesVégétaliennes #PetitDéjeunerVégétalien

 
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from Ma vie sans lui

Un pas en avant, deux pas en arrière

Cette semaine, j'ai eu plein de moments bleus, des coups de tristesse voire des attaques de vrai chagrin. J'ai sangloté dans mes assiettes (cela m'arrive souvent le soir, à table, dans cette cuisine où rôde le souvenir de son corps étendu là, à quelques centimètres, les yeux définitivement clos à la vie, à l'amour, à la joie), j'ai pleuré plus discrètement au collège, au supermarché, au marché, j'ai étouffé des cris de rage dans mon oreiller avant de dormir, seule, toujours et encore seule, sans lui.

Pourquoi cette semaine particulièrement ? Parce que c'était le 9e mois qui commençait, 9 mois d'absence, de désert, de larmes et de regrets. Parce que j'ai bravement donné mon préavis pour quitter cet appartement, que je serai partie avant même l'anniversaire du “jour où” et que c'est à la fois un soulagement et une douleur. Parce que nous avons été si heureux ici et moi si malheureuse ici. Parce que j'ai signé ma demande de prêt pour acheter la maison et qu'il aurait dû être là avec moi, c'était le projet que nous avions commencé à ébaucher ensemble et que je me retrouve seule à signer, malgré ma trouille de ne pas réussir à m'occuper de cette grande maison, de prendre un crédit plus long que prévu, de ne pas supporter cette aventure. Parce que les moments du quotidien où il me manque sont toujours aussi nombreux, malgré toutes les choses auxquelles j'ai à penser actuellement et qui pourraient me distraire un peu de cette mélancolie.

Sa main dans la mienne en attendant notre tour chez le maraîcher de la halle le samedi. Les chatouilles dans le lit au réveil. Sa silhouette dans l'encadrement de la porte de la salle de bain quand je me douche (et sa petite phrase “Tu m'as appelé ?”, prétexte à venir me voir nue). Ses textos du matin quand j'arrive au boulot. Ses baisers avant la sieste du week-end. Son bras autour de moi pendant le sommeil.

Et tout ce qui aurait pu avoir lieu cette semaine, s'il avait été là : son stress avant le rendez-vous à la banque, sa fierté quand je lui aurais montré le livre auquel j'ai collaboré et que j'ai enfin reçu, ses commentaires moqueurs sur mon trop-plein de conscience professionnelle, ses questions impatientes pour savoir si C. ou J. ont réussi leur oral de brevet.

J'avais l'impression, il y a une semaine, d'avoir fait un grand pas en avant dans ce deuil, de commencer à me faire à l'absence, de me projeter efficacement vers l'avenir. Je l'entendais me souffler “Petite forte !” dans l'oreille.

Forte, je ne suis pas. Ni courageuse. Profondément triste encore. Et découragée, et seule, si seule...

Je me suis fait la réflexion ces derniers jours que je n'avais plus eu de nouvelles de ses collègues, pourtant si bouleversés par sa mort, depuis le jour où nous avons dispersé ses cendres. Je n'ai même plus de contacts avec son père, qui ne m'envoie des messages que lorsqu'il y a un truc administratif à régler (avec la déclaration d'impôts 2024, je crois que nous en avons fini avec les paperasseries).

Un grand pas en avant, ça ne suffira pas si je dois faire autant de petits pas en arrière, tout le temps. J'aimerais que le chagrin s'efface, que la douleur s'estompe, que le temps fasse son œuvre mais il ne semble pas pressé, il flâne, il flemmarde, il serpente entre les obstacles, il s'étire indéfiniment. Et moi, j'ai encore mal, si mal...

 
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from Blog d'une enfant de ce siècle

SUICIDE

Entre la réalité qui s'impose et l'endroit où elle nous transperce de l’intérieur, il y a un espace. C'est dans cet espace qu'un soir, la souffrance de me croire rejetée dans tout ce qui fait qui je suis, m'a inspiré cette pensée :

“Je préférerais que ma vie finisse maintenant pour ne pas avoir à me demander ce que je vais devenir dans l'avenir”

Je n'identifiais cette idée qu'à ma vision exclusive des choses. Pourtant, le jour où je l'ai confiée à quelqu’un, il m’a dit avoir la même pensée. Parfois l'origine des envies suicidaires n'est pas si personnelle qu'on le pense… Il est possible qu'elle soit universelle.

IDEATION SUICIDAIRE « La grande majorité des personnes pensent à un moment ou l'autre de leur vie qu'il serait “préférable de mourir que de vivre une situation difficile”. Il apparaît donc naturel et normal de penser au suicide à un moment donné. » Certains disent même que cette option apparaît dès l'enfance, quand l'enfant ne se croit pas aimé de ses parents.

RAPTUS SUICIDAIRE “Le raptus suicidaire désigne un mode de tentative de suicide réalisé brutalement et dans un temps très court, avec une imprévisibilité de l’élaboration complexe du geste pour les tiers. Les idées sont peu exprimées avant le geste. Le passage à l’acte suicidaire, dans cette situation, est réalisé avec impulsivité, et surprend le plus souvent les proches et les soignants. L’explication du geste en est d’autant plus dramatique qu’elle est incomprise par les proches.”

Etapes « du processus de la crise suicidaire » Source: infosuicide.org

“Suicide : et si on en parlait?” Je conseille de commencer à 25:13 de la vidéo. Issa Padovani y fait cette remarque :

“Personne ne veut mourir. Par contre, il y a beaucoup de personnes qui n'arrivent plus à savoir comment être en vie, (...) qui ne veulent plus vivre ce qu'elle sont en train de vivre, parce que c'est trop douloureux. “ -Issa Padovani (en partant des écrits de Marshall Rosenberg)

Quand on a reconnu sa souffrance, le premier besoin à satisfaire est le besoin d’écoute. Il est souvent tellement immense qu’il ne peut être satisfait en une fois, mais tant qu’on est en souffrance, il sera là. Pour ma part, ce qui m'a aidé est de m’imaginer comme dans un désert brûlant, avec pour seule soif le besoin d’écoute à satisfaire, et pour seul objectif de guetter la moindre opportunité d'écoute sécure.

Pour les personnes qui craignent d’être submergées par le besoin d’écoute d’un ami en souffrance, elles peuvent :

• le rediriger vers une association ou un groupe de parole…

Solipsy association qui accompagne avec des séance gratuites avec un psychologue. Le délais d’attente est de 8 mois environ car la liste d’attente est longue

Groupes de Prévention du Suicide, par exemple Le GPE de Vallet

• lui apporter du soutien…

Dites « Je suis là » site qui communique des clefs et des conseils pour accompagner un proche en détresse suicidaire

• lui partager les numéros d’écoute…

Le numéro national de prévention du suicide: 3114

La liste des lignes d’écoute qui peuvent aussi en apporter bénévolement

Quelqu’un de formé en CNV peut aussi nous apporter de l’écoute empathique, mais cette écoute est payante, bien qu’efficace.

• lui apporter de l'écoute...

Quand on parle d'écoute, il s'agit ici d'une écoute silencieuse la plupart du temps. La vraie écoute empathique demande des compétences relationnelles et émotionnelles, qui ne sont pas communes à tous. Il ne s'agit pas non plus de l'écoute “active” qui consisterait à “montrer” à l'autre qu'il est compris, mais de laisser à l'autre tout l'espace de parole qui lui est nécessaire.

Dans une écoute silencieuse, j'aime me borner à ces principes:

-Ne pas interrompre la personne

-L'interroger sur les moments de silence s'il y a des choses qui sont floues pour moi

-Accueillir ce qu'elle ressent sans rejet, lui demander de ralentir le rythme si ça m'aide à assimiler

-Ne pas donner de conseils sans être sur que la personne y soit disponible

Divinité associée: Ixtab, dite déesse à la corde chez les Maya, qui apporte sa compassion à ceux qui ont mis intentionnellement fin à leurs jours.

 
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from Il n'y aura pas de f(r)iction.

Laisse moi voir venir le jour

[Manu Chao – La vie à deux]

La septième chambre est en vérité un salon-salle à manger dans un trois pièces où je suis installée par convention de jeune adulte, parce que nous avions besoin de place pour étudier et qu'il y a un bureau où ranger le mec. Dans le salon je dors par petits morceaux inquiets, je lis toujours, je tape mes rapports de stage j'ai installé la bouilloire, je mange mieux, je regarde des films et les premières séries télévisées, je suis très souvent à la fenêtre parce que la vue sur la cathédrale et sur la forêt noire est incroyable, je vois les tours tomber en direct, je vois le pont Churchill partir en morceaux, je vois la médiathèque pousser, je vois les squats du môle Austerlitz disparaître, je vois que j'aime ce quartier, je vois mon vélo garé en bas, je vois ma mère se garer en bas à 3h du matin je rafle tout ce que je peux sur l’étendoir à linge je mets n'importe quoi dans mon vanity, je gémis parce que j'ai fais trop de bruit, je descends vite vite avec mon petit sac je tombe dans les escaliers, je rentre une semaine après et je range les caleçons que j'ai commandés sur la Redoute, sans un mot, avec une mèche de cheveux brûlée au white spirit et dans mon sac le journal gratuit des petites annonces immobilières.

La huitième chambre brûle un jour d'hiver plein de neige et je n'ai jamais eu autant de peine, parce que je n'y ai jamais eu autant de joie. Le parquet est bleu, la connexion Internet est à moi, le balcon donne sur l'Allemagne, je me suis concentrée et j'ai choisi des rideaux, j'ai acheté un lit une place, et puis un lit deux places parce que quand j'attends que quelqu'un se gare c'est toujours quelqu'un qui va m'aimer, sur le parking un matin un garçon sort en se recoiffant, de la main gauche je lui fais un petit signe, de la main droite j'appuie sur le bouton de l'interphone pour ouvrir à celui qui a prit le train à 5h30 pour venir, ils se croisent mais ne se connaissent pas, le temps qu'il monte au troisième j'ai changé les draps comme dans cette pub Ikea. Dans la huitième chambre j'ai une armoire à glace parce que j'ai une haute opinion de moi même, nous avons dormi à huit la nuit de mes trente ans, j'ai déchiré des lettres romantiques, hurlé de fureur et de volupté, jeté une paire de chaussons par la fenêtre sur le type qui venait de me larguer et qui fuyait sur son vélo, écouté du rock indé en faisant fi de mes voisins, j'ai arrêté de fumer à l'intérieur, ensuite j'ai aussi arrêté de fumer, j'étais toute nue sur mon lit quand j'ai demandé quelqu'un en mariage par SMS, et puis j'ai tout vendu sur le bon coin, je suis revenue par le TGV deux mois plus tard pour rendre les clés.

 
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from Il n'y aura pas de f(r)iction.

Dans le thé, des langues de chat, en silence.

[Kat Onoma, La Chambre]

Je ne me souviens pas de celle de la Loch.

La seconde, si. Il y a un lit d'une place et demie, ancien, à grands montants, très haut, probablement un don de mes grands parents, qui prend toute la place dans la pièce, au pied duquel est collé le lit pliant dans lequel dort mon petit frère, puisque, même si c'est dangereux donc interdit, je lui fais faire des roulades, de mon lit au sien. Il y a mon pot de chambre, dans lequel j'ai fais tomber ma peluche Popples, et depuis je ne veux plus jouer avec même si maman l'a lavée, la maison des bidibulles posée sur ma commode, mon mange disque orange, les livres de l'Ecole des Loisirs.

La troisième, c'est la mienne. J'ai un lit de grande fille, une armoire pour ranger mes jouets, une étagère pour mes livres et une penderie trois portes avec des miroirs qui me plait énormément parce qu'elle reflete l'intégralité de la pièce, mais qui m'agace aussi parce qu'elle sert aussi pour ranger les vêtements des autres et que tout le monde y a accès, l'un des miroirs d'entre est fendu parce que j'ai fais karateka avec mon pied dedans, ma mère a hurlé, mais rien de plus grave qu'une cicatrice sur ma cheville, mon frère en a une à l'arrière du crâne où les cheveux n'ont jamais repoussé car je l'ai poussé contre le radiateur qui garde une toute petite tâche de sang, c'est aussi sur le rebord de cette fenètre qu'un corbeau a plongé en piqué pour dévorer l'une de mes tortues qui prenaient le soleil dans leur aquarium, le papier peint en face de mon bureau est maculé de tâches d'encre car j'écris énormément avec un style qui fonctionne mal c'est une chambre pleine de bagarre à première vue, parce que je claque souvent la porte pour empêcher les autres d'y entrer, au bout d'un certain temps en début d'adolescence je bloque la porte avec ma chaise de bureau, je suce de la pâte à sel et d'autres horreurs en relisant toujours les mêmes livres.

La quatrième est immense, c'est la plus grande pièce de la maison, j'ignore pourquoi on me l'a attribuée et pas à mes parents, et puis je comprends, toujours cette armoire encombrante, et puis la suite parentale est équipée d'un dressing sous les toits et d'une petite salle de bains privative où s'isole maman, Papa à son bureau, mon frère a installé sa batterie dans la soupente, et moi j'ai une chaine hifi surpuissante et mon walkman car j'écoute beaucoup de musique et il fait beaucoup de bruit. Je danse, je danse, je danse mais déjà il faut partir dans une autre maison où nous serons moins loins les uns des autres et où il fera peut être moins froid.

La cinquième est toute petite, elle donne sur le toit en pente de la véranda, d'où je vois chacun, dissimulée de tous, je m'y installe pour fumer quand le reste de la famille est absent, et je repère depuis mon perchoir le spot cigarette de ma mère, au sommet de la rue à l'orée de la forêt, c'est un banc isolé, c'est aussi là où on capte le réseau téléphonique de sa mobicarte pour tous les appels qu'elle ne peut pas passer avec le fixe, c'est la chambre des secrets, j'y fais griller des marshmallow à la bougie et j'y révise mon bac, j'y gratouille ma guitare et je crois bien que lorsque j'ai invité à dormir pour fêter mes 17 ans Lily, John, La Drey et le Benevent, ces derniers y ont fait l'amour, enfin c'est ce que Lily m'a dit le lendemain, moi je sais déjà que je n'y ferai jamais l'amour, que ça m'attend ailleurs, d'ailleurs l'amour s'en est allé.

La sixième est dégueulasse. Les murs puent la clope en permanence et je n'arrange pas les choses, la vue sur le parking est morose, tous mes voisins m'entendent quand je baise, les meubles universitaires sont en plastique et j'y suis souvent paisiblement en sous nutrition avec des sachets de thé lipton infusés plusieurs fois par économie, des gateaux achetés chez Aldi et des nouilles chinoises instantanées que je prépare en tournant à fond le robinet d'eau chaude puisqu'il n'y a rien pour cuisiner. C'est pourtant le premier endroit où j'ai dormi lourdement et paisiblement, le premier endroit où j'ai ressenti tellement d'émotions, le premier endroit où j'étais seule avec mon corps, comme un mollusque introspectif et paresseux. Je finis par la nettoyer toutes les semaines et par ne plus prendre le train pour rentrer car qu'est ce qui m'attend d'autre que ces 9 mètres carrés ?

Ha oui. La vie à deux.

 
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from Un Spicilège

À la recherche de mon frère

C'est la seconde fois que je me laisse tenter par un ouvrage des Éditions Goutte d'Or après La pierre jaune qui m'avait déjà laissée un peu sur ma faim. C'est également le constat que je dresse après avoir terminé À la recherche de mon frère. Malgré un sujet passionnant (le complotisme et comment réagir face à un proche qui s'y engouffre) Elliot Wax signe un livre, certes intéressant, mais dont certains aspects m'ont laissée dubitative.

En effet, face aux dérives bien réelles dans lesquelles s'engouffre son frère, il commence par essayer de le comprendre en infiltrant un organe de presse puis le camp d'un homme politique, tous deux taxés de complotistes (tout a été anonymisé dans le livre mais 2 clics permettent facilement de savoir de quoi et qui on parle exactement). Cet aspect du bouquin est particulièrement intéressant. Mettant à mal une bonne dose de certitudes, Elliot Wax semble y croiser des personnes loin d'être volontairement malveillantes. J'aurais vraiment aimé qu'il pousse plus loin ses investigations mais malheureusement ces infiltrations tournent rapidement court. Parallèlement, il cherche un moyen de renouer avec son frère, voire de trouver les bons arguments pour le faire abandonner toutes ses croyances. C'est la partie du livre qui a peiné à me convaincre. Outre le fait qu'on a l'impression dès le début qu'il fait tout à l'envers, on a du mal à déceler, sans doute à cause d'une trop grande pudeur (mais à ce moment-là, pourquoi écrire un livre qui dévoile absolument tout de la vie de son frère ?) les bonnes motivations derrière ses actes, et, alors qu'une prise de conscience tardive (liée au fait qu'il interroge enfin les bons interlocuteurs) le pousse à la confession, je me suis surprise à comprendre et à ressentir bien plus d'empathie pour son grand frère complotiste.

Cela fait que je suis ressortie de cette lecture sans savoir vraiment quoi en penser. J'y ai appris des choses, c'est indéniable, il y a des éléments intéressants dedans, mais les motivations de l'auteur gâchent un peu tout.


À la recherche de mon frère | Elliot Wax | Éditions Goutte d'Or

 
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from Impulsion Végé

Encore une tartinade, oui ! A la maison nous en sommes fan ! C'est pratique à manger avec du pain ou des wraps, en repas ou en en-cas. C'est facile à faire et ça se congèle très bien.

Tartinade petit pois menthe

Hier par exemple, j'en ai réalisé vite fait bien fait pour en manger dans un wrap, avec des légumes en julienne, des tomates séchées et un mélange de graines. Repas hyper simple, rapide et bon !

Wrap

Donc ma recette de tartinade petit pois menthe :

Ingrédients : – 400g de petits pois surgelés – 4cs de purée de sésame semi-complète – de la menthe fraîche – le jus d'un ou deux citrons – 1cs d'huile d'olive – de l'ail semoule – sel, poivre

Le dosage de la menthe, du jus de citron et de l'ail est à faire selon vos propres goûts. Par précaution, mettez en peu et rajoutez en au fur et à mesure que vous goûtez.

Instructions : 1. Mettre les petits pois dans une casserole d'eau bouillante et laisser cuire 5 à 10 minutes, puis égoutter et passer sous l'eau froide. 2. Mixer ensemble tous les ingrédients. 3. Mettre au frais !

#TartinadeVégétalienne

 
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from Depuis les Gorces

On aimerait toustes qu'un groupe puisse fonctionner bien sans avoir besoin de perdre du temps à construire des règles. Si on a réuni que des gens très bien, ça devrait marcher, non ?.

Rêve d'horizontalité

Il y a presque 10 ans, je créais une association avec quelques copines pour développer la recherche participative dans le monde du cheval. À cette époque, j'avais deux craintes pour cette association :

  • Que ça ne soit que MON association. J'assistais aux déboires d'une association centrée sur une personne autocratique qui en avait été 40 ans à la tête et qui avait fait souffrir un peu tout le monde. Je voulais que l'association qu'on créait soit une association au service d'un projet et pas d'une personne.
  • Que les gens nouveaux ne trouvent pas facilement leur place. J'avais envie qu'on soit débordées de nouvelles personnes et que ça ne reste pas que le projet d'une bande de copines.

Je crois qu'on a bien réussi. Au bout d'un an on était déjà 100 membres de toute la France. Au bout de 3 ans, comme je l'avais annoncé au départ, j'ai quitté le poste de présidente. Et aujourd'hui, il n'y a plus personne de l'équipe de départ dans le bureau, et l'association vit sa meilleure vie !

La découverte d'un vieil article féministe

Du coup, à l'époque, j'avais fait de la biblio pour comprendre un peu mieux les organisations, et j'étais tombée sur cet article absolument génial de Jo Freeman :

Il s'agit d'un article écrit par une femme militante féministe qui analyse les jeux de pouvoir au sein des collectifs féministes des années 1970. Elle montre qu'en l'absence de structuration explicite, tout collectif reproduit les systèmes de domination en cours dans nos sociétés 😔.

« Le laisser-faire au sein du groupe est à peu près aussi réaliste que le laissez-faire dans la société. L’idée [d'une absence de structure] devient un écran de fumée qui permet aux forts ou aux chanceux d’exercer sur les autres un pouvoir que personne ne viendra remettre en question »

Passons donc au résumé de l'article.

1. Il y a toujours des structures informelles dans les groupes

La première idée forte de cet article serait assez banale en sociologie. Quel que soit le groupe ou le collectif, il y a toujours une structuration qui se fait, le plus souvent de manière informelle, c'est-à-dire sans que personne ne l'ait vraiment décidé.

Any group of people of whatever nature that comes together for any length of time for any purpose will inevitably structure itself in some fashion.

N’importe quel groupe d’individus – quel que soit sa nature, sa longévité ou son but – va inévitablement se structurer d’une manière ou d’une autre.

L'absence de structure ne conduit pas à une absence de hiérarchies ou de jeux de pouvoir, au contraire, elle donne davantage de pouvoir à certaines personnes sans que ça ne soit le fruit d'une décision collective.

Thus structurelessness becomes a way of masking power, and within the women's movement is usually most strongly advocated by those who are the most powerful (whether they are conscious of their power or not).

Ainsi, l’absence de structures devient une façon de cacher le pouvoir, et ce sont en général les membres les plus puissantes des mouvements féministes (qu’elles soient conscientes ou non de leur pouvoir) qui en sont les plus ferventes partisantes.

2. Le pouvoir de l'élite

Jo Freeman constate qu'un petit nombre de personnes qui prend toujours le pouvoir informellement dans les groupes. C'est ce qu'elle appelle l'élite de ce groupe.

Correctly, an elite refers to a small group of people who have power over a larger group of which they are part, usually without direct responsibility to that larger group, and often without their knowledge or consent.

Correctement utilisé, le terme « élite » fait référence à un petit groupe de gens qui détiennent du pouvoir sur un groupe plus large dont ils font partie, généralement sans avoir à lui rendre de comptes et souvent, sans que le groupe plus large ne le sache ou ait donné son consentement.

Une copine de militantisme me disait que quand on rejoint un tel groupe, on a la sensation de venir « à leur table ». On n'est pas égaux, on est invités, et donc on doit bien se tenir et ne pas trop mettre le bazar.

Le groupe d'ami·es

L'élite est très souvent un groupe d'ami·es qui pré-existait au collectif. Ces personnes se connaissent, elles s'appellent en dehors des réunions, elles partagent des infos entre elles. Et lors des réunions, elles font en général bloc contre les nouveaux sans s'en rendre compte.

Elites are nothing more, and nothing less, than groups of friends who also happen to participate in the same political activities. They would probably maintain their friendship whether or not they were involved in political activities;

Les élites ne sont ni plus ni moins qu’un groupe d’amis dont il s’avère qu’ils sont impliqués dans les mêmes activités politiques. Leur amitié persisterait sûrement en dehors de tout engagement politique et, de même, leur engagement politique perdurerait même s’ils n’étaient plus amis.

Une copine militante me faisait récemment remarquer qu'une règle d'or pour elle c'est que toutes les décisions soient prises pendant les réunions. Ou son corollaire qui est plus clair : qu'aucune décision ne soit prise en dehors des réunions. Cette règle permet d'éviter qu'on prenne une décision pendant la réunion du groupe, avec tout le monde présent, et qu'ensuite quelques hommes aillent boire des bières ensemble et décident dans leur discussion qu'en fait non, c'était pas la bonne décision.

Plusieurs élites

Quand le groupe est grand (comme dans un parti politique), il peut y avoir plusieurs élites qui correspondent en général à plusieurs courants. Ces courants se battent pour remporter l'adhésion de l'ensemble du groupe pour le pouvoir formel.

In a Structured group, two or more such friendship networks usually compete with each other for formal power. This is often the healthiest situation, as the other members are in a position to arbitrate between the two competitors for power and thus to make demands on those to whom they give their temporary allegiance.

Dans les groupes structurés, ce sont généralement deux ou plus de ces réseaux informels qui sont en compétition pour l’obtention du pouvoir formel. Cette situation est souvent la plus saine, dans la mesure où elle permet aux autres membres du groupe d’arbitrer la compétition entre les deux prétendants au pouvoir, et ainsi d’imposer leurs revendications à ceux à qui ils prêtent temporairement allégeance.

C'est qui l'élite ?

Il est relativement simple de savoir qui forme l'élite d'un groupe.

  1. Ce sont des personnes qui communiquent beaucoup entre elles, et ignorent plus ou moins le reste du groupe.
  2. Ce sont les personnes à qui il faut demander pour qu'une décision soit prise pour le groupe.

Dans un groupe que j'ai rejoint récemment, j'ai parlé d'une idée à une autre personne qui m'a directement répondu : « Faut que tu en parles à C. ». J'ai donc ainsi appris que C. était en haut de cette hiérarchie informelle et que c'est elle qu'il faudrait convaincre (courtiser ?) si je veux rejoindre cette élite et faire avancer mes idées / participer aux décisions du groupe.

Comment faire partie de l'élite ?

La façon la plus simple, c'est évidemment la co-optation en trouvant une genre de parrain / marraine dans l'élite. Sinon, il faut jouer avec les mêmes règles que pour se faire des ami·es : partager les mêmes codes sociaux, les mêmes valeurs, socialiser dans les mêmes lieux, courtiser, etc. En gros, c'est la cour de récré du collège. Et pas de bol pour moi, j'y étais globalement assez nulle pour intégrer les groupes en vue...

The characteristics prerequisite for participating in the informal elites of the movement, and thus for exercising power, concern one's background, personality, or allocation of time. They do not include one's competence, dedication to feminism, talents, or potential contribution to the movement. The former are the criteria one usually uses in determining one's friends. The latter are what any movement or organization has to use if it is going to be politically effective.

Ces prérequis à la participation au sein des élites informelles, et donc à l’exercice du pouvoir, concernent surtout l’origine, la personnalité, ou le temps passé à contribuer au mouvement. Ils n’ont rien à voir avec les compétences, le dévouement au féminisme, les aptitudes ou les contributions potentielles au mouvement. La première catégorie de prérequis est celle qu’on applique généralement lorsqu’on choisit ses amis. La seconde concerne plutôt les compétences dont n’importe quel mouvement ou organisation a besoin s’il veut avoir un réel impact en politique.

Un critère d'appartenance à l'élite d'un groupe, c'est donc d'avoir du temps pour socialiser avec ce groupe, et aussi d'avoir du temps tout court pour bosser pour le collectif.

De facto, on exclue les personnes qui n'ont pas tout ce temps :

  • Handies, personnes fatiguées, etc
  • Parents, personnes aidantes
  • Personnes engagées au travail car carriériste, ou personnes qui cumulent plein d'emploi juste pour réussir à nourrir leurs familles

Quand on exclue ces personnes de l'élite (sans en avoir conscience), on les exclut des prises de décision, et à la fin on fait sans elles, et pas vraiment en leur nom.

3. Le star-system

Une des conséquences négatives d'un fonctionnement purement informel, c'est qu'il renforce le star-system. Puisqu'il n'y a pas de chef·fe ou de représentant·e officiel·les, les personnes à l'extérieur du groupe érigeront certaines stars du groupe en porte-parole.

Il y a un groupe féministe qui se veut totalement horizontal sur notre territoire et je me posais la question de leur position sur un incident. L'une d'entre elles me dit : « Toutes nos paroles ont la même valeur, il n'y a pas de cheffe ». Et ça sonnait ultra faux pour moi. J'étais convaincue que la parole d'une des femmes moins populaire dans leur groupe risquait d'être désavouée ensuite. En tous cas, pour moi, de l'extérieur, les représentantes étaient les grandes gueules / les personnes les plus connues du groupe, même si ça n'était pas leur volonté.

J'ai l'impression que c'est aussi ce qui est beaucoup arrivé dans le cadre des gilets jaunes. Certaines personnalités charismatiques sont devenues des porte parole sans avoir été désignées comme tel par leur groupe.

But because there are no official spokespeople nor any decision-making body that the press can query when it wants to know the movement's position on a subject, these women are perceived as the spokespeople. Thus, whether they want to or not, whether the movement likes it or not, women of public note are put in the role of spokespeople by default.

Mais parce qu’il n’existe pas de porteparole officiel ou d’organe décisionnel que la presse peut interroger lorsqu’elle désire connaître le point de vue du mouvement sur un sujet donné, ces femmes sont amenées à jouer le rôle de porte-parole. Ainsi, qu’elles le veuillent ou non, et que cela plaise ou non au mouvement, les femmes bénéficiant d’une certaine notoriété se voient attribuer cette fonction par défaut.

Parfois, les femmes qui deviennent des stars sont stigmatisées dans leur groupe où les autres leur en veulent, et elles finissent parfois malheureusement par quitter le mouvement. Ce qui n'est jamais une bonne chose.

4. L'impuissance politique

Le dernier reproche que fait Jo Freeman aux collectifs qui refusent de s'organiser, c'est leur impuissance politique.

Il y a quelques collectifs non structurés qui fonctionnent, mais ils sont rares, et ils partagent les caractéristiques suivantes :

  1. Le groupe a pour but la réalisation d'une tâche précise, comme publier un journal ou organiser une conférence.
  2. Le groupe est de petite taille et homogène. En gros, c'est le groupe de copaines du départ.
  3. Les personnes communiquent bien au sein du groupe.
  4. Les tâches à réaliser sont peu spécialisées : chacun peut faire chaque tâche.

Quand ces conditions ne sont pas réunies, ces groupes fonctionnent mal et ne sont pas efficaces selon Jo Freeman. C'est ce qui explique, selon elle, que les seuls collectifs qui se font entendre à large échelle sont des collectifs bien structurés.

La solution : structurer le groupe de manière formelle

La seule solution est de structurer démocratiquement le groupe, et pour ça, Jo Freeman recommande 6 principes.

  1. Les mandats : Déléguer une forme d’autorité spécifique à des individus spécifiques, dans le but d’accomplir des tâches spécifiques, via des procédures démocratiques
  2. Exiger de tous ceux à qui une forme d’autorité a été déléguée qu’ils rendent des comptes à ceux qui les ont sélectionnés. « C’est ainsi que le groupe peut exercer un contrôle sur ceux qui détiennent l’autorité. Même si le pouvoir est entre les mains d’individus, au final, c’est le groupe qui décide comment ce pouvoir est exercé. »
  3. Répartir l’autorité entre le plus d’individus possible, dans les limites du raisonnable. Ceci évite le monopole du pouvoir, et force les détenteurs de l’autorité à consulter de nombreuses autres personnes lorsqu’ils l’exercent. Ces personnes ont alors l’opportunité d’être responsables de tâches spécifiques, et par conséquent d’acquérir différentes compétences.
  4. Faire tourner les tâches entre les individus. Si une personne conserve les mêmes responsabilités trop longtemps, de manière formelle ou informelle, ces responsabilités en viennent à être perçues comme « appartenant » à cette personne, qui a alors du mal à y renoncer, et tout contrôle par le groupe devient difficile.
  5. Diffuser l’information à tous les membres le plus souvent possible. L’information est le pouvoir. Accéder à l’information augmente le pouvoir des individus. Je trouve que c'est beaucoup plus facile aujourd'hui avec les boucles de diffusion type Signal.
  6. Donner à toustes le même accès aux ressources dont le groupe a besoin. Jo Freeman prend ici l'exemple de la presse à imprimer et je ne suis pas sûre de ce que seraient les équivalents dans les collectifs que je connais. Le budget ? Les clés du local ?

Conclusion

J'ai ré-ouvert ce texte car aujourd'hui je suis davantage dans une phase où je rejoins des collectifs que dans une phase où j'en crée. Je suis surprise car quand j'échange sur mastodon, tout le monde connaît ces grands principes et se targue de les appliquer super bien. Et pourtant, je reproduis encore et encore l'erreur de rejoindre des collectifs dans lesquels les réseaux informels dominent et où il faut dépenser beaucoup d'énergie pour pouvoir contribuer... En un an, j'ai rejoins 3 collectifs non structurés :

  • Le premier, je n'ai rien demandé, j'y suis allée en pensant qu'entre gens de gauche motivés ça se passerait bien et que je serais écoutée. Je n'ai pas réussi à dire non quand on m'a demandé de faire des choses juste car l'une des stars l'avait décidé. Je suis partie sans rien dire.
  • Le deuxième, je me suis engagée rapidement car la personne avec qui je devais partager la mission semblait très progressiste. J'y ai laissé beaucoup d'énergie pour que ça fonctionne, on commence à avoir une structure démocratique, mais je m'en suis dégoutée.
  • Le troisième, c'est presque tout neuf. Pour éviter de me brûler de nouveau les ailes, j'ai demandé comment les décisions étaient prises avant de m'engager. On m'a répondu : « C'est super ouvert tout le monde peut participer et est écouté », et j'y ai cru (aussi parce que j'avais envie d'y croire). En réalité, on peut parler, oui, mais il n'y a aucune structuration de la prise de décision, et je fais clairement pas partie de l'élite 😆.

Ma morale de cette histoire c'est qu'avant de m'engager dans un collectif, il faut vraiment que j'enquête sur l'existence, ou pas, d'une structuration. Et que je sache dire non.

#Feminisme #AutoOrganisation #Collectifs #Socio

 
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from adventices

je suis soufflé sifflé par le vent troué par la pluie à la surface du ruisseau tordu par la branche fatiguée de l'arbre

ce n'est pas moi qui parle c'est la colline sur mon épaule qui raconte en hérissant ses sapinières

ce sont les ronces en moi qui se redressent pour déchirer

je ne lance pas les nuages ils s'échappent de mes joues courent où ils veulent malgré moi

je n'imagine pas le chemin il me tourne entre les entrailles

vraiment je vous assure ce n'est pas moi qui invente

 
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from Depuis les Gorces

« Je crois qu'on n'a rien à se reprocher, on a fait ce qu'il fallait. » « Je suis un homme féministe. » « J'ai agi par sororité. »

« Je crois qu'on n'a rien à se reprocher »

Je fais partie d'un groupe qui a géré un incident de violences verbales il y a quelques temps maintenant. Après la séquence, un homme m'a dit : « Je crois qu'on n'a rien à se reprocher, on a fait ce qu'il fallait faire », sous-entendant qu'on avait très bien réagi.

Je ne suis pas convaincue qu'on ait très bien réagi, mais je ne suis pas non plus convaincue de l'opposé.

Après avoir raccroché de notre conversation, j'ai réalisé ce qui m'avait gênée. Ce n'est pas à nous de décider de si on a bien réagi ou pas. On peut à la rigueur juger de si on a suivi les procédures ou pas. Et dans notre cas, il n'y avait pas de procédures.

En fait, il n'y a que les victimes qui peuvent réellement juger de si on a été un·e bon·nne allié·e, de si on a été à la hauteur. Et la seule manière de le savoir c'est de leur demander, et on ne l'a pas fait. Donc on ne sait pas si on a fait ce qu'il fallait. On a fait ce qu'on pensait qu'il fallait faire, petite nuance.

« Je suis un homme féministe »

Je parle souvent de féminisme, alors j'ai souvent entendu des hommes me déclarer qu'ils étaient féministes. De vrais alliés pour la cause. Au moment où j'écris ce billet de blog, je repense à trois d'entre eux :

  • L'un m'explique qu'il a connu les vraies années du féminismes (les années 70-80) et que le féminisme est une valeur très importante pour lui. Pourtant, il monopolise la parole lors de nos échanges et passe beaucoup de temps à m'expliquer des choses que je sais déjà, voir que je lui ai dites.
  • Le second m'explique que le vrai problème des femmes ce n'est pas l'écriture inclusive, mais le fait qu'elle ne soit pas aussi bien payées que les hommes à travail égal. Je lui réponds que le vrai problème des femmes c'est quand ce sont les hommes qui décident pour elles de ce que sont leurs vrais problèmes.
  • Un troisième m'explique qu'il apprend et qu'il n'y connait pas grand chose en féminisme comparativement à d'autres hommes du groupe qui connaissent des mots compliqués comme l'intersectionnalité. Pourtant, c'est l'homme qui a le moins de comportements virilistes de notre groupe. Vu de ma fenêtre, c'est le plus féministe.

Pour moi les deux premiers ne sont pas des masculinistes toxiques. Mais les deux ne sont pas franchement des féministes engagés. Ils auraient beaucoup à apprendre et à déconstruire pour être de bons alliés. Ils gagneraient à écouter pour de vrai les femmes qui les entourent sur ce qu'ils peuvent faire pour elles comme le fait le troisième larron de mon histoire.

Une bonne alliée des copines ?

En écrivant ce billet, je repense à deux évènements où je pouvais être la bonne alliée.

Quand j'ai merdé et qu'une copine m'a dit que j'avais agit par sororité

Récemment j'ai merdé. Une femme m'a confié un incident qu'il lui est arrivé, je l'ai écouté, je l'ai crue, et je l'ai soutenue.

Le lendemain j'ai eu l'impression qu'il était important que j'en parle à une amie qui s'entend bien avec les personnes impliquées, car elles ne se rendent pas compte de l'impact de certains de leurs comportements. J'avais l'impression qu'on pouvait améliorer les choses.

Quelques heures plus tard, j'ai réalisé que j'avais surement merdé : je n'avais pas demandé si je pouvais ou devais en parler. J'ai recontacté la personne qui s'était confiée, et effectivement, elle ne souhaitais pas que j'en parle. J'ai alors exprimé mes remords à ma copine, et je lui ai dit que je m'en voulais. Elle m'a répondu que j'avais agit en pensant bien faire, par sororité, donc je ne devais pas m'en vouloir.

Et là, le mot sororité a sonné très faux pour moi quand elle l'a dit.

Ce n'était pas de la sororité même si quelque part je voulais aider des femmes. C'était plutôt une forme de paternalisme : Je me suis autorisée à penser à la place de la personne ce qui serait bien. La seule personne qui aurait pu me dire que c'était de la sororité, c'est la personne concernée, et j'ai bien l'impression qu'elle ne l'a pas vécu comme ça.

Quand j'ai bien réagi

Il y a quelques temps, un Jean-Michel Boomer a été pénible avec une copine. Rien de très grave, mais un petit mansplaining comme il sait bien faire. J'en ai parlé avec la copine et je lui ai demandé si elle voulait que je lui réponde en privé. J'avais le statut dans ce groupe pour le faire, elle m'a dit que oui, ça l'arrangeait si je lui écrivais. J'ai donc écrit à Jean-Michel Boomer un message mesuré car ce n'était pas moi la victime, donc c'était plus facile que pour ma copine. Et j'ai ensuite montré le message à ma copine.

Quelques semaines plus tard, elle m'a dit qu'elle l'avait vraiment vécu cet évènement comme un moment de sororité. Moi j'avais vraiment l'impression de pas avoir fait grand chose. Ça m'a fait vraiment plaisir d'avoir été sur le coup une bonne alliée.

Poser la question

Ces trois petits incidents m'ont fait réaliser deux choses :

  1. Ce n'est pas aux alliés de décider qu'ils sont de bons alliés. Ce n'est pas aux hommes de se déclarer féministes : c'est aux femmes autour d'eux qu'il faut le demander.
  2. On devient un·e bon allié·e en demandant leur avis aux victimes d'oppression

Pour être une bonne alliée, je ne dois pas penser à la place des autres. Je dois leur demander :

  • Comment iels ont perçu mon action ?
  • Qu'est-ce que je peux faire pour les aider ?

J'espère qu'avoir écrit ce post va m'aider à moins merder dans le futur.

#Féminisme #Paternalisme #Sororité

 
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from FAUT L'FER

08/05/2025

Atelier 01 mars 2025

Les luminaires s'exposeront bientôt en boutique. Pour cette occasion, un logo spécifique à été créé et sera décliné sur différents supports.

Plus d'info à ce sujet tout bientôt.

Visitez la page du blog consacrée aux luminaires pour en savoir plus sur notre démarche créative.

Haut de la page

Billet précédant

#luminaires #Blog

 
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from Ma vie sans lui

La valise

Hier, j'ai fini par retirer les portraits de mon amoureux qui étaient dans des cadres à droite à gauche dans mon appartement. Notamment la grande photo de lui qui trônait sur ma table de nuit. Cela faisait un petit moment que je pensais le faire mais j'ai enfin passé le cap de l'action. Je les ai dépoussiérées, caressées, puis j'ai expliqué à mon amoureux – qui me regardait, droit, fier et avec un soupçon de rire au fond des yeux – que je faisais pas cela pour me débarrasser de lui, ni parce que j'avais envie ou besoin de l'oublier mais juste qu'actuellement, le voir tous les matins, tous les soirs, partout, cela ne m'aidait plus à avancer. Cela a été le cas au tout début, quand j'ai fait imprimer ces photos mais c'est terminé. A vrai dire, le voir tous les soirs en me couchant me déchire le cœur...

Alors j'ai rangé toutes ses photos dans la petite valise de souvenirs de lui, avec celle de sa maman (celle qui ne le quittait jamais, elle était au sommet de la Dune du Pyla, 2 jours avant l'AVC qui l'a laissée lourdement handicapée et dont mon amoureux ne s'est jamais vraiment remis non plus). J'en ai profité pour ressortir de la valise le calendrier 2024, celui que je ne n'étais pas parvenue à jeter. Ses illustrations – encadrées – feront sûrement de très chouettes décos dans ma nouvelle maison.

Photo en noir et blanc montrant une valise vintage, ouverte sur un lit. Dedans un spray, des documents noirs sur lesquels on voit une carte postale avec un homme qui écrit. Dans le couvercle, des poches dont dépasse une photo et une autre carte postale, à message.

J'ai aussi fait un peu de ménage par le vide dans ses journaux, ceux qui avaient échappé au premier tri. Ce faisant, j'ai retrouvé un carnet de notes préparatoires à ses émissions de radio. Revoir son écriture, relire ses mots m'a bouleversée. Je sais ce que moi, j'ai perdu (un amour extraordinaire, un homme merveilleux) mais soudain m'est apparu le fait que le monde entier a aussi perdu quelqu'un, un passionné de blues, un être hors du commun qui aimait partager, rire, blaguer, discuter, vivre. C'est absolument déchirant de penser à ça.

Un mot me pèse particulièrement, ces jours-ci, c'est le mot “seule”. “Oui, j'achète seule cette maison”, “Oui, je vis seule”, “Oui, je suis seule à assumer les charges du foyer”, “Non, je n'ai pas besoin de tout, cela fera trop pour moi toute seule”.

Je suis seule, je me sens seule, même bien entourée, par ma famille, par mes collègues, mes ami•e•s, ma petite communauté en ligne. Il y a des tas de moments où je n'y pense pas mais surtout des tas d'autres où cette solitude me fait comme un grand trou dans le ventre.

Mais, à bien y réfléchir, je ne sais pas encore si c'est la solitude en tant que telle qui me pèse ou si c'est l'absence de lui qui est toujours insupportable...

 
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from Un Spicilège

L'anomalie du train 006

Quand j'ai envie ou besoin de me réjouir de ma lecture, je me tourne vers Vis Comica, un excellent site traitant de littérature humoristique tenu par Francis Mizio. Je n'ai jamais été déçue par ses recommandations et c'est là que j'ai découvert L'anomalie du train 006, chaudement recommandé.

Cela faisait des années que je n'avais pas lu de pastiche. Avec ce livre, j'ai été gâtée : ce n'est pas un mais bien six auteurs auxquels s'attaque Pascal Fioretto. S'il est facile de penser à Hervé Le Tellier grâce au titre, il est moins évident, mais tout aussi désopilant de reconnaître Joël Dicker, Virginie Despentes, Emmanuel Carrère, Aurélie Valognes ou Sylvain Tesson.

C'est un véritable amusement de distinguer les tropes employés à outrance par tous nos auteurs (Hervé Le Tellier en tête, passablement étrillé, mais n'en gardant apparemment pas rancune puisqu'il signe la préface) et je salue par la même le formidable talent de Pascal Fioretto qui signe un texte pétri d'humour et de références tout en appuyant sur les facilités trop souvent empruntées par certains auteurs.

Les très grandes qualités de style de l'ouvrage nous permettent rapidement de pardonner ces petites taquineries et tout le monde ressort grandi de cette lecture extrêmement drôle.


L'anomalie du train 006 | Pascal Fioretto | Éditions Heriodos

 
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from Impulsion Végé

Faire un bon repas végétalien, ça ne paraît pas évident quand on n'a pas l'habitude et pourtant ça ne tient pas à grand chose : des légumes, des légumineuses, des féculents.

Assiette de légumes et tartinade

Dans cette assiette-ci, il y a donc : – des légumes : aubergine au four, poêlée de poireau et champignons, tomates séchées – des légumineuses : une tartinade de pois cassés – du pain

Rien de bien fou fou. En vrai j'avais une aubergine et un poireau qui faisaient la gueule, et de la tartinade au congélo. Et ça c'est la super astuce : la tartinade se congèle très bien !

Donc, pour deux assiettes comme cela :

Les légumes

Ingrédients : – 1 aubergine – 1 poireau – 4 champignons de paris – huile – moutarde – sel, poivre, épices au choix

Instructions : 1. Préchauffer le four à 180° 2. Couper l'aubergine en rondelles, badigeonner d'huile, assaisonner selon votre goût, mettre sur une plaque et au four pour 30 minutes 3. Pendant ce temps, couper le poireau en rondelles et les champignons en quatre, puis les faire revenir avec un peu d'huile 4. Lorsque la poêlée de poireau/champignons est cuite à votre goût, encore un peu croquant ou fondant au choix, ajouter un peu de moutarde.

La tartinade de pois cassé (Version très simple)

Ingrédients : – 200g pois cassés – huile d'olive – jus d'un citron – sel poivre, épices au choix

Instructions : 1. Faire cuire les pois cassés selon les instructions du paquet 2. Egoutter en gardant un peu d'eau de cuisson 3. Mixer en ajoutant de l'huile d'olive, du jus de citron, sel, poivre, épices. Rajouter de l'eau de cuisson si besoin.

#AssietteVégétalienne #TartinadeVégétalienne

 
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from Poltergeist

Me voici quasiment cloué au lit suite à une opération, c'est le moment de faire un peu le point sur mes dernières lectures frappantes, d'autant qu'en prévision de ce moment j'ai dépensé mes sous à tort et à travers libéralement dans les librairies pour alimenter le plaisir anticipé consistant à créer des piles de lectures au pied de mon lit et dans mes étagères.

Octavia Butler

La parabole du semeur : voilà enfin un récit post-apo qui tabasse.

Je l'avais commencé avec un enthousiasme modéré parce que ce genre de SF n'est pas trop ma tasse de thé, et aussi parce que le synopsis est drôlement proche de La route (Cormac McCarthy) qui m'était tombé des mains tellement c'est une bouse emmerdante et sans intérêt. Quelle maladie a touché la presse française à la sortie de ce pensum, je me le demande. Il faut aimer se flageller avec des orties pour apprécier. Donnez-moi par pitié cent mille Octavia et Ursula et rangez Cormac à la poubelle. D'ailleurs je suppute que le critique français masturbateur aime bien trouver de temps en temps une œuvre de genre cette fois c'est tombé sur “la science fiction” c'était l'occasion rhalala ça m'énerve. Et au fait, pas de science ici c'est une anticipation.

Un synopsis proche disais-je, celui de la fin du monde, amené de manière très intelligente sur le fond et formidable dans la forme car on lit un journal intime, écrit de manière tellement prenante et vivante qu'on s'y croit totalement. Chose amusante : l'histoire, écrite en 93, se déroule en 2025 et (presque) tout est tellement réaliste. En tout cas, la manière dont le monde s'effondre est très réaliste, à tel point que c'est une fictions les plus ancrées que j'aie lu sur ce thème. Je l'ai acheté dans un élan de littérature “sérieuse”, sans doute en même temps que des essais qui resteront inachevés sur une étagère -ça m'arrive régulièrement- cette fois-ci il arrivait tout de même auréolé de critiques (de critiques de gens qui savent ce qu'ils lisent, je précise) très positives, et c'est l'occasion de découvrir une autrice importante. Ça brasse large, j'ai eu un peu de mal à entrer dedans puis le déclic s'est fait et je l'ai lu d'une traite.


Ann Leckie

En parlant de science-fiction, de la vraie cette fois avec des vaisseaux spatiaux et tout, j'ai acheté un recueil de nouvelles d'Ann Leckie qui a obtenu de manière très très méritée le prix Hugo 2024 pour Les Chroniques du Radch, une des choses les plus follement innovantes que j'ai lu depuis des années, que je ne vais pas raconter , mais qui a un ton, un univers, des personnages extraordinairement singuliers et attachants. Il m'est resté longtemps en tête, et malgré sa sortie récente je l'ai lu plusieurs fois. Bref j'attends beaucoup de ce livre, sa tranche me regarde depuis l'étagère et je savoure le moment où je l'ouvrirai, même si les nouvelles sont moins ma tasse de thé que les romans.

Benjamin Labatut

À propos de tranche qui me regarde et réciproquement, j'ai prévu de lire Maniac après avoir dévoré d'un coup Lumières aveugles, un autre livre impossible à décrire ou résumer et tellement étrange, exotique et bizarre... Il a un côté collection d'anecdotes filées qui m'a fait un peu penser à ce que faisait Sebald avec l'histoire (la grande histoire, la sienne, celle de ses proches), mais lui s'intéresse à l'histoire des sciences : c'est intriguant puis intéressant puis perturbant à mesure qu'on se demande où est le vrai. Un livre très très fort.

Alexis Jenni

Également, j'ai lu la courte biographie de John Muir par Alexis Jenni, une très jolie découverte qui m'accompagnera longtemps je pense.

J'avoue je ne connaissais pas John Muir, sauf peut-être pour avoir croisé son nom parfois ? en tout cas je ne connaissais pas son histoire et elle est littéralement extraordinaire, y compris pour ses contemporains. Et puis elle se déroule encore cette époque bénie où les frontières entre sciences n'existaient pas comme aujourd'hui et où l'on pouvait devenir à la fois ingénieur, géologue, naturaliste et bien sûr homme de lettres. En plus à cette période charnière où la conquête est terminée mais pas la découverte et où se mettent en place les mécaniques de domination dont on voit aujourd'hui la continuation, les mêmes causes produisant les mêmes effets.

Mais surtout, quel aventurier incroyable, qui n'a eu de cesse de se déplacer à travers le monde pour en constater et relater les beautés et surtout les éprouver de manière physique et spirituelle. Bref une biographie classique mais qui va au cœur de l'individu John Muir, et écrite avec une grande tendresse.

Laurent Gaudé

Sinon en début d'année j'ai lu deux livres de Laurent Gaudé, d'abord La porte des Enfers, parce que j'avais conservé un bon souvenir du soleil des Scorta et que j'avais celui-ci dans ma bibliothèque depuis un moment. C'est très bien écrit, vraiment. C'est également sinistre au dernier degré : pas un rai de lumière dans ce cloaque. Alors certes l’œuvre traite de la mort et du deuil mais quand même.

En plus les aspects mythologiques sont bizarrement amenés, puis curieusement traités, c'est à la fois trop terre-à-terre et fantasmagorique. Et au final la description des enfers est d'une monotonie barbante. Bref, une lecture déprimante. La langue reste belle et heureusement c'est assez court.

Et comme la critique était positive, j'ai lu dans la foulée ou presque, Chien 51, un polar SF dystopique, toujours aussi bien écrit et sans fausse note, lui. Son univers est particulièrement consistant et réaliste, sa construction m'a beaucoup plu, les personnages sont attachants et le mystère reste entier jusqu'aux dernières pages.

Par contre c'est de nouveau sinistre et déprimant, rien ne vient égayer cette vision terrifiante de notre futur : je ne suis pas certain de continuer à lire Gaudé :)

Ted Conover

Une découverte incroyable, grâce à une émission de radio je crois (il a dû passer dans les midis de Culture), dont le pitch n'est pas forcément très attirant.

J'ai donc lu d'une traite Là où la terre ne vaut rien (plus précisément là ou l'hectare de terrain vaut 1000$) en gardant en tête les paysages somptueux du Colorado et ce qu'ils remontent de construction culturelle sur ces paysages “vides” qui n'attendent que des colons.

Le défilé de personnalités hors normes est incroyable, tout comme la pauvreté saisissante de ces laissés-pour-compte et ce qu'ils racontent de l'Amérique d'aujourd'hui.

Mathieu Auzanneau

Un auteur qui connaît bien son sujet car il dirige the Shift Project et a déjà écrit une somme sur le pétrole (Or noir, la grande histoire du pétrole, je sais que c'est une somme car je l'ai chez moi et il fait 10 cm d'épaisseur).
Ici nous sommes plutôt dans l'hyper-light : Pétrole, le déclin est proche se lit en une soirée. Une soirée agréable car c'est bien écrit et on y apprend beaucoup.

Le livre part d'une histoire proche : en 2000, le concept de pic pétrolier était dans l'air puis les américains ont “inventé” le gaz et le pétrole de schiste et magiquement la question des limites de ressources énergétiques a disparu du débat public. Le shift project a eu accès vers les années 2020 a des données très peu partagées, produites par un des principaux cabinets qui compilent de la donnée relative au stock (données généralement vendues à prix d'or aux acteurs du secteur). En faisant converger pas mal d'informations, il postule que le pic pétrolier a été atteint vers 2021 et que nous faisons désormais face à la fin du pétrole facile à une échéance connue et surtout, proche. Proche, c'est 2030, 2040, 2050 ? dans pas longtemps en tout cas, surtout à l'échelle de notre civilisation qui s'est construite sur une énergie surabondante depuis 200 ans.

Et c'est précisément cet aspect du livre qui m'a le plus fasciné : envisager l'histoire et la géopolitique sous le prisme de la disponibilité des ressources ce qui modifie pas mal d'idées préconçues : Pearl Harbour ? les japonais cherchaient à accéder aux ressources pétrolières du sud asiatique. Les allemands ont perdu la deuxième guerre ? c'était inévitable car ils n'avaient pas suffisamment d'énergie face au bloc de l'ouest. Et je ne parle même pas de la guerre en Irak. Je cite de mémoire “ces guerres ont eu lieu en période de surabondance, que seront-elles lorsque les ressources seront en train de se tarir ?

Une partie du livre expose les contraintes physiques liées à l'exploitation des ressources fossiles et explique pourquoi les chiffres généralement agités par les industriels ou les politiciens ne sont pas fiables.

Et il rappelle utilement ce qu'on croit savoir par ailleurs : notre civilisation et notre mode de vie reposent sur le pétrole. Pas de pétrole ? pas de médicament, pas de production agricole sans paysan, pas de biens de consommation courante, pas de transferts sur le globe. Et d'un point de vue géopolitique, pas de domination américaine.

Et puis bien sûr il appuie là où ça fait mal : la fin du pétrole ne signifiera pas la fin de l'extractivisme ou la baisse d'émissions de GES. Le fait que personne ne s'y prépare rend inéluctables des chocs monstrueux à venir.

Bref un livre salutaire avec un côté curieusement enthousiasmant, façon puzzle : une esquisse de la fin d'un monde. Dommage que ce soit la réalité et qu'on soit en plein dedans.

L'atelier paysan

Ce livre est presque déjà un classique en tant que critique du techno-solutionnisme. Moi, qui pensait connaître le sujet, ai beaucoup appris en le lisant, notamment sur l'histoire de la mécanisation.

En décortiquant les rouages de la grosse machinerie agricole, la démonstration est faite de nouveau, que les paysans sont avec les consommateurs les premières victimes d'un système industriel qui a des racines historiques profondes et répond à une idéologie délétère.

Je l'ai lu dans la foulée de celui sur le pétrole, ça va bien ensemble.

Larry McMurtry

Restons en Amérique avec Lonesome Dove, un chef-d’œuvre à bien des niveaux.

Il nous fait suivre un groupe de Texas Ranger, plus particulièrement d'eux d'entre eux ainsi que plusieurs personnages annexes dans les années 1840 à la frontière des États-Unis et du Mexique qui n'a pas encore sa forme actuelle et ressemble plutôt à un gigantesque no man's land où les colons risquent leur vie et où les Indiens tentent encore de vivre la leur.

Je n'avais encore jamais lu d'histoire aussi documentée se déroulant à cette époque, je trouve que le roman éclaire beaucoup la mentalité des pionniers qui explique tellement de choses sur la vie publique américaine. Il montre aussi la construction mouvementée de l'unité territoriale américaine, qu'on connaît mal en France il faut bien dire.

Les personnages sont tous étrangement attachants, j'écris étrangement car plusieurs d'entre eux sont complètement barrés. Ils sont aussi très ambivalents et ont parfois du mal à justifier leurs propres actes ce qui nous les rapproche. Les dialogues sont savoureux et souvent drôles. L'auteur suit les personnages un à un et nous fait ainsi brièvement mais aussi très rapidement comprendre le point de vue des personnages, pas en tant qu'archétype (indien/ranger par exemple) mais en tant qu'individu.

Et les personnages de femmes, ha ! sont incroyables surtout dans le deuxième volet. Bref un must-read.

DOA

J'avais acheté Rétiaires il y a plusieurs mois puis je l''ai laissé sciemment prendre la poussière sur une étagère parce que j'attendais le moment propice à sa lecture pour deux raisons ; d'abord, ce n'était pas rien de se plonger dans Citoyens clandestins puis dans Pukhtu alors j'attendais d'être psychologiquement un peu disponible pour l'entamer.

Qu'on se rassure le livre est beaucoup moins foisonnant et complexe que Pukhtu, je le qualifierais de polar “classique” bien enlevé avec des personnages ambigus comme on aime (surtout du côté des flics, les voyous sont plus attendus), un intrigue assez straight mais qui utilise un peu trop de retours en arrière à mon goût.

Je l'ai lu d'une traite ça reste un bon polar bien documenté et qui donne une vraie impression d'être embarqué en quelques mots dans les organisations de chaque côté, mais il est trop classique dans sa construction par rapport à ce que je connaissais déjà de l'oeuvre de DOA alors j'ai été un poil déçu.

#lectures

 
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