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from Un Spicilège

Antkind

J'ai découvert Charlie Kaufman en regardant (avec une certaine fascination) l'étrange (et très drôle – et pas seulement grâce à la coiffure de Cameron Diaz) film Dans la peau de John Malkovitch dont il signe le scénario. Foisonnant, déjà, étrange mais brillant. Puis il y a eu Eternal Sunshine of the Spotless Mind un autre scénario qui m'a fait pleurer. Ensuite j'ai essayé de regarder un de ses films : Je veux juste en finir sans réussir, pour le moment en tout cas, à aller au-delà des 40 minutes, ne sachant encore aujourd'hui si c'est brillant ou snob ou les deux, ou autre chose à laquelle je n'ai pas encore pensé...

Antkind, cependant, je voulais vraiment m'y frotter : un pavé de 900 pages, une histoire cocasse, le tout traduit par l'excellent Claro (lui qui a signé entre autres la traduction de La maison des feuilles, de Jérusalem, ces autres œuvres dont le gigantisme va de pair avec la sinuosité...) et magnifiquement édité par les Éditions du sous-sol... Je ne pouvais pas passer à côté.

Je me doutais que ma lecture serait chaotique, que cette histoire de critique littéraire tombant sur un chef-d'œuvre et se retrouvant à devoir le reconstituer après que les seuls bobines existantes aient été détruites dans un incendie ne serait que les prémices d'une intrigue bien plus luxuriante. Je ne m'attendais pas cependant, après avoir refermé ce roman et avoir pris quelques minutes pour relire les innombrables notes prises pendant ma lecture, à me rendre compte que j'avais fait un tel voyage. Un voyage qui passe par une école pour gardiens de zoo, un lit-fauteuil, un illusioniste, un duo comique, une entreprise de vente de chaussures, une femme-clown, une marionnette d'âne, un homme de presque 9 mètres, une armée de robots Trump, une grotte... et encore, ce n'est qu'une infime partie des centaines d'idées développées dans l'étrange frénésie de mots que constitue ce roman.

Il est assez difficile de tirer des conclusions sur le roman dans son ensemble, sans doute car il n'a pratiquement ni queue, ni tête, mais également car il est d'un éclectisme rare. Le style de Charlie Kaufman peut varier pratiquement d'une ligne à l'autre, cependant, je dois lui reconnaître de nombreuses qualités. Il écrit bigrement bien et a pondu avec un cynisme non dissimulé un personnage principal d'une drôlerie folle, aussi fascinant que détestable. Certains passages m'ont fait grande impression, par le brillant point de vue que l'auteur a sur certains aspects de la vie comme l'amour (bien sûr!), l'orgueil, la postérité... mais également sur la société américaine qu'il étrille une paire de fois.

Antkind n'est pas facile à lire, et sans doute que tous les chapitres n'ont pas le même intérêt, mais comme cela m'est déjà arrivé avec d'autres œuvres, je pense que son opulence, que son excentricité font partie intégrante de son charme. Patience et persévérance sont récompensées.


Antkind | Charlie Kaufman | Traduit par Claro | Éditions du sous-sol

 
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from Ma vie sans lui

Je me souviens (4 et fin)

Et puis…

Je me souviens de l’été dernier. Il faut que je me souvienne aussi de l’été dernier.

Je me souviens du moment où nous avons quitté notre village et de la copine que nous avons croisée et à qui tu as fait un grand signe par la portière. Elle se souvient aussi, c’est la dernière fois qu’elle t’a vu.

Je me souviens de la route, calculée par le GPS sans passer par les grands axes pour éviter les bouchons, qui nous a fait passer par des chemins étroits et incroyables, au milieu de nulle part.

Je me souviens de l’arrivée en Lozère, des grandes prairies herbeuses et des cailloux. Je me souviens de notre petit gîte, loin de tout.

Je me souviens de nos balades, toujours main dans la main, sauf s’il faisait très chaud. Je me souviens de la fraicheur sous les arbres, des oiseaux, des vaches de l’Aubrac.

Je me souviens que nous nous sommes perdus parce que le sentier était mal balisé mais heureusement nous avions le GPS, enfin moi surtout.

Je me souviens du chien foufou qui nous a suivi à partir d’un village pendant près de 9 km et qui ne voulait pas monter dans la voiture pour que nous le ramenions chez lui. Je me souviens de son nom, Vaillant. Il était jeune et complètement dingue.

Je me souviens que tu as marché comme d’habitude, que tu étais moins essoufflé que moi et pourtant tu avais déjà fait une embolie pulmonaire, sans le savoir et des caillots de sang se baladaient déjà dans ton corps, si on avait su.

Je me souviens de notre dernière balade, il faisait chaud et le sentier passait beaucoup sur la route. Il n’y avait personne mais tu râlais, tu n’aimais pas marcher sur le bitume. Mais je me souviens aussi des bâtons que nous avons trouvés, abandonnés par d’autres marcheurs et que nous avons taillés, à l’ombre d’un bois, pour nous reposer.

Je me souviens que je suis allée prendre ma douche en rentrant, nous étions fourbus mais je suis passée nue devant toi alors tu m’as rejoint et voilà. Je me souviens de la dernière fois que nous avons fait l’amour, nous étions fatigués mais nous avions faim l'un de l'autre, je me souviens.

Je me souviens du lendemain, lorsque nous avons traversé la Margeride pour aller voir ton cousin. Je me souviens de ses mots quand il a ouvert la porte, «Le voilà, le barbu !» et de son accent chantant. Je me souviens de sa femme et des ses mots, presque tout de suite, pour essayer de comprendre ce qui avait causé ce silence si long entre vous.

Je me souviens de ton bonheur le soir en rentrant, d’avoir renoué avec ta famille pour la première fois depuis la mort de ta maman. Je me souviens du soleil couchant qui mettait de l’or dans les herbes et qui caressait nos visages. Je me souviens de la beauté stupéfiante de ce paysage.

Je me souviens de la route vers le Cantal jusqu’au moment où la voiture a émis un bip qui voulait dire stop. Je me souviens que ce n’était pas le moment, qu’il n’y avait pas d’endroit pour s’arrêter sur cette route de montagne mais après c’était trop tard.

Je me souviens que tu es tout de suite entré en mode hyper négatif, les vacances étaient foutues. Je ne souviens n’avoir même pas essayé de te contredire, je te connaissais trop bien à présent pour savoir que c’était peine perdue, tu ne bougerais pas d’un iota.

Je me souviens de ton stress palpable quand tu causais avec ton assureur. Je me souviens avoir failli prendre les choses en main parce que tu n’étais pas en état mais tu n’as pas voulu, tu étais si fermé.

Je me souviens du trajet dans la dépanneuse, la route était somptueuse. Puis je me souviens de ces longues heures passées au garage, en pleine canicule, à attendre une solution. Je me souviens que tu étais énervé et fermé, je n’aimais pas ça mais je me suis tue.

Je me souviens du trajet de retour chez nous en taxi, le gars était très sympa et il a passé du blues. Je me souviens que tu étais assis devant avec lui, vous avez discuté tout le long du trajet de musique, de boulot, de politique et moi, je regardais le paysage, à l’arrière.

Je me souviens de notre arrivée à la maison, fourbus, à la nuit. On est partis se coucher directement. Et je me souviens du lendemain, tu étais encore crevé, vidé physiquement et nerveusement alors on a comaté toute la journée.

Et bien sûr, je me souviens du jour d’après parce que cela a été ton dernier jour, non, tes dernières heures.

Je me souviens de moi contre ton dos si doux, si chaud, dans le lit ce matin-là. Je me souviens t’avoir fait une pluie de petits baisers dans la nuque avant que nous nous levions.

Je me souviens du thé dans la théière sur la table du balcon, des tranches de brioche industrielle dans le grille-pain, de la confiture aux abricots que nous avions faite deux semaines auparavant. Je me souviens que j’ai ouvert le parasol pour protéger la table, il faisait déjà chaud.

Je me souviens de tes yeux inquiets, de tes mots «Chérie, je me sens pas bien» et de ton malaise sur la chaise du balcon.

Je me souviens de ton corps qui devient lourd, de ton visage qui devient rouge puis bleu, je me souviens t’avoir allongé comme je pouvais par terre et parlé parlé parlé sans jamais m’arrêter. Je me souviens de la terreur que j’ai ressentie en réalisant que ce n’était pas un simple petit malaise vagal mais il ne fallait pas flancher.

Je me souviens t’avoir tourné en PLS, d’avoir soupiré de soulagement en t’entendant respirer à nouveau et en voyant les couleurs revenir sur ton visage.

Je me souviens avoir appelé alors les pompiers et t’avoir répété les questions du régulateur. Je me souviens avoir été chercher un oreiller pour que tu sois mieux en attendant les secours qui arrivaient.

Je me souviens avoir entendu la sirène au loin mais à ce moment, tu t’es retourné sur le dos, tu as dit “Désolé...” et tu as commencé à respirer fort, les yeux mi-clos. Je me souviens avoir pris cette respiration lourde comme un bon signe car moins saccadée qu’avant mais je ne savais pas que tu étais en train de partir, non je ne savais pas, je croyais que tout irait bien quand les pompiers seraient là, ils arrivaient, tiens bon.

Je me souviendrai toujours de ton dernier souffle, si léger.

Je me souviens avoir commencé un massage cardiaque quand j’ai réalisé que tu ne respirais plus, je me souviens être allée chercher les pompiers sur le palier en courant, je me souviens avoir crié «Il ne respire plus, venez vite» et je me souviens de tout ce qui a suivi, le défibrillateur avec sa voix synthétique, les voisins qui sont venus voir ce qui se passait, l’hélicoptère jaune qui a survolé l’immeuble, les gens qui se sont massés dans la rue, le médecin en blouse blanche qui arrivait de Lyon, les gendarmes, les questions pendant que tu étais allongé dans la cuisine, l’avertissement que c’était mal engagé, les pompiers qui ont déménagé les meubles pour avoir plus de place et enfin, l’annonce que c’était fini malgré tout ce que les secours avaient entrepris.

Je me souviens quand ils m’ont dit que tu étais mort, le vide, l’incrédulité, le chagrin, les larmes qui ont fini dans des cris. Je me souviens du souffle coupé, pendant une seconde, moi aussi j'étais morte.

Je me souviens. Tu es mort, je me souviens.

Et aujourd'hui, tu es toujours mort.

 
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from Sing it out loud, who made us this way?

Cycle de 11 poèmes pour un homme qui n'a rien compris

I J'ai raté les aurores boréales

L'arboretum a son système Solaire à lui tout seul, Immobile, où je déambule, En deuil, Où je me promène, Seule. Le soleil de l'arboretum Cogne fort au fond de mon oeil brûlé Et d'abord je ne te vois pas.

L'arboretum est flamboyant De fruits acides, il fait si froid, Marchons un peu. Tiens-moi, ou le vent me disperse Avec les braises. Les baies ne sont pas seules dans leur rougeur. Rouge – c'est une couleur que tu vois N'est-ce pas ?

L'arboretum part en fumée. Tu n'as rien vu.

II Un aveu

Je me verrais bien nue sur tes genoux ; tu cherches mes yeux timides qui se sentent dévorés à la moindre ébauche d'une rencontre ; et bien que leur couleur te soit inconnue, tu sais tout du reste ; car tu me rends transparente en caressant mes hanches. Je t'enveloppe et je fonds. Ce n'est pas juste. Pourquoi ne puis-je pas prendre tes souvenirs avec tout le reste ? Est-ce que je t'enserrerai jamais assez fort pour sentir qui tu es ?

III Plie-moi

Plie-moi, je suis flexible excessive En implosion constante Et languis de te jouer La mélodie de tous mes os. Plie-moi ! Je plongerais volontiers – si des mots caressants ne la retenaient pas - Ma tête dans le vide cosmique Qui hurle en travers de mon ventre Indolore et insupportable Et nouerais mes orteils derrière mes vertèbres Bouquet de membres Prêt à l'emploi Prêt à offrir Prêt à broyer Vivent les mariés Plie-moi, je me nourris de meurtrissures Comme une avaleuse de sabres Affamée dès l'aurore Comme un pantin qui cherche son amant Dans un brouillard mouillé de lames de rasoir Plie-moi jusqu'au Pôle Nord Que le blizzard sacré de Dieu Me transperce de stalactites Et m'insuffle la paix Dans un désert de glace

IV Perdue pour la science

Il pleut un ennui blanc Et des fourmis volantes Du plafond dont le temps Détricote l'amiante Sur les neurones de la nation

De la Salle des Murmures A la Salle des Lucarnes Où sous ma couverture La névrose s'incarne Tu marches avec obstination

Pour ne pas t'endormir Alors qu'un monde entier Délire, tangue et chavire J'ai renoncé, tu sais La clé du soleil sur ma langue

Me tiendra éveillée Jusqu'au bout du contrat Et toi, mon invité Tant que tu le voudras Sous les poussières d'or du Big Bang

Et les microplastiques Chamarrés Hynotiques Viens sombrer L'avenir est une notion ancienne

La dernière hypothèse Qui m'importe en cette heure Plaintive, ne t'en déplaise Concerne la douceur De ta peau nue contre la mienne

V Maintenant m'effondrer

Si tu m'avais vue Me tenant toute seule par la main Titubant au bord Du goufre entre les crépuscules Qui pique les yeux Et bénie soit ta rêverie Pique les yeux Et bénie soit ta rêverie

Mon écran accablé De galets, de gravats A ne plus distinguer mes doigts Si tu m'avais lue Engoufrée entre deux virgules Grise au visage Vérolée de regrets

J'en suis revenue Me tenant toute seule par la main (Est-ce bien la même ?) Alourdie de pièces du puzzle Quel drôle de jeu Et bénie soit ta rêverie Drôle de jeu Et bénie soit ta rêverie

VI Croqueuse

Je suis la croqueuse, Je suis la sorcière dévoreuse de garçons Recroquevillés dans les coeurs d'hommes.

Crois-tu te cacher dans les enfractuosités Les ondulations inondées perforées de broussailles De ce terrain noueux Qu'est ta mémoire ? Je me penche sur toi, rien que sur toi avec mon monocle de corbeau, je te vois.

Livre-toi entier je te cueille dans ma main douce ; Pense une seule seconde à courir, sois occis par ma griffe : choisis. Je ne rends qu'aux lâches (Dieu sait s'il y en a) la douleur Qui m'a faite immortelle. Je me penche sur toi, rien que sur toi avec mon monocle de corbeau, je te vois.

Tous les glorieux petits désastres Tels que l'enfance laissent des fils qui dépassent Détails de toi ébouriffés Chair de poule sous la carapace Soluble dans le vent Soluble dans mon corps

Personne d'autre n'a fait tes pas, Ne s'est piqué au même chardon En admirant le même ciel Moucheté des mêmes montgolfières Personne d'autre n'a filé ce coton Rêche et nébuleux, merveilleux, amer

Et tout ça m'appartient.

Je suis la croqueuse, Je suis la sorcière dévoreuse de garçons Recroquevillés dans les coeurs d'hommes.

VII La comète

Soudain elle est Soudain elle fuse Rase de près Les écluses Dans les remous Incandescents Des froufrous Impatients Qui l'auréolent Oui, la voici Cabrioles Et folies

A son passage les hommes de science Se fracassent le crâne et s'élancent “Pourquoi maintenant, pourquoi ici Du néant quitte-t-elle le nid” Micro, sthéto, et oscillo- Scopes sondent mais demeurent idiots. A son passage rayonnent les filles Qui s'y reconnaissent et en rient.

Elle passe remplissant ma maison Comme nulle autre, de cotillons, De lanternes, lampions, lucioles, Jusqu'à l'aube qui dégringole Alors on entre sans frapper Cherchant une raison détaillée Mais ce n'est que moi, mes cernes, mon tablier.

VIII Hautbois

Les rêves ne veulent ne savent ne peuvent Plus s'arrêter et les désastres entravent Mon diaphragme comment se concentrer Quand tu es juste là et l'horloge détraquée

Tiens le hautbois L'innocence même, pas une seule fois Effleuré ni par moi Ni par quelque amant, le hautbois Au casque avec le dos bien droit

Impeccable, proche de la clarinette Quand elle était brillante et nette Détrouble-moi détourne-moi des obsessions Verse le Valium dans mes vaisseaux de souillon

Réapprends-moi même en apnée à séparer L'homme de la mélodie, sa main de la beauté Son archet de l'écharde du désir Qui à chaque sursaut de l'aiguille me déchire

Sérénité

Mais il se penche sur moi – son souffle contre moi - Et son oreille savante “ah, tu aimes le hautbois ? Je peux recommander...” Et il faut tout recommencer.

IX Non

Non Non Et re-non Le mot d'ordre est “guérir” Je dois rester chez moi M'écouter, m'obéir Et dire non à ta voix

Et dire non à ton nom à l'écho de ton nom Au concept de l'écho Conduit par mes frissons A travers tous mes os Dès que j'entends du fond De mon coeur en chaos Ton nom Ton nom Ton nom Presque un ré puis un fa NON Puis un bruissement d'aile NON

Pas le soleil qui cajole cet étrange grain de jaspe incrusté dans l'écorce de ton iris Ni celui qui se noie dans le noir dans le creux de la vague de cette mèche de cheveux Ni ce craquement de braise d'un soupir quand les heures se désagrègent tu t'étires Je renie le reflet de la courbe de cette joue Cette bouche menue et tout ce qui en sort et tout ce qui s'y trouve Tout ce qu'une hypothétique femme pourrait Imaginons, trouver si peut-être elle ne tenait Pas tant à, Eventuellement, guérir Non

Presque un ré puis un fa Puis un bruissement d'aile

X Merci pour la noyade

Mon petit mari Si mignon quand il n'est pas soupe au lait Mon mari je disais M'appelle à lui

Au milieu de l'Isère où je m'agenouille Où je dénombre Les ombres d'ombres Ou de grenouilles Et les arcs et les larmes De femmes tombées des arbres

Mon mari les deux pieds dans l'Isère Ne croit pas aux sorcières Avec délicatesse D'une main saisit ma tresse De l'autre mon menton Dégoulinant Et sur ce ton Des grands moments Sûr et joueur Murmure “c'est l'heure” Sa bouche mangeant la mienne M'inonde d'oxygène

L'arboretum garde son système Solaire et le seul homme que j'aime

Moi, petit baluchon trempé qu'on porte Et qu'on exhorte A vivre un peu Moi ballottée A qui mieux mieux Emmaillottée Sur une épaule De soie, de tôle Moi dans le lit De mon mari

Qui gentiment Me recouvre et reprend Ses droits mais ton souvenir aqueux Me noie c'est toi que je choisis Encore et la viole dans la salle assourdie Résonne Encore et le grain de jaspe ton nom tes yeux Encore A égale distance de deux astres dans le vide Mourra bien qui mourra de l'amour le plus apatride

XI Épilogue angélique

La neige peut-être carbonique Asphyxiait les fragments Fantomatiques Des derniers bâtiments Et c'en était fini de nous depuis des lunes

Tu plaisantais je m'élançais Brusquement après toi Le ciel muet Dévorant dans le froid Nos rires sans un écho nos pas sans trace aucune

Au sol tu tombais capturé Gigotant comme un diable Et moi penchée Sur ta bouille adorable Avions-nous échoué avions-nous réussi

Nos vies au loin si loin si floues abasourdies

Et quand du bout des doigts j'allais presque par maladresse effleurer enfin cette brune et jolie joue rugueuse Battant des ailes tu m'aveuglas d'un joyeux nuage de paillettes

Et puis Le vent bourru souffla des milliards de pages blanches

Étions-nous amoureux était-ce de l'amitié Ma vision vacille mais restera scintillée De cette neige accueillante ; Sois certain Que la prochaine fois au temps un De nos retrouvailles dans un tout autre univers Je t'en écrase une belle bonne grosse boule en travers De la gueule

 
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from Sing it out loud, who made us this way?

Éraillée elle est revenue Celle qui comme un aimant vers les terres interdites M'attire et me déchire la comète qui remue Les signaux satellite

Réveillée par un rituel Hérétique avec ses percussions d'un autre âge Magnétique je me lève et brûle mon héritage Comment puis-je croire au ciel

Homme innocent Mauvais endroit Au pire moment Je m'en désole mais déferle sur toi

Tes petits bras Tendus et tièdes Ne suffisent pas Tu devrais rentrer avant la tempête

Un instinct obtus tambourine Me fait perdre le nord arracher dans un cri Son étoile qui brillait tout juste à ma poitrine Je me déshonore et revis

Homme adorable Je m'en désole mais déferle au-delà

(inspiration : “Which Witch”, Florence And The Machine)

 
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from Blog d'une enfant de ce siècle

MON PRENOM
Ernesto

Ci-dessus la couverture de la BD “Les reines de sang – Kahina la reine berbère Tome 1”, librement inspiré du personnage historique.

Kaena provient du surnom “Al Kahina” utilisé par les omeyyades pour désigner Dihya, au Maghreb. Dihya était une femme politique puissante, une reine guerrière qui aurait unifié la Berbérie. Elle est issue de la tribue amazigh.

Al Kahina veut dire « la prophétesse », avec une connotation péjorative. Réputée pour ses qualités de stratège, Dihya anticipait si bien les mouvements de ses envahisseurs, que ces derniers la soupçonnaient de pratiquer la magie. D'où le surnom de prophétesse/devineresse/sorcière. Certains la disent morte sur le champ de bataille en défendant son pays (J'entends par-là, pour qu'il n'aie pas à se soumettre à un peuple qui les attaque pour leurs terres). Al Kahina a donné naissance au prénom Kahina, puis Kaena.

C’est aussi le titre éponyme d'un dessin-animé franco-canadien, « Kaena, la prophétie ». Ce que je trouve honnête dans cette fiction, c'est que l'on n'essaie pas d'identifier Kaena à Dihya, ce qui évite la déformation des faits par des personnes qui ne sont pas expertes, ou du moins issues de la culture kabyle. Dans ce dessin animé, l'héroïne se bat pour sa liberté de penser et d’agir, et finit par rendre cette liberté à son peuple, alors qu’il est sous l’emprise d’une religion asservissante.

Mon prénom ne laisse personne décider de mon avenir à ma place. Il m'inspire l'élan de me battre pour mes valeurs, quoiqu'il en coûte. Je suis appelée Kaena, aussi bien dans ma vie personnelle que dans mon quotidien artistique et professionnel. Certes, être liée à l'aura de ce prénom m'habille d'une armure. Une armure qui me permet de remplir mon rôle d’adulte, d'assumer les conséquences de mes choix, et de me positionner d'égal à égal face à mes pairs, quels qu'ils soient.

Cet article détaillé de Mediapart brosse le portrait du personnage historique

 
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from Ma vie sans lui

Je me souviens (3)

Je me souviens du jour où mon mari, sentant que quelque chose avait changé, m’a demandé si je l’aimais toujours et où je l’ai fait asseoir pour lui dire que non, depuis des années et qu’en plus, je t’avais rencontré.

Je me souviens du soulagement que j’ai ressenti en disant enfin la vérité, même si elle fracassait notre vie en mille morceaux. Et je me souviens t’avoir appelé tout de suite après pour te le dire, tu ne savais pas comment réagir et cette fois, c’est moi qui t’ai rassuré.

Je me souviens d’avoir été mise au pied du mur par cet homme (« lui ou moi ») et avoir été déstabilisée par cette soudaine autorité de la part de quelqu’un qui n’en avait jamais manifesté.

Et je me souviens avoir perdu pied et cru que je pourrais lui donner une seconde chance pour sauver mon mariage. Mais au bout de quelques heures, je me souviens que j’ai compris que ce n’était pas possible parce que tu étais celui que j’aime alors je lui ai dit que je le quittais.

Je me souviens de tout. Des larmes, des explications, des mots dégueulasses, des coups de fil à nos familles, à nos enfants, de leurs larmes et de l’incompréhension de (presque) tout le monde.

Je me souviens de m’être sentie minable, coupable, monstrueuse, mauvaise mère, seule. Mais malgré tout ça, forte, contre vents et marées, grâce à toi.

Je me souviens de toi, un peu en retrait par rapport au tsunami qui balayait ma vie, toi, qui m’aimais comme un soleil.

Je me souviens de la recherche d’un appartement, en pleine menace d’un nouveau confinement. Je me souviens de nos coups de fil libérés du secret, et de ton inquiétude pour moi. Moi, je me sentais invincible.

Je me souviens de la signature du bail, in extremis avant le confinement de l’automne, d’être partie de chez moi avec mes effets personnels et un peu de linge et de vaisselle, je me souviens du regard des voisins, aussi.

Et je me souviens de cette première nuit seule dans mon nouveau nid, tout petit, sans meubles à part le lit, de pouvoir te parler quand je le voulais, de la liberté que je ressentais malgré la situation confuse et tendue.

Je me souviens aussi des soirées solitaires à pleurer sur le passé démoli, sur la frustration de ne pouvoir te rejoindre à cause de ce foutu virus, je me souviens surtout des mots très durs de mes fils qui ne me pardonnaient pas la trahison, je me souviens. Je me souviens de la douleur, du doute mais il y avait surtout l’amour.

Je me souviens de nos retrouvailles après 2 mois de séparation, chez toi, je me souviens de leur goût très particulier, libéré du mensonge. C’était le jour où Samuel Paty a été assassiné.

Je me souviens de notre nouveau rythme de vie, des week-ends partagés en alternance, des TGV, de nos « je t’aime, bonne nuit » le soir avant de se coucher et puis je me souviens du jour où pour la première fois, tu m’as appelée « Chérie ». C’était la première fois que tu utilisais ce mot et la première fois qu’on me le disait.

Je me souviens des plans sur la comète, de tes premières démarches en vue d’une mutation pour venir me rejoindre. Je me souviens avoir eu peur, les choses allaient si vite. Mais tu étais sûr de toi, j’étais la bonne personne, pour le reste de ta vie. Et le présent nous montre que tu avais raison.

Je me souviens de mes larmes lorsque j’ai appris ma mutation à 75 km de chez moi, je me souviens que tu étais là, en visio quand j’ai ouvert le mail et Maps pour chercher où se trouvait ce fichu collège et tu ne savais pas quoi faire pour m’aider.

Je me souviens de nos premières vacances ensemble, en Bretagne. Je me souviens que je flippais un peu en disant que c’était l’épreuve de vérité, qu’on n’allait peut-être pas se supporter. Tu riais, je me souviens que tu riais tellement, tu ne pouvais pas t’être trompé.

Et je me souviens alors de notre trajet vers le bout de la terre, à écouter du blues et du rock en chantant à tue-tête dans la voiture, c’était la fête et quelle joie c’était d’être avec toi, tout le temps.

Je me souviens des proprios du gîte qui nous appelaient les jeunes mariés parce qu’on était collés l’un à l’autre tout le temps, on marchait main dans la main même sur les sentiers de randonnée.

Je me souviens des embruns salés, des balades dans le grand vent, du soir où tu m’as prêté ton grand sweat à capuche et ton chèche parce que j’étais congelée d’avoir pris l’air toute la journée. Tu m’appelais « la petite kurde » car j’étais emmitouflée comme une combattante de là-bas.

Je me souviens de nos siestes crapuleuses, de nos nuits compliquées parce que je bouge tout le temps et puis je ronfle et toi, en mode hypervigilant, ça t’empêchait de dormir.

Je me souviens de ce que nous apprenions l’un sur l’autre au quotidien, les goûts culinaires, les habitudes, le ménage, les courses, la vie. Je me souviens des tensions aussi, qui se dissolvaient dans les mots et les baisers.

Je me souviens du mot croisé de l’été de Libé qui était parti en vacances avec nous mais qui n’avançait pas vite, des parties de 421 à l’apéro que je gagnais tout le temps et qui te rendaient grognon.

Je me souviens des pauses photos sur les chemins, de tout ce que tu m’as appris à voir et à capturer. Je me souviens de la fatigue dans nos mollets et de la satisfaction de marcher ensemble sur les sentiers escarpés du GR34.

Je me souviens de ma rentrée dans ce village du bout du département, au bout du monde. Je me souviens entre autres de la première fois où j’ai passé le col et où j’ai dit « Waouh » en voyant ce qui m’attendait de l’autre côté de la montagne.

Je me souviens des textos qu’il fallait t’envoyer à mon départ et à mon arrivée parce que tu te faisais du souci, je me souviens t’avoir raconté la route en automne, avec le brouillard sur les sapins et en hiver, avec le verglas dans les virages. Et les vaches, et les chevaux, et les tracteurs.

Je me souviens de la fatigue de ce nouveau rythme de travail, augmenté par les longs trajets. Je me souviens avoir fait la route certains jours en pilote automatique, je me souviens avoir eu peur à cause des camions, je me souviens avoir été assommée de fatigue, je me souviens m’être assoupie au volant, une fois.

Je me souviens de ton arrivée les week-ends et les vacances, tu ne voulais plus que je me déplace parce que j’en faisais déjà assez dans la semaine. Je me souviens de la joie de te retrouver, à la gare, à l’arrêt de bus, de nos corps toujours avides l’un de l’autre, on faisait l’amour dès qu’on avait passé la porte.

Je me souviens aussi du vol de ma voiture, des galères avec les voitures de prêt des assurances, de l’hiver et ses dangers, je me souviens de ton inquiétude et de mon sourire qui se voulait rassurant mais en fait non, j’avais la trouille.

Je me souviens de ta rencontre avec mes parents, tu étais terrifié et tu voyais tout en noir. Je me souviens de notre premier Noël en famille, compliqué pour toi, tu n’avais plus l’habitude du bruit, de tout ce monde, des cadeaux.

Je me souviens de notre relation à distance qui n’était pas si difficile parce que nous avions commencé comme ça.

Je me souviens de ta première demande de mutation, qui a été rejetée, de notre déception mais au fond de moi, un imperceptible soulagement parce que c’était si tôt encore.

Je me souviens de ma décision de chercher un logement plus près du boulot, dans la campagne que j’avais appris à aimer, puisque tu ne pouvais pas me rejoindre tout de suite.

Je me souviens de mon déménagement et du soulagement que cela a représenté pour mon corps épuisé par les trajets. Je me souviens t’avoir emmené quelques semaines auparavant voir là où j’allais habiter et de ton coup de cœur pour le paysage de ma vallée, les vaches et les sapins.

Je me souviens des étoiles dans tes yeux quand je t’ai emmené dans le petit chemin derrière chez moi, tu es resté longtemps à contempler le paysage en disant que j’allais être bien, là. Et c’est là que ce qui reste de ton corps repose, à présent.

Je me souviens de ta première visite en week-end et de la fatigue que cela représentait désormais pour toi de venir jusque dans ce trou du cul du monde. Mais je me souviens aussi de nos premiers marchés ensemble, le samedi, de nos balades sur les chemins en partant de chez moi, je me souviens comme tu étais bien ici, dans ton élément.

Et évidemment, je me souviens comme si c’était hier du texto reçu un petit matin de novembre où tu m’annonçais ta mutation à Lyon, je me souviens de mes larmes de joie, j’étais prête, cette fois.

Je me souviens tes préparatifs pour me rejoindre, tu ne laissais rien au hasard, en grand anxieux que tu étais et ça me faisait rire. Je n’avais plus aucune inquiétude, j’étais pressée, je me souviens.

Je me souviens du jour de ton déménagement, c’était un mercredi de janvier, il faisait un froid polaire et il avait neigé, quelques jours plus tôt. Je me souviens avoir accueilli les déménageurs avec un café, ils ne portaient qu’une doudoune sans manche et ils ne s’attendaient pas à arriver à la montagne !

Je me souviens aussi de ton arrivée, le même soir, tard. Tu avais pourtant réservé un hôtel sur la route mais tu étais si pressé de me rejoindre. Je me souviens de cette première nuit et de mon départ au boulot le lendemain, tu avais pris ton café avec moi, ça nous faisait bizarre.

Je me souviens des petites routines qui se sont installées, de nos siestes les week-ends sur le canapé, de l’amour à l’heure du goûter et des apéros-jeux, je me souviens des plats cuisinés ensemble le dimanche et qui étaient suffisamment copieux pour nos gamelles du lundi.

Je me souviens de tes départs de bonne heure pour prendre le train de Lyon, des déboires avec la ligne SNCF, des retards, des annulations, des travaux sur la voie, des feuilles mortes sur les rails et des vaches dans le tunnel, je me souviens de toi consultant ton appli fébrilement chaque matin pour savoir quelle nouvelle mésaventure t’attendait.

Je me souviens des soirs où tu me demandais d’appeler mes parents pour solliciter l’asile géographique pour toi parce qu’il n’y avait plus de train pour rentrer.

Je me souviens de ton stress dans tes nouvelles fonctions, je me souviens que tu en étais malade et je me demandais parfois si tu avais bien fait de quitter ton boulot et le confort de ce que tu maîtrisais par amour pour moi. Je me souviens de ta réponse lorsque je formulais l’idée à voix haute, elle était ambiguë, parfois mais tu restais droit dans tes bottes.

Je me souviens de nos chamailleries, de nos engueulades, c’était toujours de ma faute, toi, tu étais parfait et tu savais où tu allais. Je me souviens que ça m’énervait mais je découvrais en fait ta sensibilité particulière et j’ai fini par la dompter à peu près.

Je me souviens de tes mots doux et de tes déclarations d’amour éternel, autant que de tes piques parfois cruelles. Je me souviens avoir fait pas mal de concessions mais n’avoir jamais lâché sur les valeurs qui sont les miennes. Je me souviens de réconciliations douces et drôles.

Je me souviens des vendredis soirs où tu animais ton émission sur le blues à la radio et où j’assurais la communication sur les réseaux sociaux. Je me souviens de tes dédicaces, je me souviens de la douceur et de la passion dans ta voix.

Je me souviens de la préparation de ces émissions, quand tu me faisais écouter 10 secondes d’un morceau et que tu me demandais mon avis. Je me souviens que c’était frustrant de ne pas en entendre plus mais tu étais comme ça, concis et pressé.

Je me souviens de nos dimanches à la maison, à bidouiller de photos pour le #sundaygimp. Je me souviens de ce que tu m’as transmis, de ton goût pour l’abstrait et les objets aux formes géométriques étranges.

Je me souviens que tu me regardais lire, parfois, du coin de l’œil. Moi, j’aimais te regarder dormir. Et manger aussi.

Je me souviens des projets que nous avons commencé à bâtir une émission de radio à deux voix, l’achat d’une maison dans notre montagne à vaches.

Je me souviens de nos étés à marcher dans des paysages désolés et déserts, loin de la foule.

Je me souviens de nos soirées devant des séries, à nous bagarrer à propos de la VO. Et je me souviens des après-midi à regarder du rugby, heureusement j’avais mes bouquins.

Je me souviens de la première (et dernière) fois que nous sommes allés voter ensemble, je me souviens du scandale que tu as tapé devant un conseiller municipal à propos de la plaque de rue qui n’orthographiait pas correctement le nom de Mitterrand (ils l’ont enlevée, depuis, je crois qu’ils la font refaire).

Je me souviens de tes jours de télétravail et d’avoir assisté de loin à tes entretiens avec tes stagiaires. Je me souviens avoir pensé à la chance qu’avaient ces jeunes gens de t’avoir comme tuteur, de la passion qui t’animait quand tu partageais ton métier, pourtant si difficile.

Je me souviens de nos échanges à table à propos de nos boulots respectifs. Je me souviens de tes espoirs de retravailler un jour, bientôt, avec des jeunes.

Je me souviens de la joie, profonde, qui m'envahissait quand j'étais avec toi, à chaque moment, la joie qui s'était emparée de ma vie depuis que tu y étais entré, la joie que c'était de t'aimer et d'être aimée de toi. Je me souviens.

 
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from Niavy se (dé)livre

Les 12 coups de Redmi, épisode VIII : Les dernières applis

J'ai gardé le “meilleur” de la dégooglisation pour la fin : comment se débarrasser de YouTube et YouTube Music !

❌ Youtube ✅ Tubular ou ✅ NewPipe

Ces deux apps vous permettent d'utiliser les fonctions “premium” de Youtube, sans crack, sans abonnement : – Picture-in-picture (écran réduit superposé) – Lecture écran éteint – pas de publicités !

Si pour des raisons morales notamment, vous souhaitez pousser votre dégafamisation jusqu'à ne plus utiliser du tout Youtube, vous pourrez utiliser l'alternative Peertube (développée et soutenue par @framasoft@framapiaf.org), accessible directement depuis ces deux applications :)

❌ Youtube Music ✅ RiMusic ou ✅ OuterTune (lien direct GitHub)

Pour continuer à utiliser Youtube Music premium sans payer l'abonnement, il existe en fait une flopée d'applications ! Elles s'appellent InnerTune, Harmony Music, Metrolist... En cherchant “youtube” sur F-Droid, vous en aurez une bonne liste, classée par défaut dans l'ordre des mises à jour les plus récentes.

Je vous liste ici ma préférée parmi toutes ces apps, toujours activement développée (en mars 2025) depuis deux ans, ainsi qu'une autre alternative. Ces deux applications ont pour principaux avantages de permettre l'utilisation avec ou sans compte YouTube Music, de sauvegarder les favoris etc. en local et de les transférer, mais aussi de lire et gérer des titres et playlist locales sur votre appareil !

Si vous préférez Spotify, il existe aussi la solution Spotube. Je ne la recommande pas vraiment, je l'ai utilisée pas mal de temps mais j'ai fini par m'en lasser, la trouvant instable et lente. Mais elle a l'avantage de vous éviter : 1/ de transférer vos données de Spotify vers YouTube Music 2/ de payer l'abonnement premium de Spotify !

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#TutoAndroid #YouTube #Degooglisation

 
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from Niavy se (dé)livre

Les 12 coups de Redmi, épisode VII : Le réveil du FOSS

Bien, après le petit aparté sur la synthèse vocale, je reprends le fil annoncé : des propositions pour remplacer à peu près toutes les applications “stock” de votre smartphone par une version FOSS. C'est “très simple” : je vais reprendre à peu près ma liste publiée et épinglée sur Mastodon, en rajoutant de bonnes applis trouvées par la suite. Je vais m'efforcer de vous fournir les liens directs vers les pages F-Droid des applications.

Pour le moment, on a remplacé ces apps Google ❌ par ces équivalents libres ✅ :

❌ Google Play Store ✅ Aurora Store ✅ F-Droid ❌ GBoard ✅ HeliBoard ❌ Chrome ✅ Firefox ou Fennec ❌ Reconnaissance vocale Google ✅ Futo Voice Input ❌ Synthèse vocale Google ✅ SherpaTTS

Ça, c'est fait... Et le reste ? Voici mes propositions, classées d'après moi selon leur importance par rapport au respect de la vie privée.

Pour toutes ces applis, Android va probablement vous décourager au moins une fois, de les installer et/ou de leur accorder les autorisations nécessaires à leur fonctionnement, pour des raisons de “sécurité”.

Xiaomi est par exemple spécialiste de pop-ups dissuasifs voire inquiétants : un message en plein écran avec un décompte de 10 secondes avant de pouvoir cocher “Oui, je sais ce que je fais” et cliquer sur ( OK ).

Pourtant, souvenez-vous que le code source de toutes ces applis est ouvert (“open-source” : code intégralement publié et consultable, donc quasi systématiquement sans traqueurs intrusifs). Vous ne courez aucun risque à utiliser ces applications. Très souvent, lorsque des vulnérabilités, failles ou autres problèmes sont détectés, une version corrigée est publiée rapidement via F-Droid.

Voici donc ma liste d'applications alternatives, avec si nécessaire des commentaires additionnels :

❌ Google Telephone ✅ Fossify Phone

Alors oui, il n'y a pas d'anti-spam sur le Phone, mais... Il existe une application open-source qui, bien qu'assez ancienne, fonctionne toujours parfaitement ! C'est Yet Another Call Blocker. J'en parlerai sûrement dans un prochain post.

❌ Google Contacts ✅ Fossify Contacts

❌ Google Messages ✅ Fossify SMS MessengerQuik SMS, directement compatible avec les vocaux, contrairement à Fossify

❌ Files ✅ Fossify File Manager (local)RoundSync (en ligne)

Je ferai très certainement un billet spécifiquement dédié à la gestion des fichiers en ligne et hors ligne

❌ GMail ✅ FaireMail (plus complet, mais interface complexe et datée) ✅ Thunderbird : interface hyper proche de GMail, idéale pour une transition en douceur !

Là aussi, je parlerai plus tard des alternatives de fournisseurs mail, il n'y a pas que Google et Microsoft dans la vie ;) !

❌ Google Maps ✅ Organic Maps (interface plus facile à prendre en main) ✅ OSMAnd~ (beaucoup plus de fonctionnalités, mais interface plus complexe)

Pour une fois, je vais mentionner une application non-libre mais gratuite et non invasive qui vaut le coup d'être testée : Magic Earth. Ce GPS présente une interface aisée, un guidage clair (compatible avec... SherpaTTS), et une cartographie personnalisable et toujours basée sur Open Street Maps

Comme d'autres internautes l'ont déjà fait avant moi, je rédigerai par la suite un comparatif de différentes applications de navigation que j'utilise aujourd'hui, avec quelques aides à l'utiilsation.

❌ Google Photos ✅ Fossify Gallery (galerie de visualisation, édition basique) ✅ Aves (galerie avec édition plus avancée)

❌ Google Agenda ✅ Fossify Calendar

❌ Enregistreur ✅ Fossify Voice Recorder

❌ Docs ✅ Collabora office (lien de téléchargement direct de l'éditeur)

❌ Meteo Google ✅ Breezy Weather (appli personnalisable avec widget)

❌ Google Lens ✅ QR/Barcode Scanner ETOSS Document Scanner (lien de téléchargement direct GitHub)

Ces deux applis sont complémentaires : QR/Barcode sert à scanner des QR Codes et autres, tandis que OSS Document Scanner remplace le scan de documents, comme avec Office Lens

❌ Podcasts ✅ AntennaPod

❌ Calculatrice Google ✅ NumberHub (lien de téléchargement diect GitHub : appli très complète, avec mode scientifique et convertisseur de presque tout ^^) ✅ Fossify Calculator (plus simple, très pratique)

❌ Horloge Google ✅ Fossify Clock

Franchement, cette liste n'est pas trop mal. J'allais aussi parler de YouTube/YouTube Music pour finir, mais ça va alourdir le post, alors ce sera pour une prochaine fois ! D'abord, je donnerai des “trucs” pour pouvoir utiliser la plupart de ces applications en transférant les données des précédentes, histoire de ne pas tout à fait repartir de zéro.

Encore une fois, la liste ci-dessus détaille “mes” applications, c'est-à-dire celles que j'ai trouvées, testées et adoptées comme bonnes alternatives aux applications des GAFAM. Vous pourrez sûrement trouver d'autres alternatives en fouillant dans F-Droid !

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#TutoAndroid #Degooglisation

 
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from Sing it out loud, who made us this way?

En formation, en rangs Pas trop serrés dedans On est quelqu'un, finalement

On est une forme, humainement Qui en a vu des vertes et des pas sûres Et se tient à votre molle Et malléable disposition

En formation continue, formation qu'on lâche Et contemple et convoite à chaque fois qu'elle réémerge Entre deux bancs de brouillard sablonneux de temps

Le temps que faute de formation – en V Comme les oies qui savent où elles vont - On ne fait que piétiner

Trous (noirs) en formation Au tournoiement (trop) dense pour le système (help)

C'est trop à capturer On est quelqu'un, finalement

 
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from Un Spicilège

iNTELLIGENCE

Découvert un peu par hasard (avant tout parce que la vignette mettait en avant l'acteur principal, Vincent Macaigne, que j'adore), le (très) court métrage iNTELLIGENCE est une pépite de poésie et de trouvailles visuelles. Sur une idée assez classique, celle d'un homme qui, découvrant sa mort prochaine et constatant l'échec de sa vie, essaie de réussir sa mort, les deux réalisateurs Jeanne Frenkel et Cosmé Castro signent une œuvre originale, unique en son genre.

Tourné entièrement dans leur atelier de travail, sur fond bleu, tous les décors du film sont issus d'un logiciel de jeu vidéo. De nombreux médiums ont été ensuite ajoutés comme de la peinture, du dessin, et toutes sortes de textures qui donnent à iNTELLIGENCE une allure unique, entre rétrofuturisme et abstraction.

Mais au-delà des images, la voix et le jeu de Vincent Macaigne marquent tout autant. Des monologues infiniment tristes ponctuent cette histoire étrange mêlée de fantômes qui parle de solitude, de peur et de regret. L'élégance parfaite d'Alma Jodorowsky, qui sublime chacune de ses apparitions a fini d'emporter mon adhésion.


iNTELLIGENCE | Jeanne Frenkel et Cosmé Castro | 2023

 
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from Blog d'une enfant de ce siècle

GAFAM
Ernesto

Definition GAFAM Les GAFAM sont les entreprises américaines qui gèrent les médias sociaux les plus influents. “Souvent qualifiées de géants du web : G pour Google, F pour Facebook, M pour Microsoft et les deux A pour Apple et Amazon”

Disclaimer: Youtube en fait partie; je l'utilise ici pour te partager une vidéo sans bug. Mais rien que regarder une vidéo sur youtube a une conséquence sur nos données, d'où mon désir de te rediriger vers Invidious. Je souhaitais au moins que tu le saches, je cherche une solution pour contourner la difficulté.

Pourquoi faut-il combattre les GAFAM ?

Parce que ceux qui dirigent les GAFAM s’enrichissent avec les données qu'on leur cède, et atteignent ainsi un pouvoir démentiel sur l’économie mondiale pour décider de l'avenir du monde à notre place (Hashtag Elon Musk). Le reportage France TV de Cash Investagation, “Nos données personnelles valent de l'or”, met ce fait en lumière. (A copier dans la barre de recherche Invidious pour voir la vidéo).

Pour défendre nos droits contre leur atteinte à notre vie privée. Pour te donner une idée, je t’invite à regarder cette conférence sur la chaîne association Penn Ar Web, “Tristan Nitot : vie privée et recherches sur Internet”, qui expose à partir de 15:30 comment Google collecte nos données personnelles. Tristan Nitot est une figure très connue du milieu Linux.

Parce que ce qu’ils font est quasiment imperceptible vu qu'on n'en parle pas assez. Voici les révélations d’Edward Snowden depuis wikipédia, au sujet de la surveillance globale.

Pour lutter contre le totalitarisme numérique. Sur la chaîne Collectif Liberté Numérique, le documentaire ARTE « Tous surveillés » explique le concept, ou encore le documentaire VOSTFR “Citizen Four”, sur la chaîne иєρтџиє εџκałγρтũş.

Parce que cette surveillance a un impact destructeur sur notre liberté individuelle, et nous atteint dans notre intimité sans que nous en ayons conscience. Sur la chaîne Deepdocs Films, le documentaire « Nothing to hide » se centre sur ce point, et sur l’urgence de la prévention.

Pour résister à la techno-féodalité, se servir de l’outil numérique avec davantage de conscience, et se tourner vers des alternatives. Interview de Yanis Varoufakis : “Le capitalisme est déjà mort!”, sur la chaîne BLAST, Le souffle de l'info.

Parce que le “Doomscrolling” des Médias sociaux incite à la violence. Cesser de scroller les bad news sans distinction participe à sortir du cycle de la violence pour ne pas la reproduire. Voilà un internaute américain qui explique le Doomscrolling en vidéo: “Doomscrolling and the Social Media Hate Machine”, sur la chaîne Distro Tube. (Sous-titré en français).

Savais-tu tout cela? Es-tu prêt à continuer de donner ton consentement, quand on te demande d'accepter les cookies?

-Savais-tu que l'Article 226-16 de la loi n°78-17 du 6 janvier 1978 du Code Pénal stipule que “Le fait, y compris par négligence, de procéder ou de faire procéder à des traitements de données à caractère personnel sans qu'aient été respectées les formalités préalables à leur mise en oeuvre prévues par la loi est puni de cinq ans d'emprisonnement et de 300 000 euros d'amende.” ?

-Savais-tu que tu as un “Droit à l'oubli” pour révoquer ton consentement à fournir tes données personnelles?

Que dire, sur la négligence des GAFAM faute de s'être investi dans la prévention, puisque c'est les assos qui s'en chargent?

Voici les deux ressources principales qui luttent contre les GAFAM, à consulter régulièrement :

DEGOOGLISONS INTERNET! Le lien mène au site de Framasoft, avec une conférence du même nom. “Les géants du web ont une telle puissance qu’ils exercent une domination technique, économique, culturelle et politique sur nos sociétés.

Ces dominations posent de nombreux problèmes pour nos libertés : Capitalisme de surveillance Dérives démocratiques Fermeture sur une seule vision de société Centralisation des données et des attentions”

LA QUADRATURE DU NET “La Quadrature du Net promeut et défend les libertés fondamentales dans l’environnement numérique. L’association lutte contre la censure et la surveillance, que celles-ci viennent des États ou des entreprises privées. Elle questionne la façon dont le numérique et la société s’influencent mutuellement. Elle œuvre pour un Internet libre, décentralisé et émancipateur.”

Divinité associée: Loki, dieu de la ruse, de la métamorphone et de la tromperie, qui sème la discorde et la confusion autour de lui. Il participe aussi à l'avenir des humains en “tissant une partie de la toile” du Ragnarok. (Métaphone purement gratuite)

Ce qui me fait peur, c’est que cette surveillance massive sacrifie l’aide sociale au soupçon de l’État envers la population. C'est le morceau de Keny Arkana « Capitale de la rupture », qui m'a mise sur la piste de cette réflexion :

 
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from Blog d'une enfant de ce siècle

LE NAVIRE DU BEL ESPOIR
Ernesto

21 septembre 2023

Voici un aperçu des 10 jours de stage que j’ai passé avec l’association des Amis du Jeudi Dimanche, avec un résumé du périple (tout est véridique).

Ce séjour d'une semaine à bord du Bel Espoir pour moi, c’était :

Se faire réveiller en sursaut parce qu’on n’a pas vu la veille sur la liste des tâches communes qu’on était de cuisine Se lever chaque matin dans un horizon ouvert sur l’infini Oublier qu’il faut garder le bouchon des tomates pour faire des tomates farcies Prendre de super douches froides avec le sourire aux lèvres Nager dans les yeux de chaque passager qui te raconte son histoire Apprendre à gérer le mal de mer ou le subir en grimaçant comme un chat mouillé Tomber deux fois amoureuse des 6 dauphins qui nagent à 3m de nous sous la proue Pendre tout son poids à la drisse de l’artimon comme pour faire sonner des cloches de cathédrale Tirer le bout en tête de groupe pour hisser La Fortune jusqu’à ne plus avoir de bras Étarquer pour tendre La Trinquette au point de se faire dire « là si on continue on coupe la voile » Serrer les nœuds de taquet autour des cabillauds aussi fort qu’on serre les nœuds de 8 en escalade Lover et ranger le moindre bout qui traîne pour que personne ne se prenne les pieds dedans Tenir la barre pour aller droit contre les courants Affaler les voiles et les plier à six donc pas comme on plie du linge Passer la serpillère en chantant à tue-tête par-dessus le son du moteur parce qu’il n’y a pas de vent Déserter les manœuvres pour aller lire « Bridget Jones » dans le roof alors qu’on n’a pas vraiment lu grand-chose de nouveau depuis sept ans Apprendre à pratiquer la boxe chinoise sur le pont Plonger à la moindre occasion avec les bottes de sept lieues de la mer (les palmes) même quand il n’y a ni sol ni plancton Ramasser sous l’eau un ormeau brûlant de lumière bleue Sauter en trapèze depuis le navire pour se choper une douleur temporaire dans la mâchoire Se tenir debout sur la vergue la plus haute du navire (environ 35 mètres) Rester là-haut pour jouer de la flûte irlandaise assise sur les chouques Finir par monter jusqu’en haut des enfléchures sans regarder où on met les pieds parce qu’on est médusé par la lumière qui tombe sur les tas de poids de chaque côté du navire Pousser des cris d’indien et pleurer parce qu’on est à leur hauteur quand le navire les dépasse comme entre Charybde et Scylla alors qu’on part de la presqu’île de Creuzon Glisser le long d’un bout comme une vraie pirate (avec des gants quand même) Faire corps avec la moindre parcelle du navire de la proue à la poupe de bâbord à tribord et du sommet de l’unier au fond de la coque Sentir la demi-seconde où une grande vague qui vient de face nous garde en suspension dans l’air Se faire tremper les pieds par la houle alors qu’on est sur le pont Être inspirée par la manière dont un capitaine pisse par-dessus bord Dormir dans le filet de la proue Voir son camarade mettre en évidence son derrière en se renversant sur le zodiaque Se rétamer sur les galets en se trempant des pieds à la tête alors qu’on gagne le rivage Se remercier intérieurement d’avoir laissé son portable éteint à bord Se perdre seule à Ouessan et se faire aider par l’interdépendance entre les êtres humains et sa confiance au destin Raconter la légende de la cité d’Ys en pleine mini-randonnée Être initiée par ses camarades aux bases du rugby à l’occasion du match France-Uruguay qui passe sur l’écran d’un bistrot isolé Respirer les pierres de la chapelle de Camarez Initier par accident la première scène ouverte sur le Bel Espoir sans avoir besoin de l’animer Découvrir le son d’un « guitajon » lors d’une kermesse à Tinduff Écouter des contes en breton dans une petite caravane avec des enfants de 4 ans Tenir son journal et son carnet de bord comme un moine Se demander combien tout ça vaut de poèmes S’entraîner à « quitter son ami sans verser de larmes » puis en compter 8 sur ses joues face au large Se réveiller dans sa maison en se disant qu’on a surement encore besoin de bras pour hisser les voiles

Le partage de cette aventure n'est pas innocent. Le nom de ce navire même est une porte ouverte sur l'horizon. Je veux faire connaître les actions de cette association, aux vertues émancipatrices, qui ont aidé tant de jeunes à trouver leur place dans ce monde confus.

Pour faire partie de l’équipage du Bel Espoir en tant que marin ou prendre soin des bateaux, l’association reçoit les CV et lettres de motivation d’absolument tous les profils… Vous pouvez contacter l’association pour avoir plus de renseignements.

 
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from Ma vie sans lui

Je me souviens (2)

Je me souviens de mon premier mot « Désolée » (j’étais en retard), qui fut aussi ton dernier, un peu plus de 4 ans plus tard.

Je me souviens d’avoir posé mon sac à dos et de t’avoir tout de suite serré dans mes bras. Je me souviens de la chaleur de ton corps, déjà, de ton parfum, de t’avoir dit que tu sentais bon et tout de suite après, t’avoir embrassé.

Je me souviens du SDF assis sur le banc non loin de nous qui n’a pas eu conscience d’avoir assisté à la plus parfaite rencontre amoureuse de l’univers.

Je me souviens comme si c’était hier de ce premier baiser, de la douceur de ta barbe, d’avoir ri et continué encore et encore et encore, comme une morte de faim.

Je me souviens de nos langues, de nos corps qui se sont cherchés toute la journée, même à travers les masques qu’il fallait porter à l’intérieur.

Je me souviens de cette journée magnifique, du soleil, du ciel d’un bleu si pur qu’il faisait presque mal aux yeux. Et de tes yeux, justement, verts et remplis d’amour.

Je me souviens de tes mains baladeuses et des miennes qui ne valaient guère mieux.

Je me souviens de nos mots, entre deux baisers, de nos rires, de nos regards vissés l’un dans l’autre, comme incrédules de ce qui était en train de nous arriver.

Je me souviens que nous avons oublié de manger et de boire mais qu’à un moment, la chaleur nous a terrassés et qu’il a bien fallu sortir de notre bulle pour remplir nos corps.

Je me souviens de notre trajet en métro pour te raccompagner à la gare, collés l’un à l’autre, nous embrassant à travers les masques, cela faisait sourire les autres passagers.

Je me souviens aussi que nous sommes arrivés juste à temps pour ton train et que cela ne nous a pas laissé le temps d’être tristes de nous quitter.

Je me souviens encore de la sensation de tes baisers sur ma bouche qui a duré des heures après que tu sois parti, tu étais imprimé sur moi.

Et puis je me souviens de cette attente avant que nous puissions nous retrouver à Paris, à l’occasion d’une escapade. De cette impatience et de cette trouille aussi, à l’idée de nous retrouver tous les deux dans une chambre d’hôtel.

Je me souviens des textos coquins qui entretenaient la flamme, des siestes ensemble mais à distance qui nous laissaient le feu au corps et le ventre palpitant.

Je me souviens du film que tu t’étais fait, nous nous retrouvions Gare de Lyon, sous le panneau des arrivées et c’était comme dans un film romantique, le sacs qui tombaient et les baisers d’amour fou. Et c’est vraiment comme ça que ça s’est passé.

Je me souviens du trajet vers l’hôtel, tu tirais ma valise et nous arrêtions tous les 20 mètres pour nous embrasser.

Je me souviens de la chambre au 7e ciel, de la fenêtre ouverte, de nos corps l’un contre l’autre pour étancher notre faim, notre soif, de cet amour dévorant que nous avons fait pour la première fois, sans même nous déshabiller complètement.

Je me souviendrai toujours de ton regard, intensément vert ce jour-là et si plein d’amour, si plein d’amour.

Je me souviens que nous avons quitté la chambre pour aller dîner, tout de même, de tes doigts emmêlés dans les miens et de ta barbe qui sentait mon sexe. J’avais l’impression que tout le monde savait et je m’en moquais complètement.

Je me souviens de notre première nuit ensemble, dans la touffeur estivale, et de ce petit courant d’air frais qui se faufilait entre mes cuisses ou bien était-ce toi.

Je me souviens de la douche prise ensemble, des rires et des bulles de savon. Je me souviens du petit-déjeuner dans la cour à l’ombre, il faisait frais mais nous avions si chaud, l’un avec l’autre.

Je me souviens des balades dans les rues de Paris, de nos mains collées, nous faisions un détour s’il fallait qu’elles se séparent pour passer.

Je me souviens des photos prises place des Vosges, de mon étonnement en constatant tes choix de prises de vue, d’avoir appris à te connaître encore en te voyant photographier à ta manière des objets étranges, des détails insolites alors que je voyais toujours le tableau d’ensemble.

Et puis je me souviens de la Normandie, où tu m’as emmenée pour me faire une surprise. La plage de Houlgate en juillet, où je n’avais pas le sentiment d’être en vacances mais entre parenthèse. Le vent, la mer, le sel, le sable chaud.

Je me souviens que nous entrés dans l’eau en courant comme des gamins et que nous avons plongé sans savoir si elle était bonne ou pas, nous étions ensemble et c’était la vie en Cinémascope.

Je me souviens de nos baisers dans l’eau et soudain, ce bonheur si intense et parfait que la mer a fait son apparition dans mes yeux. Et tu t’es inquiété et je t’ai rassuré, c’était juste le bonheur, ce truc que j’avais oublié depuis si longtemps et toi aussi.

Je me souviens de notre longue conversation sur la serviette et du coup de soleil monstrueux qui a décoré ma cuisse pendant les 10 jours qui ont suivi.

Je me souviens des crêpes avant de reprendre la route et du trajet de nuit, fenêtre ouvertes sur l’autoroute, musique à fond. J’avais chaud et j’avais froid, j’étais hébétée de fatigue parce que l’amour, ce n’était pas reposant.

Je me souviens de notre arrivée chez toi, de la Maredsous à minuit passé et d’avoir grelotté sur tes draps, à cause du coup de chaleur. Je me souviens de ton lit, pas bien large, dans lequel nous avons vite sombré.

Je me souviens de la fenêtre ouverte et des chants des oiseaux au petit matin, et de toi au-dessus de moi, si doux, si tendre. Je me souviens de ton plaisir et du mien et tant pis pour les voisins.

Je me souviens de ces jours ensemble, comme si c’était hier. Et je me souviens aussi de nos adieux à la gare, plus compliqués que l'autre fois parce que nous ne savions pas quand nous pourrions nous revoir.

Je me souviens avoir regardé s’éloigner Paris, les larmes traçaient sur mes joues des traits parallèles comme ceux des rails. Je me souviens avoir pensé à la chance de connaître un pareil amour et à la malchance de ne pas savoir si cette histoire avait un avenir.

Je me souviens des semaines compliquées qui ont suivi, désormais adultère et enfermée dans un mensonge trop gros pour moi. Je me souviens m’être sentie mal mais pas coupable, est-on coupable d’aimer si parfaitement ?

Je me souviens des coups de fil, instants volés au quotidien pendant lesquels nous refaisions le monde pour ne pas sombrer dans l’incertitude.

Je me souviens du sexe par téléphone, je ne savais même pas qu’une telle chose était possible et pourtant je l’ai faite, c'était doux et naturel, on ne se posait pas la question.

Je me souviens de ma joie quand tu m’as annoncé que tu revenais à Lyon à la fin de l’été pour une journée et de mon embarras quand il a fallu inventer toute une histoire pour justifier de mon absence ce jour-là.

Je me souviens de nos retrouvailles à la gare, tu m’as regardée comme si j’étais la huitième merveille du monde en me disant « Putain, qu’est-ce que t’es belle », comme le personnage de la série « Baron Noir ».

Je me souviens de notre petit-déjeuner en terrasse et de nos regards qui se dévoraient à travers la table.

Je me souviens de notre visite à la maison où Jean Moulin avait été arrêté, de ta main dans la mienne qui se serrait quand le guide nous expliquait et nous montrait les lieux. C’est moi qui avais eu l’idée, parce que tu étais passionné par l'histoire de la Résistance.

Je me souviens aussi avoir réservé un hôtel pour l’après-midi, sans payer par carte pour ne pas laisser de traces et en donnant mon nom de naissance. J’avais l’impression d’être dans un film d'espionnage.

Je me souviens de nos corps qui se retrouvaient enfin et à quoi bon déjeuner alors que nous avions surtout faim l’un de l’autre.

Je me souviens que tu m’as demandé après l’amour si tu pouvais me prendre en photo, nue et que j’ai dit oui tout de suite, alors que je déteste mon corps et que je déteste me faire photographier. Je me souviens de ces photos que j’ai toujours et qui montrent une belle femme radieuse et sensuelle que je ne connaissais pas.

Et je me souviens de ce sentiment de fin lorsque je t’ai raccompagné à la gare, cette fois, nous ne savions pas ce que nous allions devenir. Je me souviens.

 
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