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from Ma vie sans lui

Mourir ? Hors de question !

La semaine dernière, le lendemain de mon anniversaire, je me suis réveillée avec une douleur sourde dans la poitrine. C'était comme si quelqu'un s'était assis dessus et m'empêchait de respirer profondément. Et d'ailleurs, ça faisait mal, d'inspirer. J'ai pris conscience de cette douleur au petit-déjeuner, après une nuit vraiment merdique où je n'avais trouvé aucune position agréable dans laquelle dormir et je me suis donc posée la question : qu'est-ce qu'il m'arrive ?

Un petit tour vite fait sur un moteur de recherche m'a alertée. Douleur thoracique = consulter et vite. Même si ce n'est pas toujours pour une raison grave ou vitale, il faut éliminer ces dernières avant de procrastiner. J'ai donc appelé le 15 et de fil en aiguille, j'ai fini par passer la journée aux urgences de l'hôpital le plus proche pour des examens qui ont révélé une infection du péricarde. Le soir, j'étais rentrée et depuis, je me soigne à grands coups d'anti-inflammatoires.

Ce matin-là, une pensée a traversé mon esprit. Non, plein de pensées, en vrai, mais une tenace : il est hors de question qu'une deuxième personne meure dans cette cuisine. Il est hors de question de mourir pour moi, quels que soient les moments compliqués par lesquels je passe, quelle que soit la tristesse qui est parfois la mienne, quel que soit le manque d'intérêt que j'éprouve pour la vie, il est hors de question que je meure. Je veux vivre.

Et c'est sans doute stupide mais le formuler à voix haute comme je l'ai fait en attendant les ambulanciers, ça m'a aidé à franchir un nouveau cap. J'ai dit à mon amoureux qu'il n'était pas l'heure pour moi de le rejoindre et que cette fois, j'allais m'écouter, écouter ce que mon corps avait à me dire avant qu'il ne soit trop tard. Je lui ai dit que je l'aimais mais qu'il me restait encore des choses à vivre et que je ne lâcherais pas l'affaire.

J'ai beaucoup pleuré dans l'ambulance qui m'emmenait vers la ville voisine. Stress, chagrin, soulagement ? J'ai gentiment craqué, avec la bénédiction de l'ambulancière qui avait l'âge de mon fils cadet. Je me disais que mon cœur avait fini par se briser pour de vrai en mille morceaux sous le chagrin, que la mort de mon amoureux avait fini par me rattraper, moi qui avais l'impression de plutôt bien m'en tirer jusque là. Elle m'a doucement rappelée à la réalité : le chagrin ne part jamais vraiment, on ne se remet jamais vraiment d'un deuil, il ne fait que s'estomper, passer au second plan...

Mon cœur n'est pas cassé. Je ne suis pas cassée. Je suis vivante et je ne veux pas que cela change, mon corps est vivant, il bouge, il vibre, il s'enflamme, il a mal. J'ai signé tout à l'heure le compromis de vente pour la maison que je convoitais. Tout le monde m'a dit “Vous avez eu un “coup de cœur” pour cette maison” et c'est vrai. Mon cœur n'est donc pas cassé, il bat encore et je construis, je fais des projets, je me projette vers l'avenir, j'essaie, en tout cas.

Mon amoureux me manque à en crever, d'accord mais mourir, c'est hors de question !

 
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from Depuis les Gorces

Je me rappelle très bien quand je vivais encore à Lyon, quand j'étais encore étudiante, et que j'étais persuadée d'être une erreur de casting. L'école que j'avais intégrée recrutait des personnes très intelligentes, et j'étais convaincue que ça n'était pas mon cas.

Arrivée à l'ENS par erreur

Après les classes prépa, j'ai intégré l'ENS de Lyon : une école qui avait la réputation de réunir des gens très intelligents. Je suis rentrée très bien classée au concours. Mais très vite, je me suis rendue compte qu'il y avait eu erreur.

Je n'étais pas du tout aussi brillante que certains de mes camarades. J'avais juste beaucoup travaillé et j'avais eu de la chance, mais je n'étais pas particulièrement intelligente. Je le savais déjà car en prépa j'avais réussi mais en travaillant régulièrement. L'ENS me l'a rapidement confirmé : j'avais passé 5 ou 6 heures à essayer de faire le premier de TD de physique statistique, et je n'avais rien compris. Je trainais avec quelques garçons qui n'avaient rien préparé, ou bien juste un peu, et qui avaient l'air de maîtriser.

Pendant ces années dorées (payée nourrie logée pour apprendre), j'ai eu un énorme sentiment de ne jamais être à ma place. Je me sentais nulle, j'avais un bon gros syndrome de l'impostrice.

L'échelle de l'intelligence

J'avais l'impression de partager avec mes camarades une sorte d'échelle d'intelligence sur laquelle on plaçait les gens. On en parlait pas vraiment explicitement, sauf pour mettre en avant une personne vraiment très forte, et systématiquement, c'était un garçon.

Des preuves d'intelligence

Il y avait plein de signes qui montraient qu'on était, ou pas, très intelligent.

Je me rappelle de ce gars qui ramenait le Cohen-Tanoudji (gros bouquin de mécanique quantique avec plein de maths) au foyer, l'endroit où on venait normalement boire des coups et déconner. Si ça se trouve, il aimait lire des trucs compliqués avec un verre de bière et du bruit autour. Mais peut-être qu'il faisait comme ceux qui mettent des gros livres bien en évidence derrière eux quand ils font des visios. En tous cas, moi ça me renvoyait que je n'étais clairement pas passionnée au point d'amener des livres de sciences au bar, et qu'il me fallait un environnement hyper calme, et tous mes neurones, pour ouvrir ce genre de livre, pas comme lui. J'étais donc moins intelligente.

L'autre preuve d'intelligence, c'était de ne pas travailler, et de réussir les examens quand même. Pas de bol pour moi, c'était réellement ce qui arrivait à mon copain. Il venait en cours où il prenait des notes et posait quelques questions, et puis il ne rouvrait jamais aucun cours. Moi j'étais une laborieuse, j'avais besoin de travailler pour réussir.

J'ai compris plus tard que ce n'est pas pareil de grandir avec un père chercheur ou avec une mère psy, d'avoir fait 3 années de prépa ou seulement deux. Et que si j'étais moins forte en maths, c'était parce que c'était une compétence que j'avais quand même moins travaillé. Il m'a fallu des années pour déconstruire le mythe qui dit que l'intelligence qui fait qu'on réussit en maths est un don.

Sexisme intégré

Je me rappelle des discussions pour savoir qui était le génie, la personne ultra brillante, qui aurait dû intégrer Ulm (l'école encore plus prestigieuse), mais qui avait terminé avec nous, et qui serait le Cédric Villani de notre promotion. Les noms qui circulaient parmi nous n'étaient évidemment que des noms de garçons. Je n'ai jamais pensé pendant ces années que ça aurait pu être l'une d'entre nous, l'une des filles.

Pourtant, on avait une femme enseignante qui était vraiment brillante d'après les autres enseignant·es. Mais elle n'était pas une très bonne enseignant·e, et son mari avait l'air encore plus brillant. Il y avait beaucoup plus de légendes sur l'intelligence de son mari, qui faisait de la physique statistique et qui était méprisant, que sur elle qui faisait de la mécanique des fluides et qui était gentille.

20 ans plus tard, la personne qui me semble avoir eu la carrière scientifique la plus brillante du point de vue de la puissance de l'intelligence scientifique de ma promo, c'est une fille que je ne connaissais pas très bien. Elle était discrète, elle était l'une des rares filles à être allée en M2 recherche, et elle est aujourd'hui médaille de bronze du CNRS.

Et aujourd'hui je suis intiment convaincue que les femmes sont aussi intelligentes que les hommes et qu'il y a des tas de chercheuses brillantissimes. Juste, que le monde de la recherche, et le monde de la communication autour de la recherche, sont des mondes extrêmement sexistes. Les femmes galèrent plus pour réussir, et leurs résultats sont moins valorisés que ceux des hommes.

Le culte de l'excellence

Sans le vouloir, l'institution nourrit cette culture toxique.

Classer les élèves

Je pense que les enseignant·es nourrissent cette culture toxique lorsqu'iels pensent qu'il y a réellement un sens à classer les étudiant·es (et non leurs résultats).

Je me rappelle une copine qui est partie faire un semestre à l'étranger. Elle y a eu des meilleures notes qu'à l'ENS. À son retour les enseignant·es de l'ENS ont décidé de lui baisser sa moyenne de quelques points car elle ne valait pas autant. Il était inconcevable qu'elle aurait pu mieux réussir là-bas car elle avait choisi des matières qui lui convenaient mieux, ou parce que les enseignant·es y étaient meilleurs.

Une seule compétence valorisée

J'ai eu l'impression qu'il y avait une seule compétence vraiment valorisée : la capacité à mener des raisonnements calculatoires. Cela renforce l'idée qu'il existe une seule compétence qui vaille, et que c'est l'intelligence qui caractérise la valeur d'un·e élève. Je me rappelle aussi mon directeur de thèse dépité que je n'arrive pas à mener un gros calcul et me dire : « Mais tu n'as pas eu le concours toi ?? ». « Bah si, mais pas grâce aux épreuves écrites 🫣 »...

À l'inverse, je dois reconnaître qu'il y a eu quelques initiatives chouettes pour valoriser d'autres compétences. Je me rappelle ce prof qui nous a dit que l'examen porterait sur notre capacité à comprendre la physique et pas à faire des maths : j'étais super excitée ! Ou ces enseignant·es de M2 qui nous ont interrogé sur un article de recherche et pas sur notre capacité à faire des calculs de bourrin en temps limité. Merci à eux.

La mécanique du jugement

Juger celleux qui sont en dessous

À la différence des maths, quand on dit que Bob est plus intelligent qu'Alice, en général, ce n'est pas neutre. Implicitement, on dit que Bob a plus de valeur qu'Alice. Et puis on va se rattraper en disant que Alice a d'autres qualités hein, elle est très gentille par exemple. (Je hurle intérieurement en écrivant ce paragraphe puant de sexisme).

Or donc, j'ai l'impression que quand on croit que cette échelle existe, et qu'elle compte pour nous définir, on ne veut pas être trop en bas de l'échelle. Du coup, c'est rassurant de juger que certaines personnes sont moins intelligentes que moi. Ça veut dire que je suis plus haut sur l'échelle avec les gens intelligents, non ?

Un mécanisme pervers

Mais ces échelles sont perverses. On n'est jamais tout en haut de l'échelle, on est toujours la nulle de quelqu'un d'autre.

Je pense qu'à cette époque je méprisais celleux que je pensais en dessous, et j'enviais ceux qui étaient au dessus Et je me sentais nulle quand je les regardais. C'était une mécanique vraiment nulle dont je ne suis pas du tout fière.

Je vois encore plusieurs copines qui méprisent vraiment fort les personnes qu'elles considèrent comme moins intelligentes qu'elles. Je suis souvent du côté des personnes qu'elles classent comme “ plus intelligentes”. D'un côté c'est flatteur, mais en vrai, c'est merdique.

  • Ces copines sont souvent condescendantes et parfois maltraitantes avec des personnes qu'elles ne jugent pas assez intelligentes. Et ça me fait mal de voir ça.
  • Et surtout, plus égoïstement, elles sont souvent pénibles avec moi. J'ai l'impression qu'elles cherchent à me montrer mes erreurs, ce que je ne sais pas ou que je n'ai pas compris pour pouvoir m'appuyer un peu sur la tête et monter elles un peu plus haut sur l'échelle.

J'ai réalisé assez récemment que j'appréciais ces copines qui souvent me renvoient une image flatteuse, mais que je suis toujours sur le qui-vive de la remarque passive-agressive bien désagréable. Est-ce qu'on peut avoir une amitié entre deux personnes qui se voient à des places différentes sur une échelle de valeur ? Je n'en sais rien...

Conclusion

Je me suis fait du mal, et j'en ai fait à d'autres en renforçant cette culture toxique de l'intelligence logico-mathématiques. En fait, je suis convaincue que d'en parler et d'expliquer comment cette mécanique du jugement fonctionne aide à s'en défaire.

J'ai vraiment pris conscience en thèse que je jugeais sur l'intelligence, quand j'étais dans un environnement moins toxique, et que j'ai pu constater la diversité des personnes qui faisaient de la recherche autour de moi. Mon parcours en sciences de l'éducation m'a ensuite convaincue que la performance est le fruit d'autre chose qu'une intelligence qui serait innée. Cet article me permet de rajouter une petite pierre pour :

  1. Déconstruire le mythe de l'intelligence scientifique innée. Il n'y a pas de don qui fait qu'une personne devient Einstein. Il y a certes une petite prédisposition, mais c'est surtout : un environnement qui permet de cultiver la compétence parce qu'on a les bons guides, les bonnes lectures, du temps à y consacrer, une bonne santé physique et mentale, etc.
  2. Déconstruire l'échelle de valeur associée à cette intelligence scientifique. Ma thèse m'a appris que la recherche était une aventure collective et qu'il y avait besoin de compétences diverses. Mon directeur de thèse est brillant, mais il n'aurait jamais eu cette carrière s'il n'avait pas été entouré de gens moins créatifs/brillants mathématiquement, mais très rigoureux et très patients. Il y a vraiment besoin de tout un tas de qualités et de compétences très différentes en recherche, et c'est encore plus vrai aujourd'hui.
  3. Nourrir une réflexion plus large sur le poids des jugements de valeur dans nos relations amicales et familiales. Je viens d'une famille grossophobe, classiste, élitiste, sexiste, qui croit en la valeur travail... J'ai mis du temps à voir que j'étais jugeante, à voir que je ne supportais pas être jugée, à comprendre à quel point j'étais construite sur ces jugements. Et à commencer à les déconstruire...

Work In Progress...

 
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from Blog d'une enfant de ce siècle

CELIBATTANT.E

Définition

“Célibataire, déterminé.e et indépendant.e, œuvrant activement à atteindre ses objectifs personnels et professionnels.” Emergeance du terme dans les années 80. Soucre: Lalanguefrançaise.com

Etre célibattant.e à mon sens, est un engagement. Pas celui de finir sa vie seul.e quoiqu’il arrive, ou de se résoudre à vivre seul.e comme une fatalité; juste de préférer vivre seul.e que s’empêcher de s’épanouir au nom d’une relation. On peut être célibattant pour de multiples raisons; avoir été sous emprise d’un.e partenaire et ne plus vouloir s’y retrouver, ne pas vouloir correspondre aux standards du couple, ou tout simplement ne pas penser à l’amour à deux, etc. Un.e célibattant.e peut connaître des relations intimes, mais tant qu’il/elle est célibattant.e, ces relations n’auront pas le cadre d’un couple. Si tant est qu’il/elle envisage de l’être un jour.

Elle a le mérite d’être claire! (Vidéo sur Facebook) Cet extrait vidéo dont je n’ai pas réussi à trouver la provenance est pour moi le cri de la célibataille: un grand Non aux sacrifices qu’impose les standards du couple et du mariage, une volonté de faire respecter ses choix de vie, et de préserver à tout prix son autonomie.

C’est un sujet d’autant plus intéressant concernant les femmes, car il n’y a pas si longtemps, celles qui n’étaient pas mariées ou au couvent étaient considérées comme des prostituées. L’engagement d’une célibattante femme suppose qu’elle n’a pas besoin de se mettre en couple pour trouver son équilibre, pour mener sa vie en toute responsabilité, pour tisser des liens constructifs, et surtout, pour vivre heureuse.

« Célibattante, la solitude assumée – 28 Minutes – ARTE »

Malheureusement, je constate que les chansons sur la célibattante ne sont pas terribles en général! On la dépeint comme une femme seule qui se consacre trop à son travail (“Célibattante” de Dick Rivers), ou se révèle être secrètement en quête d’un mari (“Célibattante” d'Olivier Béganger), ou se résout à la tristesse et cherche “le grand amour” (“Célibattante”, Chanson dont je n'ai pas trouvé l'interprète)… C’est déprimant! Ça manque de respect, de punch, de vitalité. La Célibataille est une bonne nouvelle: celle que la dignité n’a pas de prix, et qu’on peut s’aligner avec une vie pleinement consentie, sans avoir à se sur-adapter, se sacrifier ou changer pour qui que ce soit.

Comme le dit Pauline Clément dans « MOITIE.E.S : Célibattante » sur la chaîne Studio Bagel, « L’homme idéal, c’est quelqu’un de très absent »

Divinité associée: Diane, déesse archère de la chasse et des accouchements, protectrice des bêtes sauvages. Elle a fait voeu de chasteté.

 
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from Depuis les Gorces

Avril 2025, Marine Tondelier est super populaire et vient d’être largement réélue secrétaire nationale des écologistes. Est-ce que que ça annonce des matins verts ?

Se faire élire

Marine Tondelier est super populaire : les gens l’aiment bien, même hors des écologistes : elle est rassembleuse et non clivante. Elle passe bien dans les médias, sa veste verte est devenue une icône. Et pourtant, pour la prochaine présidentielle, les sondages créditent Marine Tondelier de quelques pourcents, 4 ou 5, peut-être à peine de quoi rembourser une campagne.

À l’inverse, Jean-Luc Mélenchon fait figure d’épouvantail même chez nombre de celleux qui croient en ses idées. Pourtant, c’est lui qui a fait le plus gros score à gauche de ces dernières années.

Je déteste infiniment Trump et ses amis fascistes. Ils sont clivants, ils sont adorés et détestés, et ils gagnent un peu partout.

J’ai envie de croire Sandrine Rousseau qui dit qu’il faut de la radicalité aujourd’hui pour être élu·e.

Pourtant, Sandrine Rousseau est très connue, elle fait des plateaux TV et des interviews radio, et elle clive comme personne… Mais au congrès des écologistes, son courant Radicalement Votre auquel j’appartiens n’a pas fait un bon score du tout.

Alors j’aimerais que Sandrine Rousseau ait raison, et que sa radicalité nous fasse gagner des élections. Pour le moment, je n’en sais rien.

Pour faire avancer les idées

Mais ce dont je suis convaincue, c’est que la radicalité nous permet d’avancer dans la bataille des idées.

Marine Tondelier dans les médias

J'ai pris conscience avec le congrès de certains reproches faits en interne à Marine Tondelier. Elle passe beaucoup à la TV ou à la radio, et c'est très bien, mais elle n'arrive pas à faire qu'on y parle d'écologie clairement. On lui reproche une ligne écologique très floue, un « Venez comme vous êtes » qui ne clarifie pas si l'on est pour ou contre le capitalisme, le nucléaire, les OGM, l'IA, les GAFAM, ...

Le débat sur l’aviation

L’aviation est un acquis, un privilège de classe sociale aisée qui ne veulent pas le reconnaître. Un droit au dépaysement, à l’aventure (normalisée) qu’il ne faut pas remettre en cause. Un grand nombre de cadres sup mangent bio, votent écolo, vont au travail en vélo, et partent à l’autre bout du monde en avion plusieurs fois par an.

Un jour, Jean-Marc Jancovici a dit sur France Inter qu’on devrait se limiter à 4 vols en avion dans toute une vie. Ça a fait le tour des médias, c’était ultra choquant apparemment. C’était une opinion radicale et clivante.

Depuis, la question de limiter le nombre de voyage par an est régulièrement discuté. J’ai l’impression qu’on a retenu comme acceptable pour un an ce que Jean-Marc Jancovici proposait pour une vie. C’est loin d’être suffisant, mais Jean-Marc Jancovici a fait tomber un tabou en proposant une mesure radicale.

D’autres positions radicales

J’ai rejoint le courant Radicalement Votre de Sandrine Rousseau chez les Ecologistes car on y défend des positions que les autres disent radicales. En tous cas, on y défend ce qu’on croit sans chercher à édulcorer pour le rendre acceptable pour les gens de droite ou d’extrême droite. On n’est pas dans le compromis avant même de débuter la négociation.

Ma radicalité

Voici quelques positions qui me parlent, je ne crois pas qu’elles soient toutes défendues chez Radicalement Votre, mais la plupart le sont.

  • Régularisons tous les sans-papiers, sans aucune condition. La France est une terre d’accueil, personne ne quitte son pays de gaîté de cœur, et la diversité est une force. J’aime entendre Harmonie Lecerf Meunier défendre cette position haut et fort.
  • Défendons le pouvoir de vivre, pas le pouvoir d’achat. L’objectif de notre société n’est pas que chacun·e puisse consommer, mais que chacun·e puisse vivre dignement. Dans cet esprit, défendons la sécurité sociale alimentaire qui permet à chacun de se nourrir convenablement quel que soit ses revenus. J’ai compris cette nuance entre pouvoir de vivre et pouvoir d’achat dans un discours de Sandrine Rousseau, et j’ai adoré.
  • Défendons une vraie diminution du temps de travail : 3 jours par semaine ?. Il nous faut du temps pour vivre, du temps pour cuisiner, pour cultiver notre jardin, pour aider les autres, pour bouiner et pour rêver. À quoi ça sert d’avoir optimisé tous nos process si c’est pour que nous soyons toustes stressé·es et en burn out à 35 ans ?
  • Refusons toute utilisation des intelligences artificielles génératives, celles qui permettent de piller le travail des illustrateurices et des auteurices, pour produire des illustrations qui se ressemblent toutes bourrées de clichés et d’erreurs, et des textes creux comme un discours de politicien politiquard.
  • Taxons les riches, interdisons les milliardaires. Nous avons besoin d’argent pour préparer le monde de demain, et nous devons le prendre là où il a été injustement accumulé.
  • Ne payons plus de licence microsoft sauf exception pour la fonction publique. Les logiciels libres permettent largement de faire 95% de notre travail numérique. Développons notre indépendance par rapport aux GAFAM, et un autre modèle de société.
  • Imposons des repas végétariens de qualité dans toutes les cantines et dans tous les évènements financés avec de l'argent public, et évidemment dans les évènements des écologistes.
 
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from Un Spicilège

Fragile

Je connais Nicolas Martin essentiellement par son métier de journaliste et de vulgarisateur scientifique : pour l'excellente émission La méthode scientifique, pour le podcast Les idées claires, entre autres. Pourtant, de par mon intérêt pour l'imaginaire français, j'entendais de plus en plus souvent son nom. Et puis je l'ai vu dans des tables rondes, j'ai lu une nouvelle (dans l'anthologie des Utopiales 22) et je me suis surprise à apprécier de plus en plus ses prises de parole et son écriture. C'est tout naturellement, alors, que je me suis intéressée à son premier roman (après moultes nouvelles et quelques essais), paru de plus aux éditions Au Diable Vauvert, gage supplémentaire de qualité.

Dans Fragile/s Nicolas Martin nous plonge dans une société française sclérosée, fascisante, grandement affaiblie par une baisse drastique de la fécondité entraînant des naissances multipliées d'enfants touchés par des polyhandicaps : les fragiles. C'est dans ce contexte que l'on suit l'histoire de Typhaine, qui, avec son mari Gauthier, sont choisis pour participer à un programme de fertilité leur permettant d'avoir un enfant sain. La position de Gauthier, travaillant pour l'État, y est pour beaucoup, et Typhaine ne tarde pas à se rendre compte que le prix à payer pour cet enfant inquiétant est très lourd : surveillance, pressions et mise à l'écart de sa grande fille fragile...

Fragile/s est le parfait titre pour cette histoire. En effet, on dit souvent qu'on peut juger une société à la manière dont elle traite les plus fragiles (et si vous voulez mon avis, cela marche à toutes les échelles : la société, le groupe, la famille, le couple, et même -surtout- l'individu) et Nicolas Martin dépeint admirablement ce qu'il en est pour les régimes autoritaires : au moindre problème, ils s'empressent d'accentuer les pressions sur les plus précaires : handicapés, immigrés, et bientôt les femmes. En faisant de tous ces fragiles le centre de son roman, Nicolas Martin donne la parole à ceux qui ne l'ont pas souvent. Le traitement qu'il fait du handicap (ceux qui me connaissent savent à quel point j'y suis sensible) m'a particulièrement touchée. Le personnage de Typhaine, crucial, lui permet de dresser un portrait de femme absolument superbe. Fragile, elle aussi, mais également farouche, révoltée, résistante. On ne peut que s'attacher à ses combats.

L'écriture de l'auteur est percutante, et ses choix de narration font mouche, en poussant au maximum l'art de faire passer un message sans le dire. C'est original, particulièrement bien trouvé et cela sert impeccablement l'intrigue. La construction du roman est implacable : on ressent l'étau se resserrer autour des personnages jusqu'au malaise. Un seul petit bémol à ce roman remarquable : un élément fantastique supplémentaire à la fin du récit que j'ai trouvé dispensable. Cela n'entache néanmoins en rien la lecture et j'ai refermé Fragile/s notablement bouleversée, me disant que je devais continuer à m'intéresser à la carrière de romancier de Nicolas Martin.


Fragile/s | Nicolas Martin | Au Diable Vauvert

 
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from Blog d'une enfant de ce siècle

TOXIQUE

Définition

-Produit d'origine animale, végétale ou minérale qui provoque l'intoxication, la destruction d'un organisme vivant. -Qui est ou qui contient un poison.

Niko Pekonen,

Tout le monde peut adopter un comportement toxique et insécure, quand il traverse une trop grande intensité émotionnelle. Et ce qui rend les relations si compliquées, c’est que selon l’éducation et les anciennes blessures de chacun, ce qui est toxique pour l’un ne l’est pas forcément pour l’autre. Comme ce champignon, qui est un poison pour l'homme mais pas pour le renard (Photographié par Niko Pekonen).

Ce que je considère comme toxique en général, c’est tout acte qui n’est pas aligné avec le besoin basique d'un individu, jusqu'à lui causer du tort. Ce qui rend le concept encore plus délicat, c'est que nous n'avons pas la même base pyramidale de besoins, les mêmes stratégies pour y répondre, les même limites infranchissables.

Au-delà de ça, il y a des signes reconnus et reconnaissables qui permettent de reconnaître la toxicité. On peut être surpris en faisant le tour du cycle de la violence, en n'y reconnaissant pas seulement les actes de l'autre, mais aussi les nôtres.

Cycle de la violence

Même quand je crois ne pas l’être, si l’autre me dit que je suis « toxique », je n’ai pas d’autre choix que le croire sur parole. Bien qu'il s'agisse d'un qualificatif très difficile à recevoir, se montrer toxique nous arrive plus souvent qu’on ne le croit. Nous sommes tous capables de blesser l'autre, que ce soit intentionnel ou accidentel.

Livre conseillé: “Le jour où j'ai réalisé que la personne toxique, c'était moi” Christine Berrou ISBN: 978-2-412-07025-3

Pour autant, faire mal à l'autre ne signifie pas être mauvais. Il est courant de ne pas percevoir comment soigner le besoin basique de l'autre. Bien souvent la blessure est accidentelle, pour peu qu'on ait de l'empathie. Pour autant, quand je le blesse et que j'en prends conscience, j’ai le pouvoir de m’amender en reconnaissant ma part de responsabilité, en lui demandant de quelle manière je peux le sécuriser, ou en m’éloignant pour ne pas l’envahir.

Conseils sur Youtube de L'Audace d'être soi sur le “Détachement Émotionnel | Comment retrouver votre liberté intérieure”

 
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from Blog d'une enfant de ce siècle

LA FIN D’UN LIEN

Définition de « Fin »

Ce qui constitue la limite d'une durée.

Définition de « Lien »

Au sens figuré, dans l’ordre des rapports humains -Ce qui unit deux ou plusieurs personnes (ou groupes de personnes), établit entre elles des relations d'ordre social, moral, affectif. -Ce qui met dans une situation de dépendance, ce qui contraint, enchaîne, asservit.

Edward Much

La « Rupture » ou « Fin de lien » sont radicaux dans les termes. D’ailleurs, quel lien coupe-t-on? Parle-t-on d’un cadre de relation précis, d’un rêve relationnel qu’on a nourri avec l’autre, d’une emprise?

Du point de vue de l'attachement, certains pensent que quand la relation prend fin, le lien perdure, même quand le contact est rompu. D'un point de vue pratique, il n’est pas rare que le lien ne puisse pas être coupé entièrement. Pour raison de relations communes, de cadre famillial, d’enfants à charge, d’obligations professionnelles, de loisirs communs, les personnes qui ont coupé un lien peuvent se croiser de nouveau.

La nécessité de tourner la page peut être radicale, sans que l'acte le soit. Il y a un équilibre à trouver. Les ruptures les plus brutales peuvent noircir le tableau de toute la relation, même les meilleurs moments, qu’on aurait voulu célébrer pour s’aider à en faire le deuil. Les ruptures les plus alambiquées peuvent laisser zones d’ombres, et suciter le doute sur les capacités de chacun à prendre soin de leurs liens. Les répercussions sur la confiance en soi peuvent être profondes.

Les difficultés et les souffrances peuvent pourtant être minimisées, si la rupture est amenée de manière éthique, et mutuelle. On part du principe qu'une fin de lien tout comme son tissage, ça se fait à deux, que chacun à sa responsabilité à prendre, et le droit de connaître la vérité. Le processus dépend moins pour moi de « capacité » à juger, que de « compétences » à développer.

Faute de savoir comment faire, certains ont recours au ghosting pour se sécuriser et éviter le conflit, ce qui n’a pour conséquence qu’augmenter la culpabilité de la personne qui la subit, et donc engendrer de la souffrance. D'autres ont recours au harcèlement, faute de comprendre, d'accueillir ou d'accepter les raisons de cette rupture. Dans certains cas d'érotomanie ou d'autres troubles relationnels, la difficulté à faire le deuil de la relation n'en est que plus grande.

Faute de savoir comment cadrer un échange, certains gardent pour eux le non-dit qui s’en suit. Ils peuvent alors se renfermer sur eux-même, ou se diriger vers des alternatives, comme la thérapie, le psychodrame (qui demande un cadre très sécurisant, et permet de rejouer en collectif des scènes qui ont été souffrantes pour nous) ou le jeu de rôle de guérison (pratique utilisée en CNV pour s’adresser à un professionnel qui joue le rôle de la personne absente).

Pourtant, il existe un mode d’emploi. Il est ici: « Comment rompre », article de Louise Delavier

Bien sur qu’il ne s’agit pas de s’en contenter, le processus n’est pas si simple. Certaines relations familiales, profesionnelles, amicales ou amoureuses ont été bâties sur des bases si profondes que leur fin met tout en branle.

Livre conseillé: “Le Couple brisé, de la rupture à la reconstruction de soi”, de Christophe Fauré. EAN : 9782226317025

Pour accompagner la fin d'une relation, on peut se faire aider par un professionnel si les enjeux sont trop forts pour nous; un médiateur, ou un facilitateur relationnel. Il est très risqué pour l'entourage amicale de faire appel à un proche pour remplir ce rôle, qui demande des compétences et un recul spécifique aux professionnels. Cela risque de créer plus de confusion que de résolution. Pour autant, comme pour une thérapie de couple, la médiation doit se faire sur un accord mutuel. Si une personne se sacrifie pour faire plaisir à l'autre, elle risque de ne pas y être pleinement disponible.

Issa Padovani aborde aussi la difficulté de la question de la rupture, qu’elle soit amicale ou amoureuse. Notamment le fait que nous seuls avons la puissance de décider quand et si « c’est terminé » pour nous.

Regarder sur Youtube la vidéo d'Issâ Padovani, “Comment terminer une relation?”

Reste aussi à déterminer s’il y a une suite à cette fin; le cadre de la relation va-t-il changer? Les échanges vont-ils perdurer? A quelles conditions? Au bout de combien de temps? Dans quelle intention? Pour répondre à quels élans, quels besoins?

Ce sont toutes ces questions qui restent en suspens après une rupture. Certains y répondent, d’autres décident de laisser le temps décider à leur place. Il n’y a pas de recette magique. Seulement la nécessité vitale de préserver sa santé émotionnelle, en restant à l’écoute de l’autre si chez lui persiste un besoin de dialogue.

 
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from Blog d'une enfant de ce siècle

VIEILLESSE ET DIGNITE

Définition de dignité:

« Sentiment de la valeur intrinsèque d'une personne ou d'une chose, et qui commande le respect d'autrui. »

Du latin dignitas (« mérite, estime, considération, charge, dignité publique, honorabilité »).

A quoi reconnait-on la dignité? A la souffrance subie? Au mérite? A la qualité d’être humain? Au seul fait d’être animé par la vie? A quel état un être vivant doit-il être réduit pour que sa dignité nous touche?

Celle que j’ai le plus côtoyé, c’est la dignité des personnes âgées. En tant qu'aide à domicile, je préserve le secret profesionnel. Mais je suis témointe que la misère qui règne dans la plupart de leurs foyers, n’est pas tant physique qu’affective. Bien sur, certains parviennent à se préserver. Mais l’isolement et l’infantilisation que le grand âge subit sont concrets, et forcent au respect. J’affirme qu’il en existe qui appellent la mort à pleine voix, d’autres qui se la donnent faute d’être entendu, d’autres qui, faute de pouvoir s’exprimer verbalement, l’accueillent le sourire aux lèvres.

Extrait du film « Docteur Patch », réponse du personnage éponyme au Tribunal, au sujet de l'urgence de traiter les malades avec une entière considération, comme les y incite le Serment d'Hyppocrate :

Ce discours est tout aussi valable vis-à-vis du grand âge. Si la mort est une épreuve, elle n’est pas un ennemi à combattre. L’isolement, l’indifférence, l’ignorance en sont. Quant aux êtres qui les subissent, ils méritent la plus grande déférence, quand il s’agit de la manière dont ils souhaitent finir leurs jours.

L’association ADMD lutte pour cette dignité, et accompagne les seniors qui souhaitent abréger leur temps de vie quand ils le souhaitent, avant de perdre tous leurs moyens.

La Ménardière offre un modèle de colocation entre seniors fondé sur le collectif, qui répond à ce soucis de finir sa vie dans un véritable consentement.

Les Maisons des Aidants ouvrent leurs portes à toute personne souhaitant accompagner un membre de sa famille pour ses derniers jours, de près ou de loin. Leur accompagnement est gratuit. Des psychologues y acceptent des prises de rendez-vous pour leur apporter un soutien régulier, et on y propose des ateliers pour favoriser le bien-être.

Les thérapies familiales (exemple : Vue d'Ensemble) proposent une approche systémique avec les familles en conflit, pour favoriser la paix entre chacun quand les enjeux sont trop lourds pour échanger en toute sérénité.

Et pour en finir avec les tabous, voilà un livre qui n'a absolument rien de jeuniste. Qui a dit “Dans l'hiver de nos ans, l'Amour ne règne plus”? (Réponse: Jean-Baptiste Lully dans sa Passaccaille d'Armide, “Les Plaisirs ont choisi pour asile”)

“L'Âge, le désir et l'amour” de Marie de Hennezel EAN 9782266264501

La dignité n’a pas d’âge... Et le désir non plus.

 
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from Sing it out loud, who made us this way?

Il était bien trop tard lui bien trop proche ma bouche trop sèche Pour prétendre à l'imperturbable Et là où devaient se dresser les écailles resserrées d'une rassurante frontière Entre nos étonnements et le reste de l'Univers On a préféré tâtonner -

Et tandis que des ongles autrement stricts En tapotant dissèquent des dictionnaires Cinglant les épithètes On a choisi de balbutier.

Bouche asséchée je suis – j'essaie – ses traces Qui me saisissent et disparaissent. Tant pis je suis apprivoisée, indifférente à toute provenance.

Nulle science ne nous enracinera c'est là sa seule promesse Tant que l'on s'accapare à chaque point d'eau en suspension dans l'espace-temps La bonté vive incapturée de tout geste qui aime qui désaltère Avec une sagesse de cactus à chair sucrée dans un désert de sens.

 
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from Depuis les Gorces

Je suis depuis 2022 sur Mastodon, et j'y suis plutôt pas mal. Je voulais réfléchir sur mon usage de Mastodon car j'ai plusieurs copaines qui ont entendu parler de Mastodon mais qui n'ont pas franchi le pas et qui voulaient en savoir un peu plus. Alors, pourquoi Mastodon ? Pour répondre à cette question, j'ai eu besoin de revenir un peu sur mon histoire sur les internets. Comme ce billet devenait vraiment trop long, je l'ai coupé pour mettre la partie historique de mon usage nombriliste d'internet sur un autre article de blog.

  • Le lien vers le-dit-article quand il sera publié-il-ne-faut-pas-que-joublie
  • Le lien vers mon compte Mastodon parce que c'est peut-être par là qu'il fallait que je commence ?

De Twitter à Mastodon

J'étais bien sur Twitter, bon, yavait bien quelques trucs pénibles comme le harcèlement de fachos, ou le starisme de certaines micro-célébrités du twitterESR. Et puis j'y passais surement un peu trop de temps. Je me rappelle que certaines personnes parlaient déjà de Mastodon, mais ça me paraissait un truc de geek à l'époque et on était jeunes et heureux et insouciant·es... [insert image of a vibrant sunset]

La migration de 2022

En 2022, Musk rachète Twitter et commence à en faire n'importe quoi. Je me rappelle que ça m'avait fâchée, mais je ne sais plus exactement ce qui a été le déclencheur. Je me rappelle aussi que plein de personnes migraient vers Mastodon et donnaient plein de conseils. Ça donnait l'impression que c'était compliqué, un truc de spécialiste. Je me rappelle que le fait de devoir choisir une instance / un serveur était vraiment un point de blocage pour moi. J'ai une tendance à avoir besoin de tout comparer, de tout bien réfléchir quand je dois choisir parmi plusieurs options. Et puis un jour j'ai fait un petit comparatif des instances, et j'ai choisi chapril. Je trouvais le nom marrant, et puis il y avait des personnes que je connaissais qui avaient choisi cette instance. J'ai créé mon premier compte Mastodon. D'ailleurs, j'ai depuis rédigé un article de blog pour présenter différentes instances, et surtout désacraliser ce choix !

Au début, c'était calme

Au début, comme tout le monde l'a dit, c'était calme. Comme il n'y a pas d'algorithme qui te propose du contenu, tu ne vois rien si tu ne suis pas des gens. J'ai donc suivi des gens.

  • J'ai commencé par rechercher les gens que je connaissais de Twitter, à la mano. Maintenant il y a un outil pour faire ça (HelloQuitX je crois).
  • Puis j'ai suivi les gens qui répondaient des trucs marrants aux gens que je suivais déjà.

Et déjà, c'était moins calme 😆. Je suis tombée dans une petite communauté avec un peu le même esprit que sur Twitter, mais en plus bienveillant.

J'ai commencé à pouetter comme on dit sur Mastodon :

Et j'ai commencé aussi à être un peu suivie.

Façonner ma TL

Il y avait beaucoup beaucoup de geeks qui installent des distributions linux et qui font du gravel le week-end dans mon fil.

Comme depuis Twitter je me suis un peu beaucoup sensibilisée aux questions féministes, j'ai décidé d'orienter ma TL (il parait que ça veut dire TimeLine... En gros, les messages qu'on voit sur la page d'accueil de l'application). Voici quelques unes des pratiques qui m'ont aidé à avoir un fil qui me plait pas mal.

Une règle pour “suivre” les gens

Sur Mastodon, c'est classique d'appliquer la règle du “Follow-back” : si tu me suis, alors je te suis. Beaucoup de personnes appliquent cette règle à condition que ton compte ne soit pas vide, que tu aies une bio et un message d'introduction avec le mot-clé #IntroductionFR qu'il est d'usage d'épingler à son profil (le message, pas le mot clé !).

Pour ma part, j'ai décidé de suivre une règle un peu différente pour choisir les comptes auxquels je m'abonne.

  • J'applique la règle Follow-back pour les femmes ou les personnes queer ou racisées,
  • et je ne l'applique pas, ou très rarement, avec les hommes blancs cis. Je vais attendre qu'on interagisse un peu.

Le blocage facile

J'ai aussi pris l'habitude de bloquer très facilement les personnes que je trouve trop désagréables avec des copaines ou avec moi. Le profil type que je bloque, c'est le militant insoumis ou anti-spécistes agressif et condescendant.

Lutter contre le contenu qui ne me plait pas

Quand je vois un contenu qui ne me plait pas, je me demande comment il est arrivé sur mon fil. Trois options :

  1. C'est quelqu'un que je suis. Je mets alors une petite note sur le profil (on a cette option sur mastodon) qui dit : “pénible”. Si quand j'ouvre le profil de la personne, j'ai déjà mis la petite note, alors j'arrête de lea suivre.
  2. C'est un partage de quelqu'un que je suis. Dans ce cas je clique sur le profil de la personne, et je clique sur : Masquer les partages de ...
  3. C'est un hashtag auquel je suis abonnée. Alors je réfléchis... Est-ce que je veux me désabonner de ce hashtag ? Mon cas de conscience actuel est le hastag #Vegan. Plein de recettes chouettes, pleins de militants pénibles.

Afficher du contenu qui me plait

Et pour avoir du contenu qui me plait, je suis certains hashtags : #BiblioDidactique (je crois qu'actuellement j'en suis la seule utilisatrice), #feminisme, #LesEcologistes, #jardinierdudimanche, #bordeaux, #HorsesOfMastodon. En vrai, je n'utilise pas plus que ça l'option de suivre des hashtag car je vais plus sur mastodon pour les interactions entre humain·es que pour suivre des sujets...

Mon usage de Mastodon aujourd'hui

Aujourd'hui, je passe environ une heure et demi sur Mastodon par jour. Je le sais car j'ai mis un bloqueur de temps pour l'application Tusky avec laquelle je vais sur Mastodon sur mon téléphone à 1h30. Je l'atteins environ une ou deux fois par semaine, mais je vais aussi sur Mastodon par mon ordinateur.

Un compte « officiel » et un compte anonyme

En 2024, j'ai changé d'instance, c'est-à-dire de serveur. J'avais envie de me créer un compte un peu plus pro, pour parler à visage découvert, et un compte plus confidentiel, anonyme, pour partager avec un plus petit réseau de trucs plus perso. Pour le compte pro, je suis allée sur l'instance sciences.re car c'est une instance qui regroupe pas mal de scientifiques, et c'est souvent de là où je parle. En vrai, les instances c'est pas si important. J'en ai parlé un peu plus dans un billet un peu plus technique. Ce qu'il faut retenir, c'est que si tu ne veux pas te prendre la tête, tu peux aller sur piaille.fr.

De l'interaction

On ne va pas trop se mentir, quand j'ouvre Mastodon, le premier truc que je regarde, ce sont mes notifications.

  • Ce que je préfère, ce sont les mentions. Ça veut dire que quelqu'un m'a parlé, et que je vais pouvoir répondre. 9 fois sur 10, c'est chouette. Parfois c'est un·e relou·e, mais c'est rare. Donc si tu viens sur Mastodon, viens papoter, ça me fera super plaisir.
  • Ensuite, ce sont les partages. Je me dis : « Chouette, ce que j'ai dit t'a paru suffisamment intéressant pour le repartager ! »
  • Et enfin, les likes / favoris. C'est bien parce qu'on se dit : « Tiens quelqu'un·e m'a lue et me le fait savoir, merci copaine ». On a moins l'impression de parler dans le vide.

J'interagis aussi évidemment en répondant aux messages des copaines qui racontent leur quotidien et qui posent des questions. Et en racontant moi aussi un peu ma vie (ce qui m'amuse ou qui m'énerve)...

Poser des questions

Un truc que j'adore sur Mastodon, c'est de raconter une situation qui m'est arrivée, et de demander aux autres comment iels auraient réagi. Je suis toujours surprise de réparties auxquelles je n'aurais pas pensés. Et puis, c'est marrant de voir comment aurait réagi un homme blanc et ça me décomplexe un peu.

Et je pose aussi des questions sur un peu tout et n'importe quoi #MastoHelp, et j'ai toujours des réponses intéressantes.

  • Qu'est-ce qu'il faut penser de cette nouvelle application de messagerie bretonne treebal qui se dit écolo ?
  • Vous avez des recos de livres sur l'histoire des sciences pour un ado de 14 ans ?

Un peu de distraction de gauchiste

J'ouvre mastodon le matin sur mon téléphone pour me réveiller doucement. Je vois en général surtout des messages de la nuit, donc de ce qui s'est passé aux USA et au Canada, et puis des copaines qui ont mal dormi 😬. Je regarde aussi quasi-systématiquement le soir en me couchant.

Je suis abonnée à quelques journaux comme Mediapart ou LeMonde, ça me fait ma petite revue de presse de gauche. C'est le truc que j'ai oublié de dire depuis le début, alors que c'est l'une des plus grandes qualités de Mastodon : c'est un réseau social de gauchistes 🤩 !

Des recos

Sur mastodon, je me cultive en lisant quelques articles de blogs ou de presse partagés par les personnes que je suis. Et un truc chouette, c'est qu'il y a beaucoup de recommandations ! J'aime beaucoup le Hashtag #VendrediLecture par exemple.

Donc quand je tombe sur une reco qui me parle, je bookmarque. Mettre un signet sur un message (un pouet ou un toot selon les instances) permet de le retrouver facilement plus tard. De temps en temps je parcours mes signets et je mets à jour ma liste de livres à lire et de films et de séries à regarder, et de podcasts à écouter.

Partager mon travail

J'essaie de faire des fils / threads une fois par semaine pour parler un peu de mon travail : les sciences de l'éducation et la formation au sens large. Ça fait un peu partie de mon plan de com' global pour ma petite auto-entreprise, et je publie en général un contenu un peu similaire sur Linkedin et sur Mastodon. Maintenant, comme je le disais dans l'article sur comment quitter Facebook, j'essaie que les infos un peu intéressantes soient aussi dans un article de blog. Parfois, c'est plus spontané, je lis un article, et je partage en utilisant le hashtag #BiblioDidactique. Ou bien je partage juste mon quotidien au travail.

Militer un peu

Je partage aussi autour de mes lectures, ou de ce que j'écris sur les sujets de société qui me tiennent à cœur : le féminisme, l'écologie, la cuisine végétarienne, le numérique hors gafam...

Petite liste de mes plaisirs sur Mastodon

Ça va faire 3 ans que je suis sur Mastodon, et globalement, c'est une plateforme dont je suis très contente. Je voulais faire une petite liste à la Prévert des petits plaisirs de Mastodon :

  1. Pas de publicité. C'est con à dire mais c'est vraiment trop bien. Je vis à la campagne, je surfe sur Mozilla avec un bloqueur de pub, et je traine sur Mastodon. J'ai perdu l'habitude d'être agressée par de la pub non sollicitée partout et ... pffff... c'est BIEN.
  2. Des copaines. Sur mastodon on peut vraiment se faire des copaines, voir même des amies. On se soutient, on s'écoute, on se rend des services. C'est ... bien 🥰.
  3. De la bienveillance et de l'humilité. Alors oui, ya du mansplaining et de la pureté militante : ça reste un réseau social avec beaucoup d'informaticiens ou de cyclistes hommes blancs ou de vegan hommes blancs, mais globalement, il y en a beaucoup qui sont éduqués sur ces questions. J'ai souvent lu : « est-ce que tu écris pour avoir du soutien ou tu souhaites avoir aussi des conseils ? ». Ou bien « Tu en sais probablement déjà beaucoup sur le sujet, mais ... ».
  4. De la poésie et un peu de beauté. Ce n'est pas du tout ce que je venais chercher, mais #FleurisTonFil, #SilentSunday, #Caturday sont des hashtags qui font du bien à ton fil. J'ai par contre masqué #Mastobada 😬.
  5. De l'humour et de la rigolade. On cite évidemment la grande Scu , mais j'aime surtout les échanges de pouet où on enchaîne sur des mauvaises définitions d'un mot, ou bien le hashtag #Ironeme où l'on détourne des expressions toutes faites.
  6. Une fenêtre d'overton enfin tirée à gauche. Ya plein de gens très engagés sur Mastodon. J'ai l'impression que les gens passent leur vie en manif (ou à faire du vélo), à lire des livres féministes trop intéressant et à cuisiner vegan. Parfois c'est un peu pénible car certains sont assez Yakafokon ou pureté militante, mais au quotidien, ça fait quand même du bien. Ça change de Linkedin on va dire.
  7. Il n'y a pas une infinité de messages à lire, au moins sur mon fil principal. Alors je mets cet argument à la fin car c'était surtout vrai à mes débuts sur mastodon. Au début, comme tu ne suis qu'un petit nombre de personnes, bah il n'y a qu'un petit nombre de messages à lire. En 20 minutes, pouf, j'avais tout vu. C'est beaucoup moins addictif que les réseaux sociaux à algorithmes et j'aimais beaucoup ça. Sur mon compte, pro, ça n'est plus du tout le cas. C'est aussi pour ça que je me suis recréé un petit compte anonyme pour n'y suivre pas grand monde, et retrouver ce côté fini.

To be continued...

#FediTips

 
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from Depuis les Gorces

L'une des difficultés quand on rejoint Mastodon, c'est de choisir une instance. C'est d'ailleurs un truc qui m'a retenu de franchir le pas au début 😔. Mais en réalité, le choix de l'instance n'a pas énormément d'impact sur mon usage de Mastodon.

Qu'est-ce qu'une instance Mastodon ?

Capture d'écran de la vidéo de présentation de mastodon avec 3 îles avec 3 mastodon dessus qui disent : mon site mes règles.
Extrait de la vidéo d'introduction à Mastodon par FediVideo
Une instance Mastodon, c'est un peu comme un fournisseur de mail. Vous pouvez aller chez Gmail qui est gratuit et se nourrit de vos données, ou payer un service chez zaclys ou infomaniak. Ou bien vous pouvez utiliser le système de messagerie que votre entreprise paie pour vous. Où que vous alliez, vous pourrez communiquer avec toutes les autres personnes qui ont une adresse mail.

Pour les instances mastodon, c'est un peu pareil. Mastodon est un logiciel qui permet de faire du micro-blogging comme Twitter. N'importe qui (enfin moi je saurais pas faire techniquement) peut prendre un serveur (c'est-à-dire un ordinateur relié à internet en gros) pour y installer le logiciel de Mastodon. Plus il y a de membres qui se créent un compte sur cette instance, plus il faut de place sur l'ordinateur-serveur.

Mastodon est une sorte de logiciel. Ainsi, la personne qui installe Mastodon sur son serveur peut décider de changer certains paramètres. Par exemple, sur sciences.re j'ai le droit à 5000 caractères (c'est beaucoup trop), et je ne peux pas utiliser de markdown 😔. Mais j'ai les emoji canard de Anouk Ricard pour dire qu'il ne faut pas écrire n'importe quoi. Il y a aussi certaines instances qui limitent la durée de vie des messages pour éviter de trop saturer le serveur. Moi j'ai réglé l'effacement de mes messages au bout de 6 mois, je trouve ça pas mal en fait d'avoir le droit à l'oubli numérique...

Chaque instance est géré par une personne ou une petite équipe de bénévoles (comme sur un forum), ou par une organisation (ONG, association, parti...). Du coup, les règles d'utilisation varient, comme sur les forums.

  • Sur mastodon.social, il n'y a quasiment pas de modération, sur d'autres serveurs elle est très forte.
  • Sur eldritch.cafe (et d'autres) la modération est très active, et l'équipe de modération a choisi de bloquer le serveur mastodon.social car il était trop mal modéré et qu'il y avait trop de gens pénibles voir harceleurs là bas.

Enfin, comme une instance, c'est un serveur, c'est-à-dire un ordinateur qui est allumé et connecté à internet en permanence, il faut de l'argent pour le financer. Plus il y a de monde sur l'instance, plus cela coûte d'argent à maintenir. Un grand nombre des instances de Mastodon sont le fait de particuliers ou d'association. Il est donc bienvenue de participer une fois par an (ou tous les mois) à la campagne de dons 😉. Rien d'obligatoire mais comme il n'y a pas de pub, et que nos données ne sont pas revendues, il n'y a pas de revenus automatiques... Ah, et on me signale dans l'oreillette aussi que quand on va sur une petite instance (pas beaucoup d'utilisateurices), il y a un risque un peu plus élevé que la personne qui gère l'instance se fatigue, ou finisse par manquer de moyens, et ferme un jour son instance. Normalement ça se passe intelligemment, et chacun·e a le temps de migrer. Et la migration c'est facile, confère le dernier paragraphe de ce billet.

Les différents fils d'actu sur Mastodon

Sur Mastodon, il y a 3 fils d'actualité :

  • Ton fil (Home), avec les messages uniquement des personnes et des hashtags que tu suis, dans l'ordre chronologique. Perso, c'est le seul fil que je regarde.
  • Le fil local, avec les messages de toutes les personnes qui sont sur ce serveur, dans l'ordre chronologique.
  • Le fil global, qui ramène des messages de tous les serveurs/instances. Je n'y vais jamais, je n'ai aucune idée de comment ça marche.

Comme je ne vais quasiment que sur mon fil, je ne vois pas particulièrement les messages des personnes de mon serveur...

Petit panorama subjectif des instances mastodon

Voici une liste d'instances que j'aurais aimé avoir au moment de me créer mon premier compte sur Mastodon car c'est comme devant un magasin de glaces, plus il y a de parfums, moins je sais ce que je veux prendre 😬.

En réalité, comme je le disais plus haut, le choix de l'instance n'a pas beaucoup d'importance. Ça joue un tout petit peu sur l'image que vous donnerez aux autres, un peu comme avec les mails. Quand vous êtes chez gmail, c'est assez neutre et mainstream. Votre adresse neuf ou yahoo.fr est vintage. Écrire avec une adresse d'entreprise (@monentreprise.fr) c'est corporate. Et enfin, écrire depuis protonmail ou zaclys, ça fait un peu militant·e. Choisir son instance, c'est un peu pareil.

Si vous hésitez, je vous recommande piaille.fr, ça me semble l'instance la plus neutre et la plus généraliste 🤔. Sinon, voici quelques infos totalement subjectives en plus !

Les instances grand public

  • Mastodon.social : c'est la plus grosse instance de Mastodon. Du coup, la modération est pas top, il y a plein de relous, et certaines autres instances ont décidé de bloquer mastodon.social (et donc de ne pas voir ce qui y est posté). Je crois qu'on peut contourner ça pour voir les messages d'une personne en particulier, mais je ne me suis pas assez renseigné et je ne sais pas faire. Globalement, on déconseille d'aller là-bas.
  • Piaille : C'est l'instance francophone grand public. Plutôt bonne ambiance, des gros comptes et des petits comptes. Si vous n'avez aucune idée d'où aller, je dirais chez Piaille c'est une bonne option.

Les instances de scientifiques

  • sciences.re : c'est là où je suis allée, c'est un serveur qui se propose d'accueillir la communauté scientifique francophone.
  • fediscience.org : l'un des serveurs pour scientifiques du monde entier
  • universites.social : un serveur pour les personnes du monde universitaire français (je crois qu'il faut une adresse académique pour y ouvrir un compte).
  • mathstodon.xyz : pour les fans des mathématiques qui veulent écrire des équations dans leurs pouets
  • scicomm.xyz : pour les personnes qui aiment la vulgarisation scientifique

Les instances de geeks

  • pouet.chapril : c'est le mastodon des défenseur·ses du logiciel libre. Parfait pour parler de framasoft, des alternatives à Word et microsoft office et tous ces sujets.
  • mamot.fr : le mastodon de l'association la quadrature du net qui milite pour un internet neutre et de qualité.
  • Framapiaf : c'est le serveur mastodon de la super association Framasoft grâce à qui on a les Framadates et les Framapads. Si j'ai bien compris, ces deux dernières instances ne veulent plus trop de nouvelles inscriptions pour rester à une taille gérable.

Les instances de passionné·es

  • masto.bike : il y a des adorateurs·trices de la bicyclette sur toutes les instances mastodon, mais particulièrement sur masto.bike !

Les instances de militant·es

  • climatejustice.social : le nom parle de lui même, un repaire d'activistes pour le climat !
  • eldritch.cafe : le mastodon qui lutte pour les valeurs queer, LGBTQi+ etc. Plein de personnes intéressantes, une modération très active .. Et des personnes parfois trop “pureté militante” à mon goût. J'ai bloqué plusieurs personnes de ce serveur. Et j'adore en suivre d'autres.
  • Mastodon.partipirate.org : pour les militant·es du parti pirate

Les instances par territoire

  • mstdn.ca : le mastodon des canadiens
  • bzh.social : pour les adorateurs·trices de la bretagne !
  • bdx.town : pour les bordelais

Les instances par employeur

  • Colter.social pour les agent·e·s, services et élu·e·s des collectivités territoriales françaises.
  • mediapart.social pour les pigistes et les comptes de Mediapart

Dans cet espris, je rêverais qu'au parti les écologistes on ouvre notre instance...

Changer d'instance

La dernière chose à savoir, c'est qu'il est plutôt facile de changer d'instance. Il y a plein de tutos sur internet, et plein de gens sur mastodon qui sont trop contents de pouvoir t'aider à le faire. En gros tu gardes :

  • Tes abonnements
  • Tes abonnés
  • Tes paramètres pour ton fil d'actu (les comptes bloqués, les mots dièse cachés etc)

Mais tu perds tes messages. En fait tu peux télécharger une archive avec tous tes contenus, mais tes anciens messages n'apparaîtront pas sur ta nouvelle instance. Tu peux par contre laissé en mort-vivant ton compte précédent pour permettre de relire tes pouets passés.

Conclusion

J'espère que ces histoires d'instances sont plus claires. Le take-home message c'est qu'il ne faut pas trop se prendre la tête pour choisir. Dans le doute, partir sur une instance neutre et bien installée comme piaille.fr, il sera toujours temps de migrer un peu plus tard 😉.

PS

  • On me souffle sur masto que « le contournement d'une instance bloquée, peut toujours se faire en consultant les messages publics de l'instance (comme un site web), voir s'abonner aux flux RSS, mais on ne verra pas les messages directs ou limités. »

#Numerique #QuitX #QuitGAFAM #FediTips #QuitMeta

 
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from Blog d'une enfant de ce siècle

POLYAMOUR
Ernesto

Cet article issu de LGBT-FRANCE.COM te permettra de découvrir le concept du polyamour.

Le mouvement polymaoureux, à mon sens, implique avant tout une lutte de valeurs.

◦ Une lutte contre quoi ?

Contre l'exclusivité du modèle de la famille nucléaire (Ce à quoi les médias, les publicités et les traditions nous incitent), sous pression de ce qu'on appelle l'“ascenseur relationnel” (étapes successives de la rencontre, puis des fiancailles, du mariage, du concubinage). Je précise que je ne rejette pas la monogamie en soi, simplement le fait de l'ériger comme seul modèle de relation intime, aux dépends des autres possibilités.

Socialement, l'exclusivité de ce modèle peut réduire tes rapports femme-homme à la recherche d'une moitié à ne plus quitter de ta vie, au risque de lui sacrifier le soin de tes propres besoins, même si le partenaire n'y est pas ou peu disponible.

La projection de ce modèle sur l'autre comporte aussi un autre risque : celui t'enfermer dans une routine, ou des contraintes qu'il est difficile de briser. Et pas seulement pour cause d'un acte fort comme le PACS, les fiançailles, le mariage ou la prise en charge des enfants.

Ce titre de Neimad, “Roméo ne kiffe plus Juliette”, renommé “La Routine”, en traduit dramatiquement le processus :

Neimadofficiel · <a href=“https://soundcloud.com/damien-remon/la-routine-instru-romeo-kiffe-juliette-grand-corps-malade" title=“Roméo ne kiffe plus Juliette (instru : S Petit Nico – Grand Corps Malade)” target=”blank” style=“color: #cccccc; text-decoration: none;“>Roméo ne kiffe plus Juliette (instru : S Petit Nico – Grand Corps Malade)

Ce que j'observe, c'est qu'elle peut directement partir du concept même de “Couple”. “Le couple référentiel qu'on admire” selon les termes de Lucchini, est souvent assimilé à une stabilité affective qui n'est pas garantie pour autant, sous prétexte qu'on y soit. Etre en couple “stable” suppose implicitement d'y rester aux dépends du reste, et ce qu'importe la situation de chacun, au risque de s'éloigner de ses amis, son travail, ses loisirs, ses ambitions politiques, personnelles ou spirituelles...

Le polyamour ne vise qu'à ouvrir le champ des possibles aux personnes qui cherchent une autre stratégie pour s'épanouir dans leurs relations intimes, sans avoir à sacrifier leurs aspirations.

◦ Définition de “Couple”

Je cite le CNRTL : “Du lat. class. copula « lien, chaîne; groupe de deux personnes liées par l'amitié, l'amour » lat. impérial « groupe de deux choses ».” (Chose comique, le premier sens publié sur le CNRTL c'est deux chiens attachés ensemble, ce qui est loin d'être enviable)

Derrière ce mot plane souvent l'idéal des âmes sœurs, qui est tellement présent dans notre imaginaire collectif qu'on ne compte plus les fictions à son éloge.

Mais l'origine mythologique des âmes sœurs n'a rien de romantique. Il s'agit du mythe grec de l'Androgyne, amené par Platon, dans lequel les dieux imposent la séparation de créatures siamoises comme une punition, une malédiction qui les voue à la souffrance.

Ce mythe a pu aussi influencer Jean Giraudoux. Dans sa pièce Ondine, il exprime l'impossibilité de l'amour pur sur ce modèle, faute d'être à échelle humaine. On le voit spécialement dans le passage sur les chiens de mer, espèce exemplaire en matière de loyauté dans le couple.

Lire Ondine de Giraudoux N.ISBN 978-2035909602

Regarder l'extrait “Ondine – Les chiens de mer – Jean Giraudoux”, joué par TRICHE! de manière savoureusement absurde.

En tant qu'outil, le polyamour n'a pas le pouvoir de briser des couples. Ce qu'il brise, c'est l'exclusivité de son modèle pour en proposer une alternative.

De la même manière, le PCRA (Plan cul régulier affectif) est une recette alternative à celle des relations de couple, sans pour autant avoir le pouvoir de dégrader ceux qui s'en réclament.

Regarder la Vidéo YouTube “Le PCRA (feat. ANTHONY LASTELLA) – Parlons peu...” sur la chaîne Parlons Peu mais Parlons

◦ Quand est-ce qu'on se dit polya?

Je dirais que tu es en polyamour, quand tu es capable d'éprouver un attachement, une affection profonde et des sentiments pour plusieurs personnes en même temps. Si on entend le pratiquer, il s'agit de se projeter avec l'une comme l'autre dans le cadre d'une intimité, physique et affective, séparément ou collectivement.

Pour des questions éthiques, cel.le.ui qui s'engage dans le polyamour (en entretenant plusieurs relations intimes en même temps) ne peut le faire qu'en étant transparent sur sa démarche avec les personnes concernées, et avec leur consentement clair et positif. Difficile de le faire sans une remise en question constante de sa communication, et une énorme clarté quant à ses limites personnelles et ce qu'on désire vivre avec chacun.

◦ Se qualifier de polya?

L'adjectif “polyamoureu.x.se” n'est pour moi qu'une stratégie pratique, pour celleux qui veulent s'identifier comme appartenant à cette communauté.

Prononcer le terme “amoureu.x.se” fait souvent sortir les violons pour idéaliser ou décrier le fait de se donner de l'affection, ce que je refuse. Je considère qu'il s'agit avant tout de se choisir soi-même pour connaitre ses limites et ses désirs, avant de choisir en conscience le mode de relation qui nous correspond, que ce soit la monogamie ou le polyamour. “Aimez-vous juste normal.” (conseil de Solangeteparle dans sa vidéo YouTube “Je ne suis pas une amoureuse”)

Pour ma part, je préfère le terme “polyaimant.e”, car à mon sens, celui de “polyamoureu.x.se” implique un rapport passif à l'amour. Je suis convaincue que l'amour que chacun a la capacité d'exprimer est actif, et de plusieurs manières. Le mot “aimant” suggère cet acte d'aimer à travers son suffixe “ANT”, sans pour autant supposer de confusion avec l'adultère des “amants”.

Cette réflexion m'est venue en lisant Gary Golemann, Les 5 Langages de l'amour. N.ISBN 979-1028500788

◦ Confusions

Le polyamour n'est donc rien pour moi, en dehors d'une manière d'appréhender ses relations intimes.

J'observe pourtant qu'une vague de confusion déferle sur internet en réaction à ce mouvement. Certains confondent les polyamoureux avec les libertins ou les nymphomanes, d'autres les qualifient de malsains, pensent qu'ils ont du temps à perdre pour engager plusieurs relations en même temps, ou qu'ils voleraient les conquêtes des monogames puisque ces derniers ont eux-mêmes leurs propres difficultés à construire une relation.

La meilleure manière de faire connaissance avec le concept n'est pas de les insulter sur les réseaux, mais de venir à la rencontre de leur communauté en toute humilité.

C'est possible sur Nantes à La Maison Café, 19h50 tous les premiers lundis du mois (sans thématique) et tous les troisièmes mercredis du mois (dans le cadre d'un sujet à débattre). Que tu te réclame du polyamour ou que tu y sois confonté, polyacceptant ou simplement curieux du concept, tu y seras accueilli sur des principes de mixité, de respect et de confidentialité.

Rejoindre le groupe (que ce soit en presentiel ou sur facebook, par exemple sur le groupe Café Poly Nantes) demande d'être en accord avec les règles établies en amont.

 
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