BlogZ

Lectures

Les derniers billets publiés sur BlogZ

from Depuis les Gorces

Chaque été, j'essaie de sortir des essais pour lire quelques romans. Comme je ne fréquente plus trop de bibliothèque (c'est mal), j'aime bien demander des recommandations aux copaines de mastodon. Cette année, j'ai eu une tonne de recommandations. Alors je partage !

Quelques recos de lecture

J'ai demandé des romans, plutôt écrit par des autrices, et qui plombent pas trop le moral.

Post by @AudeCaussarieu@sciences.re
View on Mastodon

Des recos en vrac

  • Indiana, de George Sand. Ça tombe bien, je n'ai jamais rien lu de Georges Sand.
  • Un psaume pour les recyclés sauvages de Becky Chambers. « Je l'ai lu dans une période de ma vie assez dure et cela m'as mis du beaume au Cette oeuvre a résonné avec moi car lae héroîne commence son parcours avec une question que je me posais moi même. C'est un roman court et doux. » nous dit Cafou. Et plein d'autres mastonautes recommandent cette autrice même si je ne suis pas super adepte de SF.
  • Les voyageurs de Becky Chambers, ce coup-ci recommandé par @Julie
  • La Maison de Lou Andreas-Salomé est recommandé par @Now@n.
  • Goliarda Sapienza
  • La maison mitoyenne de Emily Eden il y a peu. C'est vraiment drôle, et j'imagine que ça se trouve facilement en ebook ; recommandé par @Georgia_Soupault
  • SCUM manifesto de Valérie Solanas. Pas un roman, mais a priori, ça a bien fait marrer @Krhys
  • Alors c'est bien de clémentine Melois, un livre qui a bien fait marrer @Julie qui malgré que ça parle de la mort de son père, et que c'est donc quand même pas mal bouleversant reste joyeux et fantasque.
  • La formule préférée du professeur de Yôko Ogawa, toujours une reco de @Krhys
  • Rosa candida d'audur ava olafsdottir ; reco @Julie
  • Le mec de la tombe d'à côté de Katarina Mazetti, toujours dans les recos de @Julie
  • La Maison des Jeux de Claire North. Une reco de @Blaptist : “c'est une trilogie donc chaque roman fait moins de 200 pages (il y a aussi Sweet Harmony qui est très bien mais qui met un peu le moral dans les chaussettes)”
  • Dieu, le temps, les hommes et les anges de Olga Tokarczuk. Une reco de @Bouvardetpecuchetsuite de petits textes de 2 à trois pages qui suivent tout un village sur 2 siècles, il y a même des passages racontés depuis le point de vue d'un chien ou d'un arbre.
  • Eden, de Auður Ava Ólafsdóttir, recommandé par @Timothée C
  • La Danse des Flamants Roses de l'autrice palestinienne de Montréal (QC) Yara El-Ghadban, une recommandation de @Natacha : Une utopie qui se déroule sur la mer morte parmi les survivants hétéroclites de la maladie du sel, et ceux qui sont nés après l'épidémie.
  • Le prieuré de l'oranger de Samantha Shanon, Une reco de @Nicolas Holzschuch : “C'est de la fantasy, il y a des dragons, des épées et des royaumes interdits. Un des rares romans à mentionner la différence entre dragon occidental (grandes ailes, méchants) et dragon oriental (corps allongé, gentil).”
  • Journal d'un assaSynth de Martha Wells. Une reco de @Nicolas Holzschuch : “c'est de la science fiction mais surtout l'histoire d'un personnage neuro atypique.”
  • la biographie de Balzac par Titiou Lecoq. Elisabeth nous dit que ça l'a fait beaucoup rire. Et qui ne veut pas rire l'été ?
  • Une époque formidable, toujours de Titiou Lecoq. Ce coup-ci la reco vient de Nyafox qui recommande aussi :
  • Déracinée de Naomi Novik. “J'y ai vraiment trouvé des trucs intéressants, avec de la sororité entre les héroïnes, de la magie originale et une touche de folklore polonais.”. Et comme je disais que bon, moi la magie, les sorciers tout ça c'était pas trop mon truc. Nyafox m'a fait un petit cours du 101 de la fantasy féministe moderne :

La fantasy aujourd'hui, grâce à certaines autrices, c'est féministe (Naomi Novik), c’est LGBT et pop culture (Erin Morgenstern avec la Mer sans Etoiles), et l'héroïne n'a pas tjs 17ans (Ursula Vernon avec Nettle and Bones). Il y a des contes qui sont chouettes aussi: “Floralinda and the forty flight tower” qui pose la question de ce que va faire la princesse si les princes ne viennent pas la libérer. Tout un monde inconnu du grd public français

  • Le temps de l'innocence et Sur les rives de l'Hudson de Edith Wharton qui est recommandé par Colin Sidre qui selon est un bon choix si on a bien aimé Jane Austeen.
  • La ville peu de temps après, de Pat Murphy. Le choix de Air : “ C’est intelligent et humaniste. Tu finis la lecture requinquée et avec un sentiment d’espoir.”. Ça donne clairement envie !
  • Je pleure encore la beauté du monde de Charlotte McConaghy, qui est un coup de coeur pour Clochix : L’histoire d’une biologiste qui participe à un programme de réintroduction de loups en Écosse. Il y a de la violence (sexuelle et physique), mais ça raconte surtout l’amour d’une femme pour la nature et sa sœur, donc je ne l’ai pas trouvé déprimant.
  • Métaphysique d’un vampire de @Jeanneadebats qui est sur Mastodon ! Un bon critère ça non ?
  • Wild de Cheryl Strayed, J'aurais du faire un paragraphe avec toutes les recos de Julie : “En gros une femme en crise existentielle qui va faire un des sentiers de rando les plus difficiles au monde en se disant qu'avec ses tongs ça va marcher, c'est très léger comme écriture et franchement j'ai trouvé la narratrice attachante.
  • Un monde à refaire, de Claire Deya. Une reco de Jocelyn : “Le contexte est …compliqué, les mois qui suivent la libération en 44-45, du coup le côté humaniste malgré tout me fait un effet plus positif qu'une histoire “feel-good” qui nierait simplement la réalité.
  • Le Merveilleux Voyage de Nils Holgersson de Selma Lagerlöf vaut un mois de vacances à lui tout seul, nous dit Pierre
  • L'arbre à pain, de Célestine Hitiura Vaite. Une reco de Mars Perrard : “Ça se passe à Tahiti, et ce sont de courts chapitres, un peu format chronique, sur le quotidien d'une femme, son mec, leurs familles... C'est léger, étonnant (quand, comme moi, on ne connait pas du tout Tahiti) et émouvant, sans jamais être plombant. Le bouquin est gros mais ça se lit très facilement.
  • Les mémoires d'Hadrien, de Marguerite Yourcenar : ni optimiste ni pessimiste, ou de la sagesse stoïcienne (quoique teintée de mélancolie) servie par une langue sublime, sans rien n'a ôté ni à ajouter selon Olivier Lavoisy
  • Les femmes n'ont pas d'histoire d'Amy Jo Burns
  • Viendra le temps du feu de Wendy Delorme, post apo féministe
  • Les reco d'Antoine Chambert-Loir :
    • De pierre et d'os de Bérengère Cournut,
    • Moi, Tituba, sorcière noire de Salem de Maryse Condé,
    • Dans la forêt de Jean Hegland,
  • Dire Babylone de Safiya Sinclair, autrice jamaïcaine, que Amélie vient de découvrir. Tituba est magnifique mais pas vraiment bon pour le moral...
  • le cycle de Terremer de Ursula K Le Guin
  • C'est comme ça” de Auriane Velten

La liste de Flora

Comme Flora c'est une copine de la vraie vie, et qu'elle m'a fait une palanquée de reco, elle a le droit à son petit paragraphe. Avec les mêmes critères que les miens, sa super libraire lui a recommandé :

  • Le chant de la rivière de Wendy Délire
  • L'octopus et moi de Erin Hortle ( décrit comme une pepite par la libraire)
  • L'automne est la dernière saison de Nasim Marashi

Et comme on aime les mêmes livres, elle me recommande :

  • Kiff Kiff demain de Faiza Guene.
  • Dans la forêt de Jean Hegland.
  • Consumée de Antonia Crane. Le sujet semble lourd mais c'est aussi léger et drole
  • Pourquoi pas la vie de Coline Pierré
  • L'heure des femmes de Adèle Breau.
  • La fille de Lake Placid de Marie Charrel. Lui il ne fait pas l'unanimité au club book
  • Nos puissantes amitiés, d'Alice Raybaud.
  • L'art de la joie de Goliarda Sapienza. Lui je l'ai lu il y a presque 15 ans, mais j'en garde un super souvenirs.

C'est la fin

Bon, ya clairement trop de livres pour que j'en rajoute d'autres à la suite (même si j'avais prévu au départ...). Un jour je ferai une liste avec les livres que j'ai adorés et que je recommande. Mais ça ne sera pas aujourd'hui !

Au fait, si vous vous posez la question, j'ai commencé par acheter en ebook pour mon voyage en train d'aujourd'hui : * Indiana, de George Sand. C'était l'option culture gé. * Honoré et moi, de Titou Lecocq. Petit biais car je connais déjà l'autrice, et il y a eu 2 amies à en dire du bien. * Un psaume pour les recyclés sauvage car j'ai cédé à la pression populaire de lire au moins un livre de Becky Chambers.

Et j'ai encore rien eu le temps de lire car ça m'a pris la moitié du voyage d'écrire ce billet. La fausse bonne idée !

#VendrediLecture

 
Lire la suite...

from Depuis les Gorces

« Ce qu’il faudrait c’est que la gauche soit capable de créer des nouveaux récits qui donnent envie. » J’ai entendu cette phrase mille fois, je me suis dit que c'était peut-être vraie. Maintenant, je sais que cette phrase est fausse.

Une société qui n’est plus désirable

Il n’y a pas besoin de lire le livre de Sandrine Rousseau (mais c’est très bien de le faire) pour constater que notre modèle de société n’est absolument pas désirable. Le travail abîme les ouvriers comme les cadres. Il n’y a plus d’ascenseur social. Notre système d’agriculture agro-industriel nous donne diabète et cancers. Et notre planète se réchauffe à un rythme qui met en danger des milliards de personnes.

Le dogme de l’efficacité

Les valeurs clés de notre société sont la performance et l’efficacité. Il faut gagner du temps, aller plus vite, en faire plus, toujours plus. Avec les machines, le pétrole, puis avec le numérique nous avons accéléré. Nous produisons de plus en plus et de plus en plus vite. Et qu’avons nous gagné ? Le droit d’en faire plus pour acheter des biens et des services qui nous apportent une consolation éphémère.

Aujourd’hui, tout va trop vite. Il y a trop de films, trop de séries, trop de livres. On n’a pas le temps de « consommer » tout ce qui nous intéresserait, on est tout le temps en train de passer à côté de quelque chose. Il y a aussi trop d’objets, trop de vêtements, trop de voitures, trop de tout. Et on n’a pas assez de temps pour nous, pour rêver, pour profiter de nos proches tant qu’il en est encore temps. On passe à côté de nos vies.

Ralentir, pour prendre le temps de vivre

Passer moins de temps à gagner sa vie

Dans « Paresse pour tous », le héros est un économiste qui défend la thèse qu’on pourrait travailler moins (quelques heures par jour), et que la société irait mieux.

L’un des qui-pro-quo du livre est que le héros ne défend pas le fait de ne rien faire, mais d’avoir des heures chaque jour pour faire des choses qui ne créent pas de valeur pour le PIB des économistes. Sur le temps libéré on pourrait : dormir, entretenir un jardin partagé, cuisiner, s’occuper des enfants, lire, écrire, militer, construire, … VIVRE !

Des économies si on travaille moins ?

La thèse défendue est que si l’on travaille moins, alors on bougera plus, on sera plus reposé·es, on se nourrira mieux puisqu’on aura du temps pour cuisiner. On sera donc en meilleure santé ! Et donc, ça coûtera moins cher à la sécu.

Comme on aura plus de temps, on fera moins de voiture. La qualité de l’air sera meilleure, on utilisera plus le vélo et nos pieds, et donc on sera en meilleure santé. Et si on fait moins de voiture, on a moins besoin d’énormes routes qui coûtent cher à construire et à entretenir. Bref, encore des économies pour la société.

Ce projet est distillé au cours du livre et donne vraiment envie d'essayer.

Qui a envie de travailler moins pour vivre mieux ?

« C’est une utopie c'est impossible !! » répondrait mon père avec condescendance envers sa fille qui ne comprend toujours rien à 40 ans au monde des adultes. Aujourd'hui, en tant qu'adepte fervent de la religion du capitalisme, de sa morale du travail, et de son saint esprit, la main invisible du marché, il voterait contre ce projet. Alors même que le projet lui plait au fond.

Dans le livre « Paresse pour tous », notre économiste qui vient de recevoir un prix Nobel, accepte de se lancer dans la course pour la présidentielle. Pour porter un message.

Et le roman nous montre comment cette idée prend, même chez les retraités qui détestent le changement surtout si ça améliore la vie des jeunes. Mais aussi comment le vieux monde lutte à tout prix contre cette libération des pauvres. Ils doivent travailler pour vivre et vivre pour travailler ! Rien de pire que des pauvres oisifs qui auraient le temps de penser pour elleux.

Un chouette roman

Et en plus c’est bien écrit, un page turner comme on dit. Bien que ça soit écrit par un homme (Hadrien Klent), que le héros soit un homme, je n’ai pas trouvé le roman sexiste.

Ce n’est pas non plus cucul, les protagonistes rencontrent des difficultés crédibles, comme le fait de faire campagne pour réduire le temps de travail, tout en travaillant trop pour gagner la bataille.

Bref, j’ai envie d’offrir ce livre à tout le monde. Je fais mon petit lobbying en le demandant dans toutes les librairies et relais où je passe ^^.

Lisez-le et venez me dire ce que vous en avez pensé. J'adorerais qu'on soit plein à en parler... Et que l'utopie prenne !

 
Lire la suite...

from Un Spicilège

J'ai eu la surprise, à quelques jours d'intervalle, d'entendre un auteur que j'aime beaucoup, Philippe Jaenada, intervenir dans 2 podcasts différents. Si, comme moi, tu suis son travail récent, tu dois te douter de quoi ces podcasts parlent. Cela m'a donné envie d'en faire un billet de blog pour en présenter quelques-uns, parfaits pour occuper l'été.

Cerno

Cerno

Le premier podcast dont je voulais parler, c'est Cerno, la fameuse anti-enquête du journaliste Julien Cernobori. Alors qu'il apprend qu'un tueur a vécu autrefois dans son immeuble, il décide de partir sur les traces de ce fait divers macabre. Le tueur en question, c'est Jean-Thierry Mathurin, complice de Thierry Paulin, surnommé le “tueur de vieilles dames”, qui sévissait à Paris dans les années 80. Mais bien au-delà de l'histoire criminelle, c'est l'approche originale et le goût de Julien Cernobori pour les gens qui frappe avant tout. À chaque rencontre, il laisse les personnes s'exprimer et c'est toute une galerie de portraits qui nous est proposée. Série fleuve, elle comporte pour l'instant 140 épisodes, et n'est pas terminée. J'en suis au 99e. C'est un chemin long, pris à petite vitesse, et s'il n'évite pas les égarements, c'est dans l'ensemble véritablement passionnant pour qui aime découvrir les autres. Philippe Jaenada intervient à l'épisode 93, cueilli par surprise dans le café dans lequel il a ses habitudes. Il travaillait alors sur Sans preuve et sans aveu...

Qui a tué Maurice ?

qui a tué maurice

Contrairement à Cerno, Qui a tué Maurice ? est beaucoup plus court. Pendant 5 épisodes d'environ 30 minutes, la journaliste Louise Régent, refait l'enquête du meurtre de son propre grand-père, le notaire Maurice Régent, retrouvé assassiné dans la cave de son étude. C'est intrigant et dynamique, et l'angle original de cette série de podcasts criminels est bien que l'enquête se fait en grande partie au sein de la cellule familiale. Philippe Jaenada intervient plusieurs fois, afin de guider l'enquêtrice amateur.

Délits mineurs

Délits mineurs

Moins léger, Délits mineurs raconte la justice de l'intérieur, par le point de vue d'une assesseure au tribunal pour enfants de Bobigny. Les assesseurs sont des bénévoles qui accompagnent les juges en salle d'audience. Suivre le parcours de cette personne amène à être confronté aux parcours de vie des jeunes qui comparaissent pour des délits graves, ou des crimes. On y découvre succintement leur histoire, mais également celle de ceux qui tentent de les accompagner. C'est parfois très dur, mais également très éclairant. Sur la précarité, sur les circonstances qui finissent par amener les jeunes au tribunal, sur les échecs également. De la justice, des affaires sociales, des familles... des jeunes eux-mêmes aussi. Pas de Jaenada, dans celui-ci, mais alors que le dernier des 21 épisodes a été publié il y a quelques jours, je voulais rendre hommage à ce magnifique travail...


Cerno | Julien Cernobori | Patreon Qui a tué Maurice ? | Louise Régent | Arte Radio Delits mineurs | Séverine Kakpo | Arte Radio

 
Lire la suite...

from Ma vie sans lui

De la normalité du monde

Je me rends compte que j'écris souvent la formule suivante “dans un monde normal” depuis quelques mois. Hier, par exemple, “dans un monde normal, mon amoureux aurait fêté ses 53 ans”. Et cette expression qui m'est devenue familière veut bien dire ce que je pense, profondément. Le monde, là, au dehors, autour de moi, n'est plus “normal” depuis que mon amoureux est mort.

Je me sens en perpétuel déséquilibre, entre la vie quotidienne qui suit son cours avec ses aléas, ses routines et le grand trou qui s'est ouvert sous mes pieds, brusquement et qui m'absorbe parfois, puis me recrache, exténuée de chagrin.

Certains moments me semblent excessivement “normaux” (je ne sais pas bien ce que ce terme recouvre, à vrai dire, dans le monde et la société dans laquelle nous vivons, en 2025) : aller bosser, accueillir des élèves, faire cours, déjeuner avec des collègues, faire du yoga, donner mon avis en réunion, aller à un spectacle et y prendre du bon temps, tout cela n'a pas changé depuis 11 mois. En revanche, d'autres me semblent totalement “anormaux”, voire incongrus : fêter Noël sans lui, ne pas pouvoir lui souhaiter son anniversaire, aller visiter une maison à vendre, programmer des vacances ou un voyage, se recueillir au pied d'un petit chêne vert fraichement planté, prendre l'apéro en solitaire, faire la sieste, regarder une série.

Je n'ai pas eu besoin de réfléchir 107 ans pour trouver le point commun de tous ces moments a-normaux : la solitude. Toutes ces choses que nous faisions ensemble et que je fais désormais seule me paraissent totalement étranges. Étrange au point que je sors parfois de mon corps et je me vois les faire seule, c'est d'une tristesse sans nom.

Je l'ai déjà écrit ici et c'est toujours le cas, il est avec moi, parfois, surtout dans des moments que j'aurais adoré partager avec lui. Quand je sors du collège épuisée mais satisfaite de ce que j'ai fait, quand je viens de faire quelque chose de difficile mais que j'ai réussi. Je l'entends me dire “Petite forte”. Et il m'arrive de le penser, que je suis forte.

Mais il y a aussi des tas de moments où il n'est vraiment plus là, ni en pensée, ni en parole. Il n'est plus là du tout, effacé de ma vie, gommé de cette Terre. C'est effrayant. Et je refuse que le monde l'oublie. Je n'ai plus de nouvelles de son père, ni de ses collègues. Tout le monde a tourné la page. Ma famille n'en parle plus non plus. Je suis la seule à maintenir la flamme du souvenir et elle est parfois lourde à porter. Alors je parle de lui à tous les gens que je croise et tant pis si je passe pour une folle. J'essaie juste de ne pas être trop insistante.

Je pense qu'il serait heureux de voir que je survis, que je me bats avec ce foutu deuil, il serait heureux de savoir que je vais bientôt déménager dans une maison avec un merveilleux jardin et il serait sûrement heureux que je sois heureuse à nouveau, un jour, peut-être. Mais, ne suis-je pas en train d'écrire ça pour me donner une médaille, pour me justifier de ne pas m'être effondrée ? Ne serait-ce pas de la méthode Coué ?

Moi, je serais heureuse que le monde me paraisse de nouveau “normal”. C'est beaucoup demander, je commence même à considérer l'idée que cela n'arrivera plus. Le monde ne sera plus jamais normal après avoir vu mourir dans mes bras, en dix minutes, un homme plein de vie autour duquel mon existence gravitait. J'ai perdu mon soleil, cela peut arriver à n'importe qui d'entre nous alors je ne vois pas comment le monde pourrait être normal à nouveau.

Je vais devoir apprendre à marcher avec ce fardeau qui me déséquilibre, sur ce chemin de deuil, semé de gouffres et d'embûches, je vais devoir apprendre à danser sur cette corde raide, malgré le vent et les nuages, malgré les chaussures pas toujours adaptées, je vais devoir apprendre à vivre avec ce manque qui me fait perdre mes repères, mon cap.

Cela va bientôt faire un an et j'ai pourtant l'impression de tout juste entamer le chemin...

 
Lire la suite...

from cedval

La barrière symbolique du 100 kilomètres à vélo peut intimider quand elle n'a jamais été franchie.

Cela parait beaucoup et c'est l'impression que j'avais aussi avant de me mettre sérieusement au vélo en début d'année (et ce n'était même pas pour appliquer une bonne résolution 😅) et de parcourir cette distance.

A l'occasion de mon premier petit voyage à vélo, de Orléans au Mans (environ 190 km), j'ai eu l'occasion de dépasser cette barrière (presque) 2 fois en 2 jours !

Je m'étais fixé pour objectif d'aller au Festival International du Voyage à vélo qui se déroulait au Mans début février (en hiver donc 🙈).

Affiche du Festival International du Voyage à vélo Crédits : Cyclo Camping International

J'ai vraiment bien aimé de Festival, je vous ai raconté cet événement à l'occasion de mon premier article sur ce blog (c'est par là).

Cette fois-ci je vais vous raconter comment je me suis préparé pour cet itinéraire, et donc mon premier 100 km au passage.

Cela ne faisait qu'un mois que j'avais commencé à rouler sérieusement 😁 (j'en parle ici). C'était donc un sacré défi !

Comment l'idée a germée ?

J'ai acheté mon premier vélo fin novembre 2024 (j'en parle ici).

Je n'avais pas encore vraiment commencé à rouler sérieusement avec et c'était l'hiver. Il me fallait donc un objectif pour me motiver 😁.

En décembre, j'ai découvert par hasard l'existence du Festival International du Voyage à vélo qui allait se dérouler au Mans le mois de février suivant.

L'idée de voyager à vélo est une des raisons qui m'a poussé à me mettre plus sérieusement au vélo : j'étais donc bien motivé par l'idée d'aller à ce festival.

2 raisons supplémentaires d'y aller se sont ensuite ajoutées pour me motiver d'y aller !

La première c'est la présence de Joffrey Maluski à cet événement qui sera présent pour dédicacer son livre “Islande, une traversée hivernale” pour ceux et celle qui ont participées à sa campagne de financement participative sur Ulule. Il y avait une option livraison en main propre au Mans, je me suis senti obligé de choisir cet option : cela me forçait à y aller quoi qu'il arrive 🙈. Je vous recommande sa vidéo sur son aventure si vous ne l'avez pas vu 😍.

L'autre raison qui a confirmé que je devais aller à cet événement est la présence de Emeline (Mastodon : @emeline@piaille.fr) et Jean-Pierre (@ramuncho@mastouille.fr) qui allaient animer un stand au Festival pour présenter le livre pour enfant “Emeline et Olympe” (aussi sur Ulule) qu'ils ont auto-édités.

L'occasion était trop bonne pour me motiver à en faire mon premier voyage à vélo !

Ensuite il fallait s'y préparer 😅 .

Le hors série du magazine 200 Débuter à vélo m'aurait bien aidé mais il n'était pas encore sorti. Il a tellement eu de succès qu'il est en cours de réassort.

La préparation

L'idée était là, maintenant il fallait la mettre en pratique !

J'ai dû déterminer par où j'allais passer. Le plus simple est d'utiliser un itinéraire tout fait si vous en trouvez un, sur Komoot ou OpenRunner par exemple.

Vous pouvez aussi créer votre propre trace, c'est ce que j'ai fait !

Tracer l'itinéraire

A vélo, il est préférable de préparer sa trace sur les longs itinéraires. Il faut absolument éviter les routes à fort trafic routier sous peine de passer un moment désagréable (et potentiellement dangereux) !

Mieux vaut donc utiliser un outil dédié à cette pratique pour éviter toute mauvaise surprise : il en existe un certain nombre, on pourrait écrire un article entier sur le sujet (une idée pour plus tard 😅).

Sur Mastodon, on m'avait recommandé BikeRouter (aussi appelé BRouter), c'est l'outil que j'ai utilisé pour créer ma trace.

Il possède différents réglages orienté vélo pour favoriser des routes à faible trafic. Ces réglages vont favoriser les passages par des itinéraires vélo référencés.

En effet, en France, il existe des itinéraires vélos, que cela soit au niveau départemental, régional, national ou européen. Ils empruntent des routes à faible trafic ou des voies dédiés au vélo.

Sur la cartographie de BikeRouter qui utilise OpenStreetMap, ces routes références sont repérables par un code couleur via le calque CycloOSM qui est sélectionné par défaut.

Pour mon trajet, j'ai emprunté une partie de la Loire à vélo qui est aussi référencé au niveau européen comme l'Eurovélo 6.

Après Vendôme, j'ai suivi une partie de la V47 : La Vallée du Loir à vélo.

Description de l'image

Vous pourrez trouver l'itinéraire complet sur OpenRunner.

S'équiper

Parlons un peu matériel !

Pour les détails concernant le vélo que j'ai utilisé, je vous invite à lire mon article sur le sujet ici.

Voici à quoi ressemblait mon fidèle destrier le jour du départ : Photo de mon vélo de profil avec les sacoches le jour du départ

Je n'avais pas encore beaucoup investi en matériel vélo, à part le porte-bidon Zéfal, le bidon et le sac de selle Z Adventure R11 de la même marque française 🇫🇷 (et Loirétaine).

Pour attacher mon sac à dos à l'avant, j'ai acheté un support Rhinowalk avec le support spécifique Brompton. Très pratique pour sangler le sac dessus mais pas très optimisé 😅.

D'un point de vue vêtements, c'était en hiver, j'ai donc réutilisé mes vêtements d'hiver et de randonnées : couche de base manche en mérinos épais, pareil pour les chaussettes. Chaussures de randonnée en © Gore Tex et couche polaire pour le haut.

En veste j'ai utilisé ma belle veste Mova Cycling rouge bien flashy que j'avais obtenu via cette campagne de financement participatif Kickstarter.

Ah oui, j'ai failli oublier de parler du GPS dans lequel j'ai investi pour suivre la route : un Karoo de chez Hammerhead.

Reçu la veille du départ 😅, il a été très pratique pour suivre la trace sur un trajet aussi long sans avoir de stress avec la batterie du téléphone. Le GPS avait de l'autonomie pour les 2 jours si besoin.

L'entrainement

Le matériel ne faisant pas tout, il a bien fallu sortir pédaler pour s'entrainer en hiver : bien habillé ça passe 😁.

Pour cela, j'ai commencé à utiliser le vélo pour les trajets Gare/Domicile, 10 kilomètres aller et retour plusieurs fois par semaine.

Accompagné de la Social Ride MayoJaune tous les lundi soir sur Paris et quelques autres trajets, j'ai pu rouler 350 kilomètres en janvier, parfait pour s'acclimater à la température (3 °C en moyenne 😅) et au matériel.

L'heure du départ !

J'avais donc découpé mon itinéraire sur 2 jours avec une nuit prévue potentiellement à Vendôme. Je ne me sentais pas de faire les 190 kilomètres du trajet que j'avais préparé en une journée !

A part l'itinéraire, je suis parti sans avoir réservé d'hébergement, j'ai juste regardé rapidement les disponibilités autour de ma trace avant de partir. Je m'étais dit que j'aviserais le moment venu en fonction de ma progression. Il faut embrasser la liberté que le vélo nous apporte !

Un tronçon de la Loire à vélo pour débuter

Pour commencer mon trajet en douceur, j'ai rejoins le tracé de la Loire à vélo qui passe par Orléans.

Une photo du chemin de la Loire à vélo le long de Loire, mon vélo posé devant un panneau indiquant les directions vers Blois et Beaugency

C'est plat et bien indiqué. Plutôt agréable et peu fréquenté en hiver, je me demande bien pourquoi 🤣.

Je l'ai suivi jusqu'à Beaugency où j'ai bifurqué dans les terres. Un bon vent de face pendant quelques heures comme la Beauce sait offrir (température 3 °C).

Mon vélo devant un champ où il n'y a rien à l'horizon, c'est plat

En allant à mon rythme, j'ai mis un peu moins de 5 heures pour arriver à Vendôme sans compter les nombreux arrêts.

Description de l'image

Je suis arrivé vers 18h à Vendôme, je me suis directement rendu à l'hôtel que j'avais réservé dans l'après-midi.

Très pratique d'avoir un vélo pliant pour ne pas galérer avec dans l'hôtel ! Une photo de mes affaires dans la chambre d'hôtel, vélo plié et bagage posés à cotés Il n'y avait pas encore le sticker MayoJaune (@mayojaune@masto.bike) de collé à l'arrière de mon casque 😁.

Etape à Vendôme

Belle occasion de brièvement découvrir cette ville que je ne connaissais pas du tout.

Étant arrivé vers 18h, le temps de prendre une douche et de se poser un peu il était déjà l'heure de manger : 100 km (ou presque) ça creuse !

Au final, vu qu'il faisait déjà nuit, j'ai surtout découvert un super restaurant complétement au hasard (cela n'étonnera pas ceux qui me connaisse 🤣).

Une crêperie cave à cidre !

Photo de la table du restaurant où on peut voir le nom de la crêperie "Comme un Grain" sur le menu

Une des galettes que j'ai pu déguster (et ce n'est pas la seule que j'ai prise !) :

Une délicieuse galette raclette couverte de viande des grisons et un verre de cidre en accompagnement

Après ces efforts et ce bon repas, j'ai bien dormi 😁.

Seconde journée

Réveil vers 8H avec un bon petit déjeuner copieux à l'hôtel pour bien prendre des forces.

La météo était toujours nuageuse avec risque de pluie et une température qui était toujours dans les 3° C.

J'ai repris la route et emprunté une partie de la V47, une voie vélo le long de la vallée du Loir qui est bien indiqué :

Un panneau indiquant la direction sur la V47. On peut également voir le ciel nuageux

Plus tard, en arrivant sur la commune de Les Roches-l'Evêque, je tombe sur ce panneau route barré.

Étant à vélo, je continue. Je me dis que cela doit quand même passer : Photo des panneaux annonçant une route barré en raison d'un éboulement à 900 mètres

Ou pas 🤣🙈 : Photo du blocage de la route avec des grilles et des cadenas dessus pour éviter tout passage

Cela ne passe pas, demi-tour obligatoire ! Le GPS a mis du temps à comprendre la manœuvre.

Si je me rappelle bien, c'est à ce moment qu'il a commencé à pleuvoir et cela ne s'est ensuite pas arrêté de la journée !

Heureusement que j'ai trouvé ce bel abribus pour m'abriter de la pluie pendant ma pause déjeuner : Photo d'un grand abribus avec un toit en ardoise à double pente, charpente en bois. Mon vélo garé dessous à l'abri de la pluie

Ayant un vélo Gravel 😎, sur la suite du chemin j'ai emprunté une ancienne voie de chemin de fer qui a été reconvertie en voie verte cyclable :

Photo de mon vélo posé au milieu de la voie verte, arborée

Après plusieurs heures sous cette petite pluie fine et ininterrompue, j'étais content d'arriver au Mans : Description de l'image

Entrée de ville tout ce qu'il y a de désagréable avec aucune piste cyclable et beaucoup de trafic vu l'heure auquel je suis arrivé. C'est quand même toujours un plaisir de doubler des files de voitures qui patientent dans des petits bouchons 😁.

J'étais bien content d'être accueilli chez les parents de Sylvain (@Sylvain_V@mastodon.social) après au moins 4 heures sous la pluie. C'était bien pratique de pouvoir tout faire sécher dans le garage !

Statistiques

Pour ceux que cela intéresse voici les données fournies par mon compteur pour les 2 journées.

Orléans – Vendôme : Capture d'écran des statistiques de mon compteur pour le trajet Orléans - Vendôme

Vendôme – Le Mans : Capture d'écran des statistiques de mon compteur pour le trajet Vendôme - Le Mans

En résumé

J'ai pris beaucoup de plaisir sur ces 2 jours malgré les conditions météo qui n'étaient pas terrible.

C'était même une bonne chose car cela m'a permis de me tester dans ces conditions et ma préparation m'a permis de bien m'adapter et de ne pas être frustré.

Par contre, je ne vais pas vous cacher que j'étais pressé d'arriver le second jour après plusieurs heures sous la pluie. J'étais bien habillé, donc tant que je m'arrêtais pas, je ne sentais pas l'inconfort. Par contre, j'aurais surement eu du mal à repartir après un arrêt prolongé si il avait fallu remettre les vêtements encore humide !

Le mot de la fin

Voilà, j'espère que je vous ai donné envie de vous lancer dans votre premier 100 km 🚀.

Vous n'êtes pas obligé de tenter ça en hiver comme moi hein 🤣. J'ai juste profité de l'occasion qui se présentait.

Ce n'est pas forcément évident de ce lancer seul.e, renseignez vous autour de vous, je suis sûr que vous trouverez un groupe ou événement qui pourra vous accompagner et vous conseiller pour réaliser ce premier 100 km !

D'ailleurs, si vous êtes à Paris ou alentour, MayoJaune organise un tel événement le Dimanche 20 juillet à 8h45, place de la Bastille à Paris : infos sur le Discord.
Un staff bienveillant vous accueillera avec plaisir pour vous accompagner sur un 100 km au petit oignon 🚲.

#Velo #VoyageAVélo

 
Lire la suite...

from LegalizeBrain

Ça a de nouveau été Inter l'entremetteuse : on est à l'automne 2002, je débute ma troisième et dernière année de thèse, je bosse. Ça se passe globalement bien, mais c'est beaucoup de boulot, les relations avec ma directrice de thèse sont souvent tendues, mon premier article de journal est dans les tuyaux, mais elle m'emmerde avec sa manie de vouloir discuter chaque virgule... En plus j'ai un mariage à préparer.

Et donc Inter diffuse Faites Monter, de l'album l'Imprudence qui vient tout juste de sortir. C'est magistral, mais cette fois, je me dis que je dois m'intéresser au travail de ce type ! Je ne peux pas une nouvelle fois ne pas m'y intéresser plus que ça. (sans le savoir, j'ai laissé passer Fantaisie Militaire, que je découvrirai après la bataille)

J'achète l'album, et je me plonge dedans, comme je le faisais à l'époque : une première écoute quasi religieuse, une après-midi chez moi, sans rien faire d'autre qu'écouter. Puis je le ponce : le matin dans le baladeur, la journée dans le casque de l'ordi, des jours, des semaines sans rien écouter d'autre... Quel trip !

Il y a une unité incroyable dans cet album, sa poésie me parle par sa bizarrerie, et je nage dans cette piscine de musique qui ne ressemble à rien de ce que j'écoute à l'époque. Je trouve ça génial, j'adore.

Cet album berce ma fin de thèse, et Bashung est donc remercié dans mon manuscrit, aux côtés de Garbage, Morcheeba, Purcell et Heitor Villa-Lobos “pour m’avoir accompagnés lors de la rédaction de ce rapport”.

Ça a été la seconde et dernière rencontre avec Bashung : il m'a accompagné depuis sans qu'une troisième fois ne soit nécessaire. C'est bien simple, je crois qu'un exemplaire de ce CD a été le premier cadeau que j'ai fait à ma future seconde épouse, quelques années plus tard, alors que je venais de la rencontrer, pour qu'elle comprenne mieux qui je suis.

 
Lire la suite...

from LegalizeBrain

Quand je fréquentais encore l'école maternelle, j'avais pris cette étrange habitude, lorsque j'étais vraiment très content, de dire “C'est bon la Vitang !”

Je n'avais aucune idée de pourquoi ou comment j'avais inventé cette expression. J'étais déjà gourmand à l'époque, et pour moi, la Vitang, ça ne faisait aucun doute, c'était un truc délicieux, qui se mangeait. Un truc inventé, évidemment, je le savais bien... Disons que pour moi c'était le met ultime, et l'évoquer était le meilleur moyen de célébrer un bon moment.

Évidemment, les adultes autour de moi étaient très surpris. Iels entendaient “C'est bon, la vie tangue !” et se demandaient où j'avais bien pu capter cette étrange phrase. Iels étaient peut-être un peu inquiets de savoir à quel moment un potentiel alcoolique avait pu dire cela à portée de mes oreilles...

Ça restera un mystère, je ne sais pas moi-même, on ne saura jamais.

Aujourd'hui, plutôt adepte des plans plan-plan, et alors que la vie a pas mal tangué ces dernières années, je ne suis plus si sûr d'autant aimer la Vitang...

 
Lire la suite...

from LegalizeBrain

C'était un dimanche après-midi, dans l'une des deux salles du cinéma municipal Jacques Becker. Celle-là même où j'avais vu les trois Mad Max d'affilée lors d'une nuit marathon de cinéma dont Melvin Zed et moi nous souvenons encore...

Nous étions arrivé très en avance mes parents et moi (les bénéfices d'avoir une mère anxieuse), la salle était presque déserte et nous attendions le début du film. Lequel ? L'histoire n'en a pas gardé la mémoire.

Quoi qu'il en soit, on devait être fin 1991, ou début 1992 : Bashung venait de sortir l'album Osez Josephine, et ce cinéma où on nous faisait patienter en musique nous a donc diffusé Madame Rêve.

Pour moi, jusque-là, Bashung c'était dans le bruit de fond : j'en entendait régulièrement sur Inter, dont j'étais déjà un auditeur assidu, mais d'une oreille distraite, en faisant autre-chose, et l'idée d'acheter un album de lui ne me serait pas venue à l'esprit. Mon horizon musical d'alors, c'était plutôt Metallica et Suicidal Tendencies, côté métal, et Ludwig von 88 et les Berruriers Noirs, côté punk. Mélange un peu confus, j'en conviens (j'étais jeune, dirons-nous).

Il s'est passé un truc ce jour là, je ne sais pas précisément quoi... j'étais d'une humeur méditative, dans cette salle quasi-déserte, et j'ai vraiment plongé dans cette chanson, j'ai été emporté dans le Rêve de Madame, un truc hyper puissant dont je me rappelle encore tant d'années plus tard.

Bizarrement, alors que les hormones sexuelles baignaient mon cerveau à cette époque (j'étais jeune, donc), je suis passé totalement à côté de la dimension sexuelle de cette chanson ce jour là. Juste cette sensation incroyable de constater qu'un type a le talent de créer l'équivalent sonore d'un rêve et de m'y emmener avec lui.

Première vraie rencontre avec Alain Bashung, donc, mais pas dernière : malgré ce trip saisissant, je ne suis pas allé acheter l'album, je ne me suis pas intéressé à la carrière de cet artiste, j'ai gardé ce souvenir et c'est tout.

 
Lire la suite...

from Blog d'une enfant de ce siècle

MONSTRE

Définition de CNRTL -Individu dont la morphologie est anormale -Créature -Chose qui s'écarte des normes habituelles.

Etymologie (latin) monstrum « avertissement des dieux » monstrare « montrer, faire voir, indiquer, avertir »

Le monstre au sens du “Freak”, je le définis comme l'individu qu'on expose pour sa morphologie dite “difforme”, censée inspirer la peur, le dégoût, la moquerie, la compassion ou la curiosité malsaine. En somme, l'être humain martyrisé pour sa différence. En témoignent l'exposition coloniale, la figure de Quasimodo, la créature de Frankenstein, Edward aux mains d'argent, la femme à barbe, ou encore Joseph Merrick, surnommé “The Elephan man” (image ci-dessous).

Joseph Merrick

Mais il y aussi un autre sens que prend ce mot dans notre société: le monstre en termes de moralité. Ce monstre-là peut commettre le mal sous couvert de bienveillance. Et quand il s'agit de ça, le mot “monstre” s'entend autrement.

Les origines du mal sont profondes, qu'elles viennent ou non de bonnes intentions. Et ce qui les rend si peu reconnaissables, c'est qu'elles n'ont ni couleur de peau, ni nationalité, ni rang social, ni genre, ni métier, ni morphologie spécifique, ni profil social typique, et qu'elles peuvent grandir subtilement en chacun tant qu'elles ne sont pas mises à jour. “Les voix du mal passent à travers ton gros gilet pare-balles” (Dixit Swift Guad)

Le mal commence là où on a mal soi-même, là où nos blessures n'ont pas guéri, là où le monstre crie parce qu'on n'a pas soigné ses plaies, là où un besoin est insatiable. C'est là où la vulnérabilité est la plus forte que le monstre s'exprime, jusqu'à commettre l'anormal, l'extrême, l'improbable, l'impensable, mais aussi l'impardonnable, le viol, le crime, le lynchage, la torture, l'homicide, le génocide...

Je pense notamment à des figures qui ont inspiré l'horreur et la fascination dans les médias : Michelle Carter ayant poussé son ami au suicide soit-disant par amour, que SKYND interprète dans son morceau au titre éponyme, “Michelle Carter”. Ou l'affaire Xavier Dupont de Ligonnès, cet homme ayant tué les membres de sa famille avant de se donner la mort. Ou encore à Jim Jones, qui a orchestré dans sa secte le suicide collectif au Temple du peuple.

Mais le titre de monstre n'est pas exclusif aux crimminels. Ce qu'il y a de plus monstrueux quand un être humain commet de pire, c'est que ce soit pas un “monstre sacré”, mais un être humain, donc de notre espèce, qui l'ait commis. Ce qui impliquerait que nous en serions capables nous-mêmes, dans certaines conditions...

“Le monstre, c'est l'ego” (Dixit Jérôme Colin). J'entends là que le mal est à la base du narcissisme qu'on possède tous, la résistance où germent nos graines de colère, de résilience, mais aussi de haine, de déni et de rejet. Je considère qu'on a tous un beau monstre derrière nos enveloppes corporelles humaines, qu'il ne s'agit pas de cacher, mais auquel il s'agit de faire face. Nous sommes tous capables de faire “le mal”, de blesser, de tuer, de faire souffrir, même accidentellement, il s'agit de le reconnaître: en être capable signifie que nous en avons le pouvoir, pas fatalement que nous allons en user.

Pour autant, “Monstre” est un titre que je revendique moi-même. A mon sens, en tant qu'artistes, en nous “montrant” sur scène, nous remplissons un rôle de “monstres” au sens étymologique. Nous mettons au grand jour les travers humains, auxquels nous somme mêlés nous-même. C'est l'intérêt que prend la catharsis et la projection émotionnelle, occasion de voir en nous les tares que nous nous contentions d'ignorer par suffisance... Voilà pourquoi je suis sensible aux paroles de Stupeflip quand il dit aimer les monstres depuis l'enfance :

Je dédie donc cet article à tout.e.s les Nimona, qui ont compris que tout ce qu'ielles feront pour répondre à ce que la société ou leur entourage attend d'eux, ne sera jamais assez. A tous ces rejetés qui, ayant ou non emprunté une mauvaise pente, se sont servi de cette monstruosité qu'ielles se sont crues être face aux procès d'intention, pour mettre le monde au défi en continuant d'exister à ses dépends. Alors oui, le monstre, c'est aussi celui qui souffre. Celui qu'on qualifie de monstre par rancoeur, ou qui se qualifie lui-même de monstre par culpabilité maladive.

Qualifier une personne est une manière très directe pour la mettre à distance. C’est commun. Il est plus confortable de se dire que l’autre est « inhumain », « cruel », « bizarre », « invasif », « lâche » ou « hypocrite », sans admettre la part d’inhumanité, de cruauté, de bizarrerie, d’avidité ou d’hypocrisie qu’on peut porter en soi. Le monstre est là, derrière nos yeux. Nous portons le même masque qu'on prête à ceux qui sortent de notre ordinaire ou de nos canons de pensée, qu'on exclue ou qu'on persécute.

Je ne vais pas jusqu’à dire que « personne n’est innocent », simplement que notre part d’innocence n’exclue pas en nous la part monstrueuse qui la contrebalance. “The beast is in us, not in the face” (“La bête est en nous, pas dans le faciès”, Dixit Karliene)

Divinité associée: Cthulhu, créature extraterrestre, inventée par Howard Phillips Lovecraft. Sa seule vue peut provoquer la démence. On le suppose issu des mythes du Kraken et de Dagon, un dieu sémite. Le fantasme de cette divinité monstrueuse a été nourri par la xénophobie de Lovecraft, mais aussi un sentiment d'insignifiance de l'être humain face aux forces qui le dépassent. Nota Bene, dans sa vidéo “Lovecraft et le mythe de Cthulhu”, développe l'univers de Lovecraft où règne la peur de l'inconnu.

Joseph Merrick

 
Lire la suite...

from Un Spicilège

Anatole Bernolu a disparu C'est un petit bijou d'écriture comme seul Le Dilettante a réussi à m'en faire découvrir que ce premier roman de Pauline Toulet. On y lit les histoires inattendues d'Anatole Bernolu, un personnage atypique, discret, étrange et surtout, un personnage assez seul, persuadé d'avoir fait une grande découverte au sujet de Claude Lévi-Strauss et déterminé à le faire savoir. Mais au-delà d'un récit en trompe-l'œil, c'est avant tout l'écriture inventive et maîtrisée de Pauline Toulet qui m'a réjouie pendant cette lecture.

Cela dit, votre comité de lecture aurait dû noter cette absence, déclare Jérôme avec cette générosité qui consiste à partager les torts qui sont pleinement les siens.

Anatole Bernolu a disparu est un roman désopilant, qui fait la part belle aux figures de style, aux belles formules et à une rédaction originale, toute en connivence avec le lecteur, qui nous fait penser que le narrateur nous raconte un scénario qu'il semble découvrir tout en en connaissant déjà la fin (je vous assure que c'est bien ça). Il en a fallu du savoir-faire, à Pauline Toulet, pour nous proposer un roman qui, sous des airs de chronique légère, cache une telle élégance, une vision si juste des travers de nos contemporains, mais également un hommage appuyé à l'Oulipo. Elle a su pourtant emporter mon adhésion en quelques chapitres, par une histoire bien plus impactante qu'on ne pourrait l'imaginer. Il y a de la vérité dans cet ouvrage, et je ne peux que recommander la lecture rafraîchissante des histoires d'Anatole Bernolu.


Anatole Bernolu a disparu | Pauline Toulet | Le Dilettante

 
Lire la suite...

from Un Spicilège

Au fond du trou

Après le très atypique mais très réussi 18H30, Maxime Chamoux et Sylvain Gouverneur signent une nouvelle mini-série sur arte.tv, Au fond du trou, avec une nouvelle approche originale.
Tournée dans une unité de lieu et de temps (un minigolf, une après-midi) elle suit, le temps de ses 6 épisodes (chacun d'une 15aine de minutes), 6 histoires différentes, 6 trajectoires mettant en scène des personnages originaux. Parfait théâtre de la vie, ce sont des petits drames, à chaque fois, qui se jouent, transformant en tribunal ce lieu festif et léger qu'est le minigolf. Frôlant parfois l'absurde sans y tomber complètement, cette série mêle habilement l'humour et la gravité, sait doser la sensibilité et réussit à conserver le ton parfait pour mettre en exergue les travers des uns et des autres.


Au fond du trou | Maxime Chamoux et Sylvain Gouverneur | 2023

 
Lire la suite...

from Impulsion Végé

Qu'est ce qu'on mange ce midi ? Il fait chaud (et c'est un scandale parce que c'est l'hiver par chez moi) et personne n'a envie de cuisiner. Bon, on a une boite d'haricots rouges dans le placard, un poivron et des tomates dans le frigo. C'est parti pour une salade !

Salade d'haricots rouge

La recette

Ingrédients : – 1 grosse boîte d'haricots rouges – 1 poivron rouge – 2 tomates – 1 petit oignon – feta – ½ cs de moutarde – 2 cs de vinaigre balsamique – 4 cs d'huile d'olive – sel, poivre

Instructions : 1. Dans un saladier, faire la vinaigrette avec la moutarde, le vinaigre, l'huile, le sel et le poivre. 2. Egoutter et ajouter les haricots rouges. 3. Couper le poivron, les tomates et les oignons en petits morceaux de la taille que vous préférez. Ajouter au saladier. 4. Ajouter de la feta coupée en petits cubes. 5. Mélanger le tout. C'est prêt.

#PlatFroidVégétarien

 
Lire la suite...

from Blog d'une enfant de ce siècle

LANGUE DES SIGNES

Il est une langue qui ne tient pas qu'à la langue, mais à tout le corps. Une langue qui s'appelle bien “langue” et non “langage”, puisque riche d'une culture qui mérite la reconnaissance. L'intelligence n'est pas que l'apanage des mots, loin de là. Et celle qui transpire dans cette langue m'a redonné un nouveau souffle. Cette langue, c'est la langue des signes.

manif 93

En image: Une manifestation de sourds en 1993, initiée par l'association Sourds en colère.

Nous avons été cruels avec les sourds. Et je m'inclue dans ce “nous”, car ma personne a été marquée par les actes de mes ancêtres, de ma “patrie”, de mes semblables entendants et ignorants. Je vous raconte l'histoire telle qu'on me l'a racontée.

Congrès de Milan, 1880. Un mec qui se réclame du domaine de la santé, présente deux enfants sourds à ses congénères européens. Mais ce qu'il ne dit pas, c'est que l'un des deux est devenu sourd, il n'est pas né tel quel. Il veut démontrer que l'usage du langage verbal ne représente aucune contrainte pour un sourd... La supercherie fonctionne: l'adulte parle à cet enfant, il lui répond oralement. La France fait partie des pays qui a signé cet accord de Milan. Il n'y est pas stipulé clairement que la langue des signes est interdite, mais c'est tout comme.

Documentaire Ouvre l'oeil “Sourds et Malentendus” :

Cette langue est encore trop invisibilisée et sous-estimée. Souvent reléguée à “une aide pour la mémoire du bébé”, elle nous relie pourtant à notre corps et aux autres, qu'importe l'âge ou la nation. Car c'est une langue qui n'a pas de patrie définie, et qui pourtant reste fédératrice. Il existe une langue des signes propre à chaque pays, et elle possède son Esperanto: La langue des signes internationale.

J'ai envie de rendre hommage à cette langue. A cette rencontre du souffle et des corps. Non pas m'approprier la culture des sourds pour la leur voler, au service de mes propres intérêts. Mais plutôt découvrir, et faire connaître ses richesses en profondeur. Plonger dans le silence des sourds, c'est pour moi narguer les bruits du monde. On pourrait y perdre de vue la qualité vitale d'un lien humain, par-delà les différences. J'ai beau ne pas être née dans leur monde, aucune langue n'a pu combler autant mon besoin de connexion que la langue des signes. Je crois qu'elle mérite mieux que le sort que nous lui avons fait subir durant au moins un siècle.

Livre conseillé pour en apprendre davantage sur l'histoire de cette langue : “Il était une fois, les sourds français”, de Patrice Gicquel EAN 9782810613069

Lieux conseillés: -Associations ou organismes qui organisent des activités avec la communauté sourde (par exemple, CSCS44) -Associations ou organismes qui donnent des cours de langue des signes bénévolement (par exemple, les cours du mercredi soir 18h30 au bar du Chat Noir de Nantes) -L'école de référence pour apprendre en identifiant son niveau: STEUM

Evenements : -Spectacles signés, concerts chansignés -Journée Mondiale des Sourds -Handiclap -La Nuit du Slam (Toulouse) etc...

Ressources : -Les chaînes Youtube d'apprentissage de LSF qui sont tenues par des sourds (celles qui sont tenues par des entendants sont majoritairement imprécises) -Les dictionnaires Elix et Spread the sign, mais toujours confirmer le signe avec un sourd de sa région -Les livres d'apprentissage sur les base de la LSF (Exemple: “ABC...LSF”)

Références : -Créations de David Laigre, artiste plasticien sourd qui rend hommage à la LSF dans ses oeuvres (lien Insta vers laigresfactory44) -Chansignés sur YouTube de Albaricate, Vinzslam, Signes à l'Oeil... -Parcours d'Emmanuelle Labory... -Film recommandé: “Sound of Metal” (2019). Il retrace le parcours d'un homme devenu sourd, confonté d'un côté à la communauté sourde, et de l'autre, à l'implant comme promesse de “guérison”.

 
Lire la suite...

from Un Spicilège

Jamais trop tard

Prêté par un ami, Jamais trop tard est un de ces livres que je n'aurais jamais pu découvrir autrement que conseillé par quelqu'un. En effet, je n'en connaissais pas l'auteur, et la quatrième de couverture ne m'aurait sans doute pas convaincue. Pourtant, Jamais trop tard est de ces délices cachés qui ne se dévoilent qu'à force d'intérêt et de patience. Lorsqu'on abaisse les barrières de nos certitudes de lecteur, il se révèle des plus enrichissant.

Contant l'histoire de la disparition impromptue d'une jeune femme, Donna et de la quête incessante de son compagnon, Art, pour la retrouver, Jamais trop tard n'a pourtant rien d'un livre policier ou d'une chronique sentimentale. Construit sans aucune respiration, c'est le récit d'une quête sans fin, sans ordre. La quête d'un signe, d'une aide, d'une compréhension. Plaçant la ville (New York) et ses habitants au cœur de l'intrigue, l'auteur en fait ressortir toutes les discordances. Elle est noire de monde mais bercée d'une indifférence mêlée de violence, elle est foisonnante sans que l'on puisse en suivre les méandres, elle ne s'arrête jamais de vivre mais on peut s'y évanouir sans laisser de trace.

Sillonnant sans interruption ce décor urbain étouffant, notre héros, Art, oscille entre prosaïsme et naïveté touchante et ne cesse de nous étonner, au milieu de tant d'incongruités, par la justesse de certaines de ses pensées.

Car l'absurdité survient, aussi subtile que l'écriture de Stephen Dixon, berçant le récit d'une perspective kafkaïenne qui en réhausse d'autant plus la qualité. Cette chronique ininterrompue prend alors des allures d'épopée fantastique, tragique, à l'image de la noirceur des rues New Yorkaises et nous laisse, finalement, autant de perspectives que de limites.

Note: Lu dans l'ancienne édition des éditions Balland, j'ai préféré indiquer les références de l'édition actuelle, toujours disponible aux éditions Cambourakis.


Jamais trop tard | Stephen Dixon | Traduit par Isabelle El Guedj | Éditions Cambourakis

 
Lire la suite...

from Ma vie sans lui

Le chemin

Je pleure moins. Moins souvent, jusqu'à 8 jours d'affilée, ce qui n'était jamais arrivé depuis “le jour où” et moins en quantité. Parfois, les larmes montent aux yeux et elles restent là, en bordure de mes paupières, indécises et fragiles. Je pleure moins, donc. *

Pour autant, je ne sais pas si c'est vraiment un soulagement. Pour ma vie sociale et professionnelle, sans aucun doute. Je peux parler de mon amoureux sans pleurer, je peux parler de nous deux, de notre histoire, de notre amour incroyable, du destin sans pleurer. Je peux parler de sa mort (du moment où il est mort, je veux dire) sans pleurer mais il ne faut pas trop insister. La limite est là. J'imagine que pour mes proches, c'est un vrai mieux.

Pour mon chemin de deuil (parce que je préfère ce mot à celui de travail), je ne sais pas dire si c'est bénéfique, il est sûrement trop tôt pour le dire. Je continue à faire exister mon amoureux à travers mes souvenirs, les objets et les traces qui me restent de lui, je continue à vivre mon chagrin mais d'une autre façon que dans ces torrents de larmes que j'ai versés pendant des mois. Je pense à lui, souvent, surtout en cette période de grands changements (achat d'une maison, préparation de mon déménagement). Mais je lui parle moins à voix haute.

De temps en temps, mes yeux viennent chercher les siens sur l'unique photo de lui que j'ai laissée au mur, au-dessus de mon bureau, les autres ayant rejoint la valise de souvenirs. Sur cette photo, nous posons tous les deux, le long du sentier douanier breton. Derrière nous, la mer et des rochers, et des bruyères en fleur. Le ciel est gris mais nous avons l'air heureux. Et ses yeux se plissent comme pour sourire, c'est tellement lui sur cette photo !

Je le regarde et je soupire. C'était le temps heureux du premier été que nous avons passé ensemble, un temps heureux pour toujours, même s'il n'est plus là maintenant. J'aurai pour toujours ce moment ainsi que tous les autres où nous avons été heureux.

“Pour toujours”, c'est ce qu'il disait depuis le tout début à propos de nous deux. Il ne le savait pas mais pour lui, il avait raison. En ce qui me concerne, mon amour pour lui est encore là, intact (ce qui me laisse parfois sans voix tant cette chose me paraissait impossible les premiers jours), mais “pour toujours”, je ne peux évidemment pas l'affirmer.

Et c'est ce qui me terrifie le plus sur ce chemin de deuil, d'envisager la fin de mon amour pour lui, un jour. Je ne suis pas prête.

  • il va sans dire que j'ai beaucoup pleuré en rédigeant cette note, surtout la fin, ouf !
 
Lire la suite...