Et parfois, comme une petite victoire
Il y a les jours où je suis au fond du gouffre et où rien ne semble pouvoir me faire sortir de là et puis, depuis peu, il y a aussi des jours où je ne pleure (presque) plus. Des jours où le chagrin reste en surface. L’œil un peu humide, la voix pas très assurée mais tout en maitrise, voire même dans un début d'acceptation de la situation.
Cela m'a frappée tout à l'heure, où après m'être vraiment bottée les fesses pour sortir un peu de chez moi, je me suis retrouvée, tout naturellement, sur le petit chemin qui passe à côté de la forêt où j'ai dispersé les cendres de mon amoureux, il y a quelques semaines. Écouteurs dans les oreilles, j'ai lancé LA playlist, celle du jour J, celle qui m'a accompagnée depuis qu'il est mort et je suis partie tranquillement faire mon petit tour. J'ai vu l'arbre planté par ses stagiaires, je suis allée examiner son feuillage, son pied puis j'ai poussé dans le sous-bois, jusqu'à l'endroit où repose mon amoureux. Il y avait plein de petits champignons planqués sous les lierres, un peu de vent dans les sapins, et même quand la chanson est passée, celle de la dispersion des cendres, mon chagrin est resté en surface. Un sanglot a gonflé ma poitrine mais il est resté là, sagement, et j'ai continué ma promenade, en pensant que cet endroit était vraiment beau et apaisant et j'étais heureuse de savoir qu'il était là.
Plus loin, tout en continuant à marcher, j'ai repensé à toute cette histoire, la nôtre, si belle, si intense, et puis tout à coup, à celle qui me reste à vivre, sans lui. Parce qu'évidemment, pour l'instant, son absence me fait un mal de chien mais je vais bien finir par la dompter et mon histoire à moi, sans lui, reste encore à écrire.
Alors oui, quand le chagrin reste en surface, comme aujourd'hui, c'est une petite victoire.