“Mort de cause naturelle”
Mes questionnements sur l'éventualité de don d'organes de mon amoureux ont été vite balayées, le suspens a pris fin hier, avec la réception du rapport d'autopsie.
Ce n'est pas moi qui l'ai reçu, évidemment, moi je ne suis rien aux yeux de la loi pour lui. Mais son père m'a appelée hier soir pour m'en lire les principales conclusions. 17 pages quand même, qu'il a lues en entier, lui, de l'examen superficiel aux analyses internes et toxicologiques, dont les résultats ont tout de même mis 3 mois à arriver. Je ne suis pas sûre d'avoir un jour le courage de lire le truc dans son intégralité mais de toute façon, rien ne m'y oblige. Laissons passer un peu de temps.
Je les attendais, ces résultats, j'avais l'impression que sans eux, mon deuil ne pourrait se faire complètement et maintenant qu'ils sont là, j'ai la sensation d'être revenue au 12 août à 8h45 et qu'il est en train de mourir pour la 2e fois.
Mon amoureux est mort de cause naturelle, d'embolies pulmonaires multiples antérieures (de 10 jours pour la plus ancienne à 2-3 jours pour les plus récentes) sur une pathologie cardio-vasculaire, plusieurs de ses organes ont été touchés par ces caillots qui se baladaient en silence dans son corps : son foie, ses poumons, son cœur, son cerveau, enfin.
Mon amoureux n'était pas en bonne santé mais il ne le savait pas, je ne le savais pas, la mort l'attendait et pouvait frapper à tout moment mais le rapport semble indiquer un stress intense qui a tout fait exploser (je parie sur la panne de sa voiture qui l'a contrarié au plus haut point, en plein milieu de nos vacances).
Il n'y avait rien à faire, j'aurais pû faire un massage cardiaque plus énergique 2 minutes plus tôt, c'était plié de toute façon. Il a dû souffrir énormément, le peu de temps que ça a duré et oui, son dernier mot (“désolé”) voulait bien dire qu'il savait qu'il était en train de mourir.
Ce rapport d'autopsie, contrairement à ce que je pouvais penser, ne m'apporte aucun soulagement, il ravive au contraire la blessure et le traumatisme de cette mort violente à laquelle j'ai assisté. Oui, j'ai été avec lui jusqu'au bout, j'ai été active et je lui ai parlé jusqu'à la dernière seconde. Oui, c'est bien qu'il ne soit pas mort tout seul. Maintenant que je le sais, est-ce que ça m'apporte du réconfort ? Non.
Il ne me reste que ce chagrin monstrueux qui m'étouffe et ce deuil que j'ai l'impression de recommencer à zéro. Mon Dieu, que c'est difficile... Je ne sais pas si je vais y arriver.