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from Depuis les Gorces

Les notes que j'ai prises lors des conférences / ateliers / formations. Évidemment incomplètes et orientées ! Cet été, les journées d'été des écologistes avaient lieu à Strasbourg. Je m'étais fait un programme un peu light pour profiter aussi de ma petite famille, et avoir du temps pour discuter avec les copaines. Mais j'ai quand même pu participer à quelques ateliers et formation. En voici une restitution un peu au kilomètre.

Sommaire

La conférence de Chapoutot sur le parallèle entre l'accession des nazis au pouvoir et aujourd'hui

Le jeudi, j'ai démarré la journée par la conférence avec l'historien Johan Chapoutot qui compare l’accession des nazis au pouvoir en 1932 et le contexte politique actuel. Passionnant. Et un peu beaucoup flippant.

Quelques learnings :

Les nazis n'ont pas gagné d'élections pour arriver au pouvoir

  • Les nazis n’ont pas pris le pouvoir, ils n’ont pas non plus été élus comme le dit le mythe. Ils y ont été mis par « l’extrême-centre » qui avait un mépris de classe pour Hitler et le pensait donc peu nuisible et utile.
  • Électoralement, les nazis perdait du pouvoir au moment où Hitler est nommé chancelier.
  • Il y a eu plein de petits évènements qui ont fait que le poste de chancelier a été donné à Hitler qui font que Chapoutot est convaincu que c’était évitable.

Le contexte actuel ressemble beaucoup au contexte qui a mis Hitler au pouvoir

  • Un extrême centre prêt à tout pour conserver le pouvoir et ne pas laisser la gauche aller au pouvoir
  • Une gauche relativement forte
  • Une personne extrêmement riche qui achète les médias (1/3 des titres de presse dans l’allemagne pré-nazie) pour y déverser une propagande anti progressisme. Il y avait même un terme utilisé de la même manière « wokiste » : « judéo-bolchévique »
  • Le rôles des industriels

Au départ, les industriels sont pas super chauds patates pour soutenir les nazi : Ils sont condescendants envers ces personnes qu'on connait mal et qui ne fréquentent pas nos cercles. Mais les Dominique Seux de l'époque font les entremetteurs etles industriels se retrouvent dans une vision de restauration de l’autorité et de réduction de la démocratie et du pouvoir des syndicats. Ils finissent par soutenir le nazisme. Et ils auront eu “raison” car la guerre les aura largement enrichis.

Point constitution

La constitution de Weimar de 1919 avait un article qui a permis à la droite et à « l’extrême centre » de gouverner en se passant du parlement. Les nazis arrivés au pouvoir n’ont eu qu’à poursuivre l’engagement dans cette brèche dans la continuité.

OK. Pas de bol.

Mais !

  • La constitution française est inspirée de la constitution de Weimar : un professeur des universités de Strasbourg a accompagné de Gaulle dans la rédaction de la cinquième constitution en s’inspirant de la constitution de Weimar très présidentialiste et en gardant les articles sur les pleins pouvoirs.
  • L’utilisation répétée des 49.3 rappelle exactement la manière de gouvernement allemand avec des 48.2 juste avant que leur président ne donne le pouvoir à Hitler.

Conclusion

Bref, c’est (ultra)flippant.

Mais Chapoutot conclut avec un message d'espoir : l'accession des nazi au pouvoir n'était PAS inéluctable en allemagne, ça ne l'est pas non plus chez nous. Il y a eu des « accidents » qui auraient totalement pu se passer différemment, mais clairement, le contexte est le même.

Formation médiatraining

L'après midi, on change d'ambiance. #Mediatraining N'ayant pas d'ambition électorale, je ne suis pas dans le public cible.

Nous avons parlé de plusieurs types de prise de parole dans le cadre de la préparation aux élections municipales. • L’interview : ◦ En direct ◦ Pour un reportage • Le débat (non abordé car beaucoup plus compliqué) Nous avons aussi abordé le rôle de l’image et de l’impression que l’on donne ainsi que les communiqués de presse.

J'ai appris quelques trucs, et surtout ça m'a donné du grain à moudre sur certains trucs dont j'étais convaincue, donc ça c'est intéressant.

Conseil pour les interviews surtout dans la perspective d'un reportage, TV ou écrit

On a regardé quelques photos illustrant des articles de presse sur des écolos qui travaillent / préparent leurs campagnes pour les municipales. Bon, la photo d'une bande de gars débraillés dans un jardin, c'est pas super pro.

1. Gérer le cadre

Proposer un lieu neutre et qui donne une impression de sérieux et de politique : • Exemple : un point de vue d’où on voit la ville où on candidate • Contre exemple : Dans son jardin

2. Se déguiser en candidat·e respectable.

Ça j'ai eu du mal. Pour moi c'était classiste de nous demander d'adopter les codes des puissants.

L'avis de la formatrice : le but des élections est de récupérer des voix de personnes qui ne voteraient pas nécessairement pour nous. La moitié des électeurices ont plus de 50 ans, et ces électeurices sont conservateurs. Iels pensent que quelqu’un qui ne fait pas l’effort de bien s’habiller (c’est-à-dire de prendre certains des codes vestimentaires des « dominants » = s’habiller comme quelqu'un du PS) ne mérite pas d’être élu·e / ne sera pas sérieux.

C’est nul, mais aujourd’hui ça fonctionne comme ça.

3. Préparer le contenu de l’interview

  • Choisir le message prioritaire que l’on veut faire passer et être capable de l’exprimer clairement en une vingtaine de secondes.
  • Imaginer les questions que Hanouna ou Pascal Praud poserait et préparer ses réponses ; on doit avoir des arguments avec du fond, et ça se travaille.
  • Ne pas accorder une interview trop longue pour la préparation d’un reportage : plus l’interview est longue plus lae journaliste pourra choisir au montage un message qui n’est pas central pour vous.

4. Pendant l'interview : garder le cap

Souvent on se plaint que lea journaliste n'a retenu que ce qui ne compte pas... Mais souvent c'est qu'on a parlé beaucoup trop longtemps.

  • Plus l’interview est longue plus lea journaliste pourra choisir au montage un message qui n’est pas central pour vous.
  • Ne PAS reprendre l'argumentaire de nos détracteurs. Par exemple ne pas utiliser les expressions « écologistes et agriculteurs en guerre » ou « écologie punitive » même si c’est mots ont été utilisés dans la question. L’idée est que réutiliser ces mots leur donnent de l’audience, et en plus notre cerveau a du mal à voir que c’est utilisé avec une négation, et on contribue donc à renforcer cet ancrage.

On a travaillé le fait de ne pas reprendre l'argumentaire de nos détracteurs sur un exercice (enfin, ça n'a pas été fait dans ce sens là, ce qui pédagogiquement est un peu dommage) où on devait répondre à des journalistes après une action activiste d'écologistes contre l'utilisation d'un pesticide.. Bref, un exemple de comment répondre sans prendre l'argumentaire de l'opposition :

  • Q : est-ce que vous diriez aussi que c’est toujours la guerre entre écologistes et les agriculteurs ?
  • R : Les écologistes sont les meilleurs amis et soutiens des agriculteurs. Nous avons fait blabla nos avons des agriculteurs dans nos rangs.

  • Afficher une posture « sérieuse » On rappelle que le but est de se faire élire par des personnes qui ne liront pas notre programme et qui nous jugerons en 5 secondes sur notre apparence. Nous n’avons en général pas le luxe de casser les codes, sauf si nous avons déjà gagné ou une belle image de marque. Donc quelques conseils au visionnage de nos vidéos brouillonnes :

  • S’ancrer dans le sol, et ne pas trop bouger (mains, corps)

  • Garder le sérieux (pas de blague etc)

  • Prendre le temps de bien respirer pour pouvoir poser sa voix.

Le communiqué de presse

Il faut faire simple, court et surtout facile à lire. C'est l'opposé de complet et précis.

L'introduction

Tout en haut du CP, les 5 W

  • Who (qui),
  • What (quoi),
  • When (quand),
  • Why (pourquoi),
  • Where (où ?)

Ex : le groupe local des écologistes du Grand Libournais Nord Gironde vous convient à une conférence le 23/04/2072 à la salle des fêtes de Libourne pour comprendre le scandale de la déchetterie de Lapouyade.

Titre et sous titre

Ex : • Titre : Déchetterie à Lapouyade • Sous titre : un scandale financier

Un ou deux paragraphes de contexte

On peut faire ça en 600 signes. En faisant ça, on facilite la vie du journaliste qui peut reprendre à l’identique le communiqué pour en faire une rubrique courte dans un journal. On a eu plusieurs témoignages de communiqué de presse repris à l'identique par lae journaliste, et c'est pas mal car au moins comme ça c'est bien notre message qui passe.

Atelier OFF radicalement votre sur les quartiers populaires : avant garde de l’écologie

1. Ne pas apporter l'écologie dans les quartiers populaires

Les intervenant·es nous ont rappelé que les habitant·es de ces quartiers ont en général des modes de vie plus « écologiques » que les personnes qui ont plus de moyens. Il est donc très malvenu que les écolos urbains viennent dans les quartiers pour « apporter l’écologie » et donner des leçons de comportement.

2. Parler positivement des quartiers populaires

Le deuxième point est qu’on voit souvent ces quartiers comme des lieux qui manquent de tout. Et c’est en partie vrai : ils manquent d’espaces verts, ils manquent de transports en commun et d’habitats décents. MAIS ils ont une vraie solidarité et un dynamisme impressionnant qui sont des modèles pour les quartiers pépères plus « favorisés ».

3. Laisser sa place

Enfin, le matériel de campagne des écolos, les personnes qui les représentent, ne sont pas du tout audibles dans les quartiers populaires. Il y a nécessité d’avoir plus de diversité sociale dans le parti, surtout dans les postes de représentation.

Les personnes qui sont actuellement au pouvoir (têtes de liste, co-secrétaires, etc) doivent se retirer pour laisser la place à des personnes qui ont peut être parfois une moins bonne formation politique (c'est l'excuse pour ne pas laisser sa place) mais qui sont confronté·es à un plafond de verre.

es personnes qui subissent le plafond de verre et qui sont issues des quartiers populaires sont intelligentes, brillantes, et ne demandent qu’à apprendre.

Aux hommes et femmes blanches bien né·es de laisser leur place et d’être des soutiens pour les accompagner dans l’exercice du pouvoir 🙌

Grâce à cet atelier, j'ai pu (mieux) découvrir : • Sabah Badji (tête de liste à Avignon), • Hassen Hammou (Marseille) • Melissa Camara (Eurodéputée) • Lydia Frentzl (Conseillère municipale à Marseille)

Formation sur la lutte contre l'antisémitisme

Je n’ai aucune formation sur ces sujets, je ne reconnais jamais un nom d’origine juive, j’avais donc tout à apprendre.

Erreur n°1 : penser que le fait de se reconnaître (ou d’être perçu comme) juif·ve est lié à la religion

C’est une erreur qui est souvent faite, même par des personnalités politiques qui vont dire « tout mon soutien aux personnes de confession juive » au lieu de dire « tout mon soutien à la communauté juive ».

On se sent juif car on a une histoire d’immigration juive, qu’on a des parents ou des grands parents juifs, qu’on est dans une culture juive, ou qu’on a la religion juive, ou … Et parfois, on ne se sent pas juif, mais on nous renvoie l'être. Comme dirait Sartre (m'a-t-on dit sur Mastodon), « c'est l'antisémite qui fait le juif ».

Erreur n°2 : partager et renforcer les mythes antisémites

Un grand nombre de messages (ou de visuels ou ...) sont antisémites quand ils propagent ou refont vivre des grands mythes antisémites (et évidemment, il y en a plein que je ne connaissais pas)

Mythe n°1 : Le mythe déïcide

Il y a un mythe (faux donc) qui dit que c’est le peuple juif qui aurait tué Jésus. Ce mythe chrétien a justifié de nombreux massacres de juifs. Ce mythe est encore utilisé aujourd’hui pour dénoncer le génocide palestinien est ça renforce l’antisémitisme. On a vu par exemple une image avec un jésus en croix portant le foulard palestinien avec derrière lui une foule de militaire rappelant les SS et encore derrière les ruines de Gaza. Cette image rappelle le mythe déïcide et rend responsable du génocide les juifs et non l'armée israélienne.

Mythe n°2 – les juifs sont responsables de tous les maux.

Les sociétés fonctionnent toujours avec la recherche de boucs émissaires. Les juifs ont souvent été désignés comme les boucs-émissaires évidents. Ils ont par exemples été désignés comme responsables de la peste ou des puits empoisonnés ou de tous les maux de la société.

Pour la peste, on peut expliquer car ils étaient moins touchés par la peste car ils étaient exclus / isolés… Quand les juifs ont été expulsés de France, le rôle de bouc-émissaire a été transféré aux femmes, et en particulier aux sorcières.

On retrouve ce trope par exemple quand :

◦ Il y a un crime pédophile, on se demande si le suspect est juif ◦ Il y a une personnalité juive, on l’accuse de pédophilie.

Mythes 3 et 4 : richesse et pouvoir

  • Mythe n°3 : les juifs seraient riches : pas plus que d’autres catégories de la population, mais ce mythe prend son origine dans le fait que dans le passé, les chrétiens n’avaient pas le droit de prêter de l’argent pour en gagner (usure).
  • Mythe n°4 – les juifs seraient puissants : pas plus que les chrétiens ou les protestants, mais par le passé, les juifs ont peut être eu des raisons de se rapprocher des cercles de pouvoir puisqu’ils pouvaient être exterminés ou exilés du jour au lendemain.

Les deux derniers mythes permettent de se désolidariser de la lutte contre l’anti-sémitisme qui serait moins grave que les autres racismes. En effet, les autres racismes seraient envers des personnes plus pauvres que la moyenne et moins puissantes que la moyenne, donc c’est plus charitable de les plaindre. L’antisémitisme serait un problème de bourgeois blancs.

Sauf que l’antisémitisme tue encore aujourd'hui, et qu’aucune mort ne vaut davantage qu’une autre.

Alors on fait quoi ?

On n'a pas eu beaucoup d'infos sur quoi faire, mais je retiens deux choses :

  1. Se former pour repérer les tropes anti-sémites
  2. Écouter et ne pas se vexer si on nous fait remarquer qu'on a dit quelque chose d'antisémite
  3. Ne pas mettre en concurrence des drames, des victimes, des mémoires, des nombres de morts etc.

On peut dénoncer le massacre des gazaouis sans être antisémite. Ce n'est pas utile de comparer le nombre de morts dans différents conflits pour faire des compétitions. C’est du whataboutisme qui nuit toujours aux luttes.

OFF radicalement votre – l’antispécisme

Je n’ai pas été très à l’aise avec les intervenant·es de la société civile que j’ai trouvés plutôt méprisant·es ou condescendant·es avec les personnes qui ne pensent pas comme elleux.

’ai par contre apprécié à la discussion que j’ai ensuite eue avec Théo et Charlotte qui m’ont expliqué que l’anti-spécisme n’est pas une théorie figée et que je ne suis pas obligée d’adhérer à tout ce que dit Aymeric Caron pour me revendiquer de l’anti-spécisme.

Il suffit en gros de dire qu’on veut sortir d’un système de domination des animaux, comme on peut être féministe et ne pas adhérer aux thèses de toutes les féministes.

Du coup, je crois que je pourrais me définir comme anti-spéciste 🤔

(j'avoue que les posts des vegan ultra véner de masto me font avoir pas du tout envie de porter cette étiquette... mais on a probablement besoin de modérés qui portent aussi cette étiquette)

Formation – résolution de conflit

J’ai été rassurée que ça ne soit pas une formation qui utilise des outils BS comme le disc ou autres. Le formateur s’appuie sur deux cadres :

  • La communication non violente, que je connaissais déjà,
  • et l’ATCC : Approche et Transformation Constructive des Conflits.

Dans cette deuxième approche, l’idée est que le conflit pour souvent entre plusieurs personnes, mais il révèle un problème sous-jacent de structure ou de culture. J’ai beaucoup aimé cette idée et j’aimerais approfondir ce sujet. 📖

Malheureusement, la formateur a passé beaucoup de temps à présenter des anecdotes personnelles et on a peu eu l’occasion de pratiquer et/ou de conseils pratiques.

Atelier OFF Radicalement Votre – Retour sur la commission d’enquête sur les VSS dans le monde de la culture

Il y avait 3 intervenantes pour cet atelier :

  • Emmanuelle Dancourt, journaliste fondatrice de #MeTooMedia,
  • Karine Huet, secrétaire générale du SNAM CGT
  • et Sandrine Rousseau, députée écologiste et présidente de la commission d’enquête sur les VSS.

Je retiens deux éléments :

  1. Aujourd’hui il est super difficile de médiatiser une affaire de VSS (par ex elles n'arrivent pas à médiatiser une affaire avec 800 victimes présumées dont 300 ont déjà porté plainte 😦 )
  2. Il y a un énorme besoin de formation, et de formation de qualité, qui prenne en compte la question du patriarcat et de l’aspect systémique des VSS. Et ça c'est ma came, et ça me donne envie d'agir.

Conclusion

Je suis bien contente d'avoir été à ces journées pour apprendre des nouvelles choses. Je suis aussi contente d'avoir mis cette liste au propre pour partager, et surtout, ne pas tout oublier sitôt dans le TGV du retour 😉.

On peut poursuivre la discussion avec plaisir, par mail ou sur mastodon 😉.

#LesEcologistes

 
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from admin@

Cette histoire est vraiment abjecte ! Franchement, c’est le moins qu’on puisse dire… C’était un homme vulnérable, influençable, qui est tombé sur des « amis » qui n’avaient aucun respect pour lui — et c’est un euphémisme. C’était quelqu’un de fragile, qui n’avait jamais connu l’amour, n’avait pas d’enfants, et souffrait d’un manque affectif évident. Apparemment, il est resté vierge jusqu’à la quarantaine et a perdu sa virginité avec une escorte. Évidemment, on peut facilement s’identifier : un homme vierge tardif, psychologiquement fragile, en manque d’affection, etc. Et dis-toi qu'il n'était pas seul ! il y avait un autre homme fragile, et lui était officiellement diagnostiqué avec un handicap sous curatelle.

Je ne suis pas surpris que Naruto (l'un des protagonistes) et sa clique se dégonflent et qu’ils nient tout en bloc, malgré les images, malgré les sévices dont ils sont auteurs.

C’est l’excuse facile de dire qu’il était consentant, qu’il ne souffrait pas et que ce n’était qu’un simple jeu d’acteur. En gros, à les entendre, ça se résume à : « Circulez, il n’y a rien à voir. »

J’espère que justice sera rendue, j’espère que la justice fait actuellement son travail, peut-être en sous-marin pour éviter que des informations cruciales ne soient divulguées au public. Mais ce qui s’est passé ne peut pas rester impuni : ils l’ont usé jusqu’à la corde, ils ont profité de sa fragilité, de sa vulnérabilité. Et dire qu’ils se disent attristés par sa mort… À mon avis, l’empathie et la compassion, ça fait belle lurette que ces « amis » les ont perdues. Ils doivent surtout être attristés que la poule aux œufs d’or ne puisse plus leur rapporter des sommes astronomiques chaque mois. Sa mort ? Très probablement qu’ils s’en contrefoutent.

Un youtuber avait déjà tiré la sonnette d’alarme il y a sept mois. Il avait mené une enquête approfondie sur le sujet, mais sa vidéo n’avait pas eu assez de visibilité.

Voir la vidéo sur YouTube

 
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from 𝐋🅦🆄𝐢𝖇-ᖆ_🐧

🚧 Article et orthographe en travaux.

Je suis partis début Mai 2025, 20 jours au Japon, De Tokyo à Osaka, en passant par Hiroshima, Kyoto, Hakone et retour à Tokyo. Cet article fait partis de ceux consacré à cet expérience.

Les autres articles 0. Japon, un rêve oublié 1. Japon, ma préparation 2. Japon, les vols 3. Japon, premier contact 4. Japon, Osaka et Nara 5. Japon, Hiroshima et Myajima 6. Japon, Kyoto 7. Japon, Hakone 8. Japon, retour à Tokyo 9. Japon, retour en Europe


Le 09 mai

L'aéroport et les formalités passées, nous voilà dans le train pour la gare de #Ueno.

Pour nous chaque détails est un émerveillement, le quai avec ses portiques et les signes au sol et en japonais sur les panneaux, le calme et la propreté. Les annonces de train en japonais et avec les musique de notifications. L'intérieur du train, vaste et lumineux, encore une fois, calme et propre, avec son grand espace pour stocker les bagages. Et ce qu'on découvre par la fenêtre, urbanisme japonais de banlieue, à la fois connue mais vraiment différent de chez nous dans les panneaux, les intersections, les enseignes, l'architecture... Nous voilà arrivé à la gare, il faut sortir.

A l'intérieur des bâtiments et dans les étages en surface ou aux sous-sol, il faut se faire une raison, Google maps ne sera que très peu pertinent. Heureusement on a des yeux reliés à un cerveau donc LES sorties sont facile à trouver. Le souci c'est de savoir si elles nous feront sortir vers la rue où on voudra aller. Parfois même elles font sortir à l'intérieur d'un autre bâtiment.

Donc nous voilà sortie à l'intérieur d'une galerie marchande, avec le dehors en vue. Mais il va falloir pour aller vers la rue au bout de laquelle se situe notre premier hôtel, traverser un boulevard routier. Là multiples choix labyrinthiques, en dessous (mais nombreux passages piétons) ou par dessus des passerelles (mais escaliers). de toutes façon la valise avec le sac cabine posé dessus, que je pensais pouvoir faire rouler debout sur ses 4 roues, va se bloquer tout les 5m dans les énormes bandes et cheminements dédiés aux personnes mal-voyantes. J'en avait déjà eu un échantillon dans la gare. Donc ce fut galère et sueur (pendant tout le séjour).

2 kms plus tard (sur papier ça paraissait facile), nous voilà arrivé au KIN Hotel. Entrée moins majestueuse que sur Booking, mais classe et pro qu'on n'est pas habitué aux hôtels. 17100¥ pour une nuit pour 2 en lit jumeaux. Petite chambre mais confortable, salle de bain standard hôtel japonais1. Le +, une laverie et un Onsen2 sur le toit. Le + comme dans tout les hôtels japonais (qu'on a fait), les petits nécessaires comme les produits d’hygiène individuels, à écrire, portes-manteaux et spray genre febreeze, et les produits de douches étaient qualitatifs. Et classique une bouilloire avec stick café ou thé Matcha.

Un petit rafraichissement et on repart pour découvrir le quartier de la gare d'Ueno, aussi grand mais plus dense que le centre ville de #Lille.

1er constant, le Japon à beau être dans la même hémisphère que la France le soir tombe vite en mai, 18h la luminosité baisse vite. Cette fois-ci on fait un peu le tour du centre commercial de la gare, et C qui connaissait cette marque de lunette locale JᴉNS m'y emmènes pour faire réparer mes lunettes (cf chap2). Évidement nous sommes accueillis et servis avec toute la politesse, le tact et le service que l'on pouvait attendre des Japonais. Réparé en un instant. J'ai demandé si je pouvais payer en montrant ma CB et en disant “ii desu ka ?”. Mais non. Whaou! “arigato gozaimasu”+inclinaison au moins à 45°😊. Direction en suite le parc d'Ueno. Tout de suite je suis envahie d'odeurs jamais senties en vrai dans la nature comme celles des Camphriers. Merveilleux souvenir olfactif. Nous sommes pour la première fois devant l'architecture de temples et sanctuaires avec dans ce crépuscules toutes ces lanternes en papier allumées. Puis nous sommes arrivé devant le lac, avec les reflets des building illuminés au loin se reflétant dedans. Et en fond sonores les centaines de grenouilles croassantes.

Retour à l’hôtel par la ville. Passage dans un 7Eleven pour quelques onigiri apéro bon et bon marché et un retrait de liquide (10000¥ > 110¥ de frais, mais les moins élevés que vous trouverez) Premier contact avec des rues étroites, surchargées de boutiques et d’enseignes à foison, des japonais plus exubérants que la journées sur les grandes avenue. Y compris des rabatteurs en costards et des soubrettes, pour vous faire rentrer dans leur établissements.

[1]: Les sdb des hôtels étaient une sorte de cabine en plastique avec tout intégré: toilettes japonais, lavabo et baignoire/douche. Le sol auto-drainant. Petites mais super fonctionnelles.

[2]: Ici le onsen, donc une petite piscine/bain chaud en dur dans lequel on va à plusieurs (non-mixité) et à poils, avec pièce pour se changer et se laver avant. Le tout à l'air libre sur le toit de l'immeuble.

🚧 Article En Travaux


#Japon #Tokyo #Osaka #Hiroshima #Kyoto

 
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from 𝐋🅦🆄𝐢𝖇-ᖆ_🐧

Il faut que je vous parle de PDF Arranger💖

C'est un logiciel1 de manipulation de PDF, OpenSource et Gratuit. Il est léger et permet en local de: – ouvrir un PDF et bouger visuellement à la volée les pages dans l'ordre souhaité – supprimer des pages – ajouter et fusionner des PDF – tourner des pages – extraire une ou plusieurs pages – ajouter des images comme des pages – rogner les marges ou des parties de pages – séparer ou assembler plusieurs page en une

Sans faire avec ce logiciel, des formulaires ou des annotations de PDF, c'est LE👑 logiciel comme son nom l'indique pour arranger les pages d'un PDF, sans usinage à gaz, pub et gratuitement.

[1]: et une interface graphique de PikePdf, une bibliothèque Python

 
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from Un Spicilège

Patrick Dewaere - À part ça la vie est belle

Quand Patrick Dewaere est mort, j'avais 2 ans. Autant dire que ce n'est pas un acteur que j'ai connu de son vivant. Pourtant, je me rappelle exactement dans quel film je l'ai découvert pour la première fois. C'était dans La meilleure façon de marcher, un film de Claude Miller que je garde en grande affection, sans doute car le fait de l'avoir vu jeune l'a rendu d'autant plus marquant. Dewaere, dedans, est particulièrement détestable, et je crois que je n'ai jamais oublié, même après avoir découvert un peu plus de son travail, cette première impression.

Je fais une petite digression pour vous raconter que ce fut également le cas de Jean Carmet que j'ai découvert très jeune dans le très choquant (mais magistral) Dupont Lajoie. J'ai aimé passionnément le travail de Carmet mais je n'ai jamais pu totalement occulter George Lajoie dès que je le voyais.

Pour en revenir à Dewaere, après La meilleure façon de marcher, il y a eu Coup de tête, Série noire, d'autres dont évidemment... Les Valseuses. Film marquant s'il en est, je n'oublirai jamais ni la gêne, ni la fascination qu'il m'a provoquée. Je n'étais pas bien vieille, encore, je crois. Je retire de toutes ces découvertes un profond respect pour son travail et quand j'ai aperçu cette bande dessinée biographique, j'étais très curieuse d'en savoir plus sur l'artiste.

Dans cet ouvrage riche en anecdotes, les auteurs s'attachent à éclaircir un peu le mystère qui entoure le comédien. De son enfance tourmentée à son émancipation, des années Café de la gare à ses grands rôles au cinéma, de ses doutes à ses colères, c'est toute la sensibilité de Dewaere qui nous est contée, sublimée par le trait délicat de Maran Hrachyan qui correspond particulièrement bien à l'ambiance douce amère du récit.

Biographie fouillée à la narration soignée, ni voyeuriste, ni sensationnaliste, elle m'a appris nombre de choses. Balayant tous les aspects de la personnalité de l'artiste, le montrant dans ses triomphes comme dans ses fragilités, on y découvre un homme qui n'a sans doute jamais eu le mode d'emploi de la vie, qui la vivait trop fort jusqu'à s'y abîmer, qui la prenait en grippe jusqu'au geste fatal qui aura eu raison de lui.

Ironiquement, pour quelqu'un qui, semble-t-il, estimait n'avoir jamais assez de succès, je crois qu'il incarne parfaitement celui qui voit malheureusement son succès mieux reconnu après sa mort.

Parfait hommage à son talent et à son travail, la bande dessinée se lit d'une traite, avec plaisir et émotion, et a su combler les attentes de l'amatrice de cinéma français que je suis.


Patrick Dewaere – À part ça la vie est belle | LF Bollée et Maran Hrachyan | Glénat

 
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from LeDandyGourmet

J'y vais mais j'ai peur

Journal d'une navigatrice

de Clarisse Cremer et Maud Bénézit

Bd sympa à la Marion Montaigne (en plus consensuel) et bourrée d'infos passionnantes sur la navigation en mer durant un Vendée Globe. On note toutefois une évacuation très rapide de trois choses : l'argent, le collectif et l'écologie au profit d'un roman autocentré à la sauce développement personnel.

Ainsi, comme par magie, Clarisse trouve ses premiers sponsors. Ainsi, comme par magie, la Banque Postale la contacte pour lui proposer le Vendée Globe. Il s'agit de trouver des millions mais finalement, en trois cases, c'est résolu. Fascinant. Pourtant il aurait été pertinent de parler des accointances entre la banque et cette fille d'école de commerce. Une des leurs qui part en mer. Le narratif est parfait et contente les clients les plus importants.

De la même façon, le collectif est évacué très rapidement. Une page ou deux au début de la BD et on oublie vite l'équipe restée à terre ainsi que le conjoint. Tout ne tourne qu'autour de l'héroïne, ses doutes internes, ses échecs et ses réussites.

Comme une lueur d'espoir, p167, il y a, avec le passage du Cap Horn, une critique de l'idéalisme mais une fois le “nuage noir” passé, le retour de l'individualisme est total et c'est avec ahurissement que je suis arrivé p180. Ici, commence un chapitre sur l'écologie. Sur une case, tout est évoqué en minuscule : réchauffement, acidification, perte de la biodiversité,... Une des premières réflexion est : “Je me sens perdue face à tout ça.” La page suivante se résume à : “Pas d’autoflagellation”. Et p182, c'est déjà terminé. Ciel bleu. On passe à autre chose. Deux pages, deux petites pages sur la tragédie du 21ème siècle. Hallucinant mais est-ce étonnant ? Sûrement qu'à la troisième page, il aurait fallu critiquer le responsable du désastre : le capitalisme et ainsi son propre sponsor, la Banque Postale. Difficile grand écart.

Nouvelle lueur d'espoir p201 : “ Je n'étais pas si seule finalement.” Comme un aveu d'une individualité qui a oublié tout le collectif humain qui la soutient depuis tant de mois. Mais je suis de mauvaise foi. L'évocation de l'équipe et les remerciement reviennent régulièrement. Cependant, il y a ce perpétuel questionnement sur soi, sur sa légitimité, sur son dialogue interne qui noie complètement la question du groupe. Il y a même une célébration de l'individu pur qui n'a pas besoin des autres, qui pourrait bien resté seul ad vitam. Après tout, le capitalisme n'est-il pas l'enfant des marins commerçants ? Sans attache, fluide, libre, liquide, loin du paysan bourru et réfractaire.

Heureusement, de la p207 à la p211, la question féministe est abordée plus longuement. C'est nécessaire mais sûrement insuffisant. Encore une fois, je trouve ça très autocentré et dépolitisé mais c'est déjà ça.

Pour résumé, J'y vais mais j'ai peur est un chouette roman bourgeois que j'ai lu d'une traite avec beaucoup d'intérêts mais qui m'a laissé un goût amer (salé ?) dans la bouche.

 
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from Ma vie sans lui

Toujours là

Cela va faire un an. Et comme le disait cette autrice américaine à propos du deuil de son mari (je ne sais plus s'il s'agissait de Joyce Carol Oates ou de Joan Didion), j'ai survécu. J'ai toujours aussi mal quand je pense à mon amoureux et à sa mort brutale et inattendue mais je suis debout et je viens de quitter l'appartement où cela s'est passé, dans l'idée de prendre un nouveau départ et de laisser mon petit fantôme derrière moi, petit à petit.

Pour l'instant, le petit fantôme est toujours là, discret et bienveillant. Il est dans la note trouvée lorsque les déménageurs ont soulevé la bibliothèque du bureau (achat d'un livre à Bordeaux lorsqu'il était étudiant), il est au fond de la boîte dans laquelle j'avais rangé les couverts pour le déménagement et où j'ai retrouvé, en la vidant, un poil de barbe rousse. Et il est là aussi, le jour où j'ai rendu les clés après l'état des lieux de sortie, dans ma nouvelle maison, sous forme d'un papier blanc plié en quatre dans les graviers de la terrasse ; je l'ai ramassé et en le dépliant, j'ai été surprise de trouver un en-tête de lettre de motivation où ne restaient plus que les coordonnées personnelles et professionnelles de mon amoureux. Je ne m'explique pas la présence de ce papier le surlendemain du déménagement et alors que j'avais jeté à la déchèterie les derniers papiers trouvés dans la cave.

Je n'ai pas d'explication mais ça me convient. C'est comme un clin d’œil de mon amoureux qui aurait pris avec moi le chemin de ce nouveau nid et me le ferait savoir, par petites touches. Tout à l'heure, il était encore avec moi pour me dire que ce tableau n'était pas droit et cela m'a fait sourire. Il est toujours là mais sa présence n'est plus lourde et pesante comme il y a quelques mois et un jour, elle se fera si légère que je n'y penserai presque plus.

J'ai encore beaucoup pleuré ces derniers jours, en faisant ces cartons, en quittant cet immeuble où nous nous sommes tant aimés. J'ai pleuré à allant voir le petit arbre du souvenir (dont je ne sais pas s'il survivra à la sécheresse de cet été, il était un peu sec), j'ai pleuré en faisant l'inventaire avec ma sœur de tout ce qu'il m'a apporté, de ce qu'il laisse au monde et aux gens qui l'ont connu. Je pleure encore en écrivant ces mots, le chagrin est toujours là même s'il se manifeste de manière différente, plus rare et plus nuancée.

Aujourd'hui, je décide de me tourner le plus possible vers l'avenir, un avenir sans lui mais où j'ai toute ma place et où d'autres bonheurs sont envisageables. J'ai beaucoup appris avec lui, sur moi et sur ce que je veux. Son amour immense m'a ouvert un monde plein de promesses, il m'a aidée à retrouver confiance en moi, il m'a changée et m'a appris la joie. Je le remercie chaque jour pour ça, même si je trouve très injuste qu'il ne soit plus là pour cheminer sur cette voie avec moi.

Cet homme a été un grand bonheur et une bénédiction pour moi, je ne suis plus la même et cette nouvelle personne se doit de poursuivre sa route en sa mémoire. Je repense ce soir à ce “Désolé” qu'il a prononcé juste avant de mourir, son tout dernier mot. J'ai pensé sur le moment qu'il était désolé de me causer du souci mais il est clair à présent qu'il était conscient qu'il était en train de partir. Et il était désolé de me laisser continuer seule, désolé de ne pas pouvoir continuer à m'aimer mais le choix de ce mot contient aussi une volonté de bienveillance (il détestait ce mot !), au sens premier de “vouloir du bien” à la personne.

Peu après avoir écrit la note précédente, le 17 juillet, dans laquelle je disais ma terreur de la date anniversaire, j'ai pris la décision de ne pas être sur les lieux ce jour-là, et aussi celle de ne pas être seule. Je vais partir quelques jours en famille, pour me reposer de ce déménagement que j'aurai géré quasiment toute seule de A à Z et aussi pour m'échapper de chez moi. Bien sûr que je vais penser au jour funeste mais je n'ai plus peur. Il est probable que je vais pleurer mais je n'ai pas l'intention de faire une cérémonie ou un discours, ou alors ce sera un discours de remerciements à mes proches qui m'ont soutenue de manière admirable.

Il faut que le jour de sa mort devienne un jour comme les autres ou à tout le moins, un jour de célébration de ce qu'il m'a laissé et qui me permet, un an plus tard, de me tenir encore debout, dignement, fièrement.

PS : Il est très possible que j'arrête d'écrire ici, parce que j'ai l'impression de tourner en rond mais je ne sais pas, on verra où le vent me porte et s'il me reste des choses à exprimer dans les semaines ou mois à venir. Tenir ce journal de deuil a été une intuition dès le début, parce que tout au long de ma vie, l'écriture m'a accompagnée dans les moments difficiles. Je me félicite de l'avoir suivie car même si j'ai parfois bégayé, cela m'a permis de verbaliser des ressentis et de me soulager de trop-pleins émotionnels. Je ne suis pas “guérie” de ce chagrin immense, loin de là, mais peut-être vais-je trouver d'autres moyens de l'apprivoiser ?

PPS : j'ai relu il y a quelques semaines l'intégralité de ce journal et je voudrais juste dire que contrairement à ce que j'ai pu écrire plusieurs fois, j'ai drôlement progressé sur ce chemin de deuil. Cette relecture m'a permis de le mesurer. Et je suis confiante en l'avenir.

 
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from Impulsion Végé

En voilà une idée pour faire manger des légumes aux enfants ! Ou parce qu'on ne sait pas quoi faire de ses courgettes du frigo ! Ou juste parce que c'est trop bon en fait ! Par ici, on m'en redemande en tout cas. Cette recette que je connaissais en version non vegan, je l'ai trouvé en version vegan sur ce blog de pâtisserie végétale qui est devenu un incontournable pour moi : Gâteau chocolat courgette vegan

Je l'ai un petit peu adapté.

La recette

Ingrédients :

  • 120 g de farine T80
  • 80 g de sucre de canne
  • 4 g de levure chimique
  • Une pincée de sel
  • 200 g de courgette crue épluchée et coupée en morceaux
  • 60 ml de lait d'avoine
  • 60 g de margarine
  • 200 g de chocolat pâtissier

Matériel :

  • Un moule rond de 20 cm de diamètre
  • Un mixeur plongeant
  • Un fouet

Instructions :

  1. Préchauffer le four à 180°C.
  2. Tapisser le fond du moule de papier sulfurisé et/ou huiler.
  3. Mixer les morceaux de courgettes jusqu'à les réduire en purée. Réserver.
  4. Faire fondre le chocolat avec la margarine au bain-marie.
  5. Pendant ce temps, dans un récipient mélanger la farine, le sucre, la levure chimique et le sel.
  6. Verser la purée de courgettes sur le mélange d’ingrédients secs, ajouter le lait puis mélanger jusqu’à l’obtention d’un appareil homogène.
  7. Ajouter le mélange chocolat et margarine fondus. Bien mélanger.
  8. Verser la pâte dans le moule et enfourner pour environ 30 minutes. Vérifier la cuisson : la lame d'un couteau doit ressortir sèche.
  9. Laisser tiédir le gâteau avant de le servir.

Gâteau chocolat courgette

#CakeVégétalien

 
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from irisdessine

Je suis décentraliste. Je me permets ce néologisme pour parler de décentralisation. Terme qui est cher aux habitants de Mastodon et aux contributrices et contributeurs ainsi qu'aux utilisatrices et utilisateurs du monde merveilleux de l'open source. Parlons donc décentralisation.

La décentralisation par le numérique

Celle que vous connaissez, c'est celle de Mastodon et plus généralement du monde de l'open source. Quand un amateur de vérité arrangée prend le pouvoir dans l'un des pays les plus puissants du monde occidental, c'est une remise en question de tous les systèmes centralisés dont le pouvoir repose sur 5 entités : les GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft). On ne veut plus que nos données servent à nourrir des desseins capitalistes, alors on passe par un réseau social et des outils décentralisés. Comme des petits îlots de liberté.

Mais pas que...

On peut étendre ce principe de décentralisation à l'agriculture par exemple. On a déjà mille preuves que des étendues de champs monoculture ruinent l'écosystème (puisque souvent accompagnées de son lot de pesticides, de cultures dédiées à nourrir des bêtes maltraitées, ou même juste à produire de la matière à brûler pour faire genre on fait de la “valorisation”). On sait déjà qu'en réduisant les champs à taille humaine, pour viser une zone de chalandise raisonnable, ça limite les coûts et la pollution des transports, ça permet une diversification des cultures, si on ajoute à ça des terrains bordés de haies, ça renforce la résilience de nos terres face aux défis climatiques (l'eau que nos terres asséchées sont par exemple incapables d'absorber, pas seulement parce qu'il y a beaucoup d'eau, mais aussi parce qu'il n'y a plus de vivant sous terre et plus de haies pour filtrer tout ça naturellement), et ça permet de mieux rémunérer les paysans tout en offrant des fruits et légumes locaux, et, mécaniquement, moins chers.

Et après la culture, l'autre culture...

Mais on peut aller encore plus loin. Si vous cherchez un album plutôt rare d'un artiste pourtant connu, ou un film issu d'un studio qui a coulé, ou encore, vous voulez revoir une série qui a été annulée... vous ne pouvez tout simplement pas (à moins de remuer ciel et terre pour trouver des versions physiques, pas toujours disponibles, ni en bon état, ni même sur un support que vous seriez encore capable de lire). Ces 3 exemples, c'est du réel pour moi :

L'album Sang-mêlé d'Eddy Louiss est introuvable en version numérique. Le film Fievel et le nouveau monde n'est disponible à l'achat numérique que chez certains des GAFAM (donc, le fichier ne vous appartient pas, ce n'est qu'un prêt longue durée). La série Willow que Disney a tout simplement fait disparaître de sa plateforme sans autre forme de procès.

Dans ces cas-là, non seulement la décentralisation est la clé pour que tout puisse être disponible, mais je pense même que le piratage peut sauver ces œuvres prêtes à sombrer dans l'oubli le plus total.

Au-delà de cette problématique d'oeuvres oubliées, on a aussi la problématique d'oeuvres numériques soumis à des DRM (Digital Rights Management) : les musiques et films, oui, mais aussi les ebooks.

Pour moi, décentraliser tout ça permet de faire découvrir tout un pan de la culture laissée de côté parce que pas “bankable”.

Plus généralement, la décentralisation permet une chose qui casserait l'un des leviers du capitalisme : le pouvoir. S'il y a plein de petits vendeurs de légumes locaux, plein de petites maisons d'éditions qui offrent l'ebook du livre physique acheté, plein de petits studios qui proposent des musiques de divers artistes, on assainit la chaîne de distribution tout en empêchant 2 ou 3 grosses multinationales de s'emparer de tout. Le pouvoir morcelé, c'est la conséquence de la décentralisation.

Et les quelques exemples que je viens de citer, permettraient selon moi de mettre en place un cercle vertueux qui, à plus long terme, sauverait le monde. (les humains, la nature, la Terre) Vu que le capitalisme n'aurait plus rien à y faire.

Est-ce un doux rêve ? Peut-être. Est-ce pour autant qu'on doive se réveiller et continuer à nourrir le capitalisme ? Pas nécessairement non plus.

La lutte s'organise, elle se fait à plein de petits niveaux, et devinez quoi. C'est par là que commence la décentralisation :)

 
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from Depuis les Gorces

Récemment, sur l'application messagerie d'un groupe militant, on a commencé à s'échanger nos lectures de l'été. Alors que je me réjouissais de toutes ces idées de lectures, en même temps que je me désolais de ce que je n'aurais jamais le temps de tout lire, je me suis demandée si cette pratique n'était pas excluante...

Hiérarchie des genres

Ado, je lisais tout. Je m'ennuyais chez mon père, chez ma grand-mère, au collège, donc je lisais tout ce que je trouvais.

Jeune adulte, j'ai eu ma période romans de gare, que je lisais surtout dans le train et dans les transports.

Je lis encore quelques romans l'été. Je veux que ça soit de très bons romans. Pas un roman policier de gare, ou plein de bons sentiments ou de SF. Nan, je veux de la littérature, des classiques, ou des romans modernes. Et puis si possible, en version originale quand c'est en anglais.

Je me suis rapidement rendue compte que je classais les genres littéraires. Tout en haut, l'essai philosophique à la « Le mythe de Sisyphe » de Camus que je me rappelle essayer de lire en prépa (sans grand succès). Tout en bas, la romance, les livres fleur-bleu, ou les livres guimauves comme « L'alchimiste » de Paulo Coelho. Au milieu, les romans policier bien travaillés, comme « Le nom de la rose » d'Umberto Eco ; ou les grands classiques comme Zola, Zweig ou Herman Hesse.

Je fais donc partie des gens qui jugent fort les livres. Avant, je me faisais un avis en 30 secondes sur les gens en regardant leur bibliothèque ou leurs lectures. Maintenant je crois que j'enregistre juste l'information des lectures que cette personne aime sans l'utiliser pour nous classer sur une sorte d'échelle sociale.

Récemment, j'ai organisé une causerie féministe chez moi. Mon but était de faire se parler des femmes de milieux sociologiques différents. On a préparé cet échange avec une copine et j'ai proposé qu'à un moment chacune puisse recommander une lecture. Et ma copine m'a fait remarquer à juste titre que c'était une super mauvaise idée. Ça risquait de mettre mal à l'aise celles qui n'auraient pas eu un livre intello, ou juste un livre tout court, à recommander. Elle me rappelait à quel point nos lectures sont un marqueur social.

Bavardages culturels

Quand je suis arrivée à l'ENS, je me sentais pas du bon milieu quand mes camarades discutaient d'opéra et de musique classique (je ne connais que Carmina Burana), savaient tous skier, et avaient tous des références en politique. Ça a participé à mon sentiment de ne pas être à la bonne place et à mon mal-être à cette période, et je suis sure qu'essayant d'être à la hauteur, j'étalais comme de la confiture ce que j'avais de capital culturel et mettait mal à l'aise d'autres personnes.

Mais je me sentais aussi un peu exclue quand j'avais 20 ans et que ma bande de copains d'alors passait des heures à bavarder sur les dessins animés qu'ils avaient vu enfants. Moi je n'avais pas eu la TV et donc je ne connaissais rien. Ma petite cousine fille de bourgeois sans TV achetait avec son argent de poche Télé 7 jours pour avoir les résumés des séries à la mode et pouvoir discuter avec les copines à la récré.

J'ai donc l'impression que ces discussions sur nos pratiques culturelles fondent l'identité d'un groupe en excluant celleux qui sont différent·es, et en rapprochant celleux qui se ressemblent.

Pour un groupe d'ami·es, dans une famille c'est surement normal. On se rapproche (je crois) des gens qui nous ressemblent, et on renforce une culture commune. On pourrait discuter du sentiment d'illégitimité que ça crée pour les personnes qui arrivent dans le groupe (par exemple les conjoint·es), du renforcement des différences entre groupes sociaux, mais ça n'est pas l'objet de cet article.

Dans un groupe qui ne se base pas sur les affinités

J'en arrive à mon interrogation du moment. Je distingue le groupe d'ami·es du lieu que l'on construit pour qu'il soit accueillant pour des personnes différentes de nous.

Par exemple, dans un groupe militant, on veut à la fois :

  • Partager ce qui nous fait grandir et progresser, et donc des livres, des reportages, et des articles de presse.
  • Être un groupe inclusif qui inclue de la même manière toutes les personnes quels que soient leurs capital(s) : culturel, économique et social, ou leurs privilèges (ou absence de privilèges).

Des attentions pour ne pas reproduire les inégalités de la société

On met en place une cagnotte solidaire ou de l'hébergement militant pour permettre aux personnes qui n'ont pas beaucoup de ressources financières de participer à nos évènements.

On réfléchit à des solutions de garde (pour le moment ça n'est pas très effectif) pour permettre aux parents isolé·es de venir aux évènements militants.

Un manque d'attention qui peut exclure doucement

Récemment, nous avons échangé une quinzaine de messages montrant nos lectures toutes plus intellos les unes que les autres sur le fil discussion de notre groupe militant.

Il y avait :

  • Des personnes qui montrent leurs lectures du moment avec des photos de couvertures de livres, tous un peu intellos.
  • Des personnes qui commentent en disant qu'elles en ont lu certains (j'en fais partie)
  • Et surement beaucoup de personnes qui n'ont pas participé.

J'ai vécu la même chose sur le canal discussion d'un slack professionnel.

Norme sociale

J'ai l'impression que ce type d'échange donne l'impression que la norme sociale de ce groupe (= ce qui se fait) c'est de lire des gros livres intellos. Implicitement, ça dit que c'est un comportement qui permet d'appartenir davantage au groupe. Et on peut se sentir illégitime quand on n'a pas ces pratiques culturelles.

Boy's club

Un peu comme dans l'article de Jo Freeman que j'avais résumé ici, ce type de pratique renforce la création d'une élite informelle au sein du groupe militant. Les personnes qui partagent les mêmes lectures vont naturellement se sentir plus proches. Ces conversations semi privées vont renforcer des liens d'amitiés qui deviendront peut-être des moyens d'exercer le pouvoir au sein du groupe.

Alors on fait quoi ?

En même temps que je me posais ces questions, je n'ai pas pu résister à partager la liste de livres feel good écrits par des femmes qui m'avait été récemment partagée sur Mastodon. Je me suis rassurée en me disant qu'il y avait aussi des livres moins snobs dans cette liste. Mais est-ce que je n'aurais pas du m'abstenir pour éviter de remettre une pièce dans la machine ?

⚠️ La réflexion qui suit concerne les espaces que l'on veut inclusifs, et en particulier les messageries de groupes militants ou professionnels.

Voici quelques pistes auxquelles j'ai pensé, aidée par les conversation avec les copaines de mastodon et de la vraie vie.

Ne pas confondre réseau social, blog, et messagerie de groupe

Aujourd'hui, les réseaux sociaux servent souvent une mise en scène de nous même. On se montre comme on aimerait qu'on nous voit, et ça peut être en train de lire un gros livre. On fait alors un selfie avec le livre, ou bien une photo de la couverture avec en arrière plan cet endroit trop beau où on a la chance d'être. On instagramme notre quotidien. Ça me fait penser à l'épisode sur Instagram du podcast le code a changé où Xavier Delaporte interviewe un de ses copains qui poste des selfies sur Instagram.

Mais il n'y a pas que l'aspect narcissique dans nos partages de lectures sur les réseaux sociaux. Il y a aussi un aspect de micro-blogging. On partage nos lectures pour faire découvrir un livre ou pour parler avec des personnes qui ont aussi lu ce livre. C'est sur Mastodon avec le hashtag #VendrediLecture que je trouve un grand nombre d'idées de lecture. Et c'est aussi pour ça que je partage sur ce blog mes notes de lecture.

Mais une messagerie de groupe militant n'est PAS un réseau social à la Instagram ni une plateforme de micro-blogging. Je pense qu'il faut donc éviter les pratiques de ces réseaux et en particulier :

  • Ne pas faire du name-dropping de livres qu'on a lus,
  • Ne pas surenchérir d'un : « Moi aussi je l'ai lu » qui implicitement dit : t'as vu on fait partie du même groupe social !!!

Partager et raconter ce que nos lectures apportent pour les préoccupations du groupe

À l'inverse, il me semble que c'est ok de partager ce qu'on a lu/vu en expliquant ce que ça apporte par rapport aux préoccupations du groupe.

Par exemple de dire qu'on a lu tel roman (au hasard « Paresse pour tous »), qu'on a beaucoup aimé parce que ça dépeint l'arrivée au pouvoir d'un politique comment on en rêve etc. Comme ça, la personne qui n'a pas lu le livre, et qui ne le lira pas parce que ça n'est pas trop son truc, gagne quelque chose de notre message. Elle peut faire quelque chose de cette information autre que de juste l'utiliser pour se juger de manière dépréciative (« moi je ne lis pas ») ou au contraire, en se sentant supérieure (« Moi je lis des trucs plus intellos »).

Get a room !

Parfois on a très envie de réagir pour discuter avec une personne, et ça devient plus une discussion à 2 qu'une discussion avec le groupe. On peut se demander pourquoi on garde cette discussion publique. Est-ce qu'on veut se donner à voir ayant ce type de discussion ?

Peut-être ce serait aussi simple dans ce cas de passer en privé pour continuer l'échange sans se donner en spectacle.

Interagir avec toustes

Pour éviter l'effet Boys' club, on peut aussi essayer d'interagir (mettre un pouce, répondre) autant, si ce n'est plus, avec les personnes qui s'expriment peu, ou qui ne font pas partie du boys' club, de la petite élite de ce groupe.

Conclusion

Je serai très intéressée pour avoir le point de vue de personnes qui lisent peu, ou pas des gros livres intellos parce qu'en vrai, j'ai très peu de certitudes sur ce que serait une bonne pratique inclusive vis à vis du capital culturel dans les espaces militants.

Et pour poursuivre la discussion, on peut se retrouver sur mastodon, comme je ne sais pas activer les commentaires sur ce blog, et que j'ai hâte de vous lire !

Pour aller plus loin

Sur les conseils des mastonautes, j'ai écouté l'épisode « Chacun son beauf » du podcast « Vivons heureux avant la fin du monde » et je l'ai trouvé éclairant. Je trouve qu'il justifie vraiment qu'on travaille dans nos espaces militants sur comment être moins méprisant culturellement.

 
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from Un Spicilège

Une vie de saint

Si vous me suivez depuis un moment, vous avez entendu parler de Christophe Siébert, et si vous ne voyez pas de qui je parle, je vous invite à faire un tour dans la liste de mes billets de blog et d'y rechercher son nom pour vous ouvrir à une nouvelle dimension d'écriture.

Dans Une vie de saint, il continue d'étoffer l'univers de Mertvecgorod pour la plus grande satisfaction de notre curiosité vicieuse et morbide. Plus qu'un roman, c'est un évangile. Celui de Nikolaï le Svatoj. Criminel, terroriste, prophète, martyr... saint. Le saint en question. Celui dont cet opus de près de 500 pages tente de retranscrire la vie, en compilant des textes écrits par Nikolaï lui-même avec d'autres écrits, issus d'auteurs divers s'apparentant presque donc à des évangélistes. Il n'est cependant pas seulement question de miracles dans la vie de Nikolaï et de ceux qui le côtoient, mais également et surtout, comme il devient habituel dans l'univers de Mertvecgorod, de déviances, de perversions, de l'énumération presque exhaustive de tous les vices et violences qu'il est possible de faire subir à un être vivant. Il faut le talent d'écriture de Christophe Siébert, VRAIEMENT, pour percevoir, au-delà de l'accumulation de scènes tellement infâmes qu'elles anesthésient notre perception même du bien et du mal et qu'elles finissent par glisser sur une indifférence clinique (dissociation, refoulement ou... accoutumance ?), le point névralgique d'une histoire qui passe par le choc pour distiller des propos bien plus graves, bien plus engageants que sensationnalistes. En ramifiant et dévoilant toujours plus les recoins cachés de Mertvecgorod, il regarde en face l'homme dans ce qui le caractérise le plus. Ses excès, ses frayeurs, sa faiblesse intrinsèque qui le conduit toujours à sa perte.

Christophe Siébert est et reste encore avec ce dernier roman une des plumes les plus exigeantes qu'il m'ait été donné de lire. L'excellence de son écriture va de pair avec l'intensité de ses propos et il est évident qu'on ne lit pas ses ouvrages sans en ressortir éveillé, tant le miroir qu'il nous tend reflète l'insoupçonné.


Une vie de saint | Christophe Siébert | Au Diable Vauvert

 
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from Depuis les Gorces

Régulièrement, quand je discute avec mon père de politique et que je lui montre en quoi le capitalisme c’est pourri, il me répond : « parce que tu trouves que le communisme de Russie c’est mieux ?» Et je ne savais pas trop quoi répondre. Depuis que j’ai écouté les grandes traversées sur Staline, j’ai compris que cet argument était complètement éclaté.

La gauche et la droite

Quand j’étais petite, j’avais demandé à ma mère ce que c’était la différence entre la gauche et la droite. Elle m’avait répondu : « tu demanderas à ton grand-père ». Bien joué maman. Donc je demandais à mon grand-père chéri qui m’a alors répondu avec une petite histoire.

« Imagine que je te donne 10 bonbons à toi, et 10 bonbons à ton frère. Ton frère mange ses 10 bonbons et toi tu n’en manges qu’un. La gauche va partager tes bonbons pour que toi et ton frère vous en ayez autant, et la droite va te laisser tes bonbons ».

Je sais pas pourquoi, mais déjà à l’époque j’avais l’impression de m’être faite avoir car j'avais l'impression que c'était mieux d'être de gauche que de droite (ce qui était l'avis de ma mère mais pas de mon grand-père !). Il m’a fallu une bonne vingtaine d’années pour comprendre ce qui n’allait pas dans cette histoire : on ne nait pas toustes avec 10 bonbons. Le début de l’histoire c’est plutôt : « je te donne 10 bonbons parce que tu es née dans une bonne famille, et à Guillaume je ne lui donne qu’un bonbon parce qu’il n’est pas né au bon endroit ».

Bref, j’ai grandi, et puis la droite dans ma tête c’est devenu le parti des patrons de des riches, et la gauche le parti qui défendait les opprimé·es. Un peu plus tard j’ai compris qu’à droite on croyait au mythe « quand on veut on peut », et qu'à gauche on a compris qu’on ne nait pas toustes avec les mêmes privilèges.

Le capitalisme

Gagner de l’argent avec l’argent

Un jour, mon père a dit : « nan mais je trouve que le problème du capitalisme aujourd'hui, c’est qu’on récompense plus les capitaux que le travail ». J’ai pas vraiment compris tout de suite. Et puis petit à petit j’ai compris que les ultra-riches d’aujourd’hui ne travaillent pas comme moi. Ils ont de l’argent, beaucoup d’argent, ils le prêtent, et ils gagnent de l’argent avec cet argent. Ainsi, aujourd’hui il me faudrait des millions d’années de travail pour arriver au niveau de richesse d’un Elon Musk ou d’un Bernard Arnaud. C’est bien la preuve que ça n’est pas le travail qui est rétribué.

Effets secondaires du capitalisme

Plus les années passent, plus je me rends compte que la société dans laquelle on vit n’est pas désirable. Ma première prise de conscience a été envers le patriarcat. Pourquoi les femmes sont-elles moins bien traitées que les hommes dans notre société ? Pourquoi autant de femmes sont-elles tuées par leurs conjoints chaque année ? Et puis j’ai compris que dans une société capitaliste, les hommes tiraient profit du travail gratuit des femmes quand elles étaient à la maison.

J’ai ensuite pris conscience un peu en même temps que le monde du travail nous détruisait en nous conduisant à des burn-out avant 35 ans, et que notre société était en train de bousiller la planète. Je me rendais compte que notre société capitaliste cherchait à faire du profit, des bénéfices sur le dos des humains (la ressource humaine) et de la nature (la ressource tout court).

Bref, j’en arrivais à la conclusion : > Mort au capitalisme.

Le communisme

Et donc c’est quoi l’alternative ? Pour mon père, l’alternative, c’est le communisme*, et ça mène à la dictature. Étant donnée mon inculture crasse en politique, histoire, et géopolitique, je répondais rien, mais j’étais pas super convaincue.

Cette semaine, j’ai écouté un super podcast de France Culture (Les grandes traversées) sur Staline.

Alors je sais bien que le communisme ce n’est pas le stalinisme, mais quand même, j’ai été ultra choquée des** points communs entre leur monde et le notre**.

Le productivisme

J’ai été choquée par la notion de productivisme. Je me souvenais bien de la grande planification, et des grands projets de l’URSS. Mais je n’avais pas perçu à quel point ils étaient semblables aux grands projets financés par le privé chez nous. L'exemple qui me vient tout de suite en tête, c'est le pipeline de Total en Afrique, mais il y a aussi les centrales nucléaires, les grandes cités HLM, les autoroutes, le TGV, ...

Même exctractivisme, même folie des grandeurs, et même ingénieurisme**.

On avait les mêmes rêves de gigantisme, la même foi en l’ingénieur qui peut contrôler le vivant et la nature pour l’asservir à l’homme, la même conception colonialiste qui dit qu’on peut prendre la terre des peuples qui ne l’exploitent pas assez. La même conquête spatiale.

Même rapport à la consommation

À un moment dans l’un des épisodes, il est dit que le modèle c’est de produire beaucoup pour que le peuple ait accès à tous les objets de la modernité, et qu’il soit heureux. À un autre moment, il est dit que le but était de produire du cinéma comme à Hollywood, qu’il fallait faire aussi bien que les américains. Le but poursuivi était le même.

Même rapport au travail

Et puis le même rapport au travail. Je me souviens bien du ridicule de l’ouvrier Stakhanoviste qui dépasse tous les objectifs fixés par le plan. Mais en écoutant ce podcast sur l’URSS de Staline, j’avais l’impression d’entendre une description du monde du travail dans les grands groupes et les start-ups : en faire toujours plus pour le projet, se dépasser, ne pas se plaindre, être le meilleur ouvrier, produire le plus…

Même patriarcat

J’ai ressenti le même patriarcat que dans nos sociétés capitalistes. La même valorisation de la force, de la puissance, de toutes les qualités masculinistes en vogue dans la start-up nation.

L’autoritarisme en plus ?

Pour mon père, la preuve que le communisme ça ne marche pas, c’est que ça crée des dictateurs. Le podcast sur Staline montre bien que cet homme prend le prétexte de la cause communiste pour prendre le pouvoir et le rendre autocratique. Tout ce qu’il fait ressemble beaucoup trop à ce que nous vivons aujourd’hui aux États-Unis. La distorsion de la vérité, le clientélisme, la paranoïa de l’ennemi intérieur qui conduit aux purges… C’est ultra flippant.

Mais surtout, ça montre bien que de ce point de vue là non plus, il n’y a pas de différence entre le capitalisme et le communisme.

Quelle est l’alternative du capitalisme ?

La fausse alternative communisme-capitalisme

Aujourd’hui, je lutte contre un monde basé sur la domination et l’exploitation des plus vulnérables pour produire de la richesse. Dans les plus vulnérables, je mets en vrac les femmes, les animaux, la nature, les personnes racisées, les personnes pauvres, …

Dans cette lutte, je ne vois pas de différence majeure entre le capitalisme et le communisme.

Je ne crois pas du tout que l’objectif ce soit de choisir entre le capitalisme et le communisme. Aucun de ces deux modèles de société n’est désirable.

Ces deux modèles sont extractivistes, productivistes, violent, patriarcaux...

Il existe de nombreux autres modèles

Pour plein de gens, il n’y aurait pas d’autres modèles. C'est aussi ce que j'ai cru. Mais c’est oublier que le monde des hommes existe depuis bien avant la révolution industrielle, et que de nombreux autres modes de faire société ont existé. Et que ces sociétés n’étaient pas capitalistes. Quelques pistes à explorer :

  • Blog de ManiaEmma sur les matriarcats
  • Livre de l’économiste Denis Colombi : Sommes tous capitalistes ?

Et d’ailleurs, il reste encore des petits pans de nos vies qui ne sont pas encore monétisées / marchandisées par le capitalisme. Quand un arbre chez moi produit plus de fruits que je ne peux en consommer, j’en donne à mes voisins. Je ne leur vends pas, je n’attends pas un service en retour qui vaudrait exactement la même chose. Juste je leur donne, et un jour ils me rendront un service, et on sera quitte.

Mais avant on était moins heureux

Quand on cite d’autres modèles de société, on nous répond en général tout de suite : « mais tu ne veux pas retourner à l’âge de pierre quand même ??? », ou bien « bah t’as qu’a arrêter d’utiliser le lave linge et ta voiture pendant une semaine et on verra si tu veux vivre dans une autre société !!! ».

Alors déjà, je suis convaincue qu'on n'est pas dans une société où les gens sont chaque année globalement plus heureux.

Ensuite, je trouve ça fou que la société de consommation ait aussi réussi à nous mettre dans la tête que posséder des choses qui font à notre place = être heureux. Faire soi même = être malheureux. Avoir des contraintes = être malheureux. Ne rien faire = bonheur.

Et c’est marrant car en même temps, on voit se développer tout un monde du « Do It Yourself », on va a des cours de dessin, on regarde des tutos pour faire des pâtisseries, on ne veut plus marcher et on prend la voiture, mais on va faire du sport dans une salle. Est-ce qu’on serait vraiment plus malheureux si on devait refaire certaines choses nous mêmes dans un monde qui irait moins vite et qui serait moins violent ?

Je ne crois pas.

Et pour poursuivre la discussion, on peut se retrouver sous ce fil sur mastodon comme je ne sais pas activer les commentaires sur ce blog, et que j'ai hâte de vous lire !

Et soyez gentils et pas trop condescendants quand vous m'expliquerez que j'ai rien compris à la géopolitique car c'est surement vrai, mais j'essaie !

Notes

  • Ne vous fâchez pas 🫣. Ici j'utilise le mot communisme comme dans le langage courant des non-spécialistes (ce qui est mon cas). Je fais partie des personnes qui n'ont pas trop compris les subtilités entre le marxisme, le bolchévisme, le socialisme et tous ces noms en “isme”... Ici, ça veut donc dire grosso merdo l'idéologie politique vue par les gens qui n'y comprennent pas grand chose et qui serait celle des pays qui n'ont pas embrassé le capitalisme au XXème siècle 😬.
    ** Je comprends de mieux en mieux celleux qui se plaignent du monde des ingénieurs. En effet, depuis la révolution industrielle, les ingénieurs sont ceux qui ont permis de prendre le contrôle de la nature, de passer d'un rapport de négociations ou d'équilibre à un rapport de domination. Et c'est ce qui nous mène aujourd'hui dans le mur.
 
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from Depuis les Gorces

Je suis née dans une famille grossophobe dans une société grossophobe. Je ne suis pas grosse aux yeux de la société, mais je vis, comme la majorité des femmes, avec cette culpabilité de ne pas être assez mince. Et avec l'injonction contradictoire dans ma famille d'intellos qu'il ne faudrait pas accorder d'importance au physique, car ça n'est pas ce qui compte.

Depuis 20 ans, j'ai compris beaucoup de choses, et récemment encore plus. Maintenant, j'ai envie de partager !

J'ai découvert la grossophobie

J'ai pris conscience de ce jugement sur le poids de toustes, enfin surtout des femmes vers 25 – 30 ans, grâce à Twitter. J'y suivais des comptes de femmes grosses qui racontaient leurs vies, et j'ai progressivement ouvert les yeux et compris des trucs.

Je me rappelle lire de nombreux témoignages de femmes découvrant les albums photos de leur enfance, à une époque où on leur reprochait déjà leur poids (médecin et/ou famille), alors qu'elles n'étaient pas du tout grosses. Elles partageaient leurs photos. Elles étaient peut être juste un tout petit peu plus rondes, peut-être avec des bonnes joues, mais franchement, pas grosses. Mais l'angoisse familiale et médicale qu'elles deviennent grosses leur étaient déjà tombé dessus, avec les injonctions à faire attention. Et j'ai compris que souvent c'était ce contexte, cette attention permanente portée au poids qui transforme un je ne sais quoi de l'adolescence en trouble du comportement alimentaire.

Je me rappelle découvrir les conséquences sur leurs vies de la grossophobie. Comment les médecins les soignent moins bien puisque de toutes façons, tous leurs problèmes doivent être liés à leur poids (spoiler : il y a beaucoup trop d'histoires d'erreurs médicales associées à leurs histoires). Comment les gens de la rue, leurs « ami·es » se permettent des commentaires et des conseils sur leurs poids et sur leurs habitudes alimentaires. Ces médecins qui conseillent à des femmes grosses d'arrêter d'aller au fast-food, sans savoir que ces femmes n'y vont jamais. J'ai découvert que nombre de ces femmes essayaient de ne jamais manger en public pour moins se sentir jugées.

Et enfin, j'ai découvert qu'une remarque qui me semblait anodine à moi, femme mince née dans une famille et une société grossophobe, était en fait violente et débile. C'est le compliment : « oh tu as perdu du poids, ça te va bien » et toutes les autres remarques sur la perte de poids. On veut faire plaisir, et on ramène l'autre à son poids, en lui signalant que dans notre société il y a un bon poids, et un mauvais. On le félicite peut-être pour un régime qui a de grandes chances de terminer avec un effet rebond et que la personne reprenne davantage de poids, et soit tentée de recommencer un régime encore plus drastique, qui fera un rebond encore plus haut. Et c'est comme ça qu'on passe de joues rondes à une obésité forte. Et puis surtout, une perte de poids c'est souvent associé à du mal-être ou à une maladie. J'ai en tête cette personne qui a perdu du poids, s'en est réjouie. Comme par chance elle n'était pas obèse au départ, son médecin a demandé un check-up santé. Elle avait déclenché du diabète et sa santé était en danger. J'ai lu plusieurs témoignages de femmes qui avaient été complimentées sur leur prise de poids alors que c'était lié à de la maladie ou à de la dépression.

Un super reportage sur Arte

Je me rappelle qu'on m'avait conseillé sur Twitter (à l'époque où ça n'était pas un empire nazi) un documentaire qui avait beaucoup bousculé mes convictions. Il était en accès libre à l'époque, aujourd'hui il est disponible en VOD.

Je me rappelle avoir compris avec ce documentaire que le surpoids c'est bien plus compliqué que « juste une mauvaise alimentation de quelqu'une qui ne fait pas attention » comme la société, ma famille, me l'avait fait croire.

Après ce documentaire, j'ai essayé de faire très attention pour ne plus être grossophobe dans mes actions et dans mes paroles. Et j'ai continué à lire pour être mieux informée. Pour autant, je n'ai pas réussi à diminuer le jugement que j'ai envers moi.

Un roman génial

10 ans plus tard, c'est sur Mastodon que je découvre une recommandation de lecture en lien avec la grossophobie : « The Fatness ». Je suivais depuis un certain temps son auteur Mark A Rayner, et je recherchais une lecture d'été. J'ai dévoré le livre qui est un roman très bien ficelé et plutôt drôle alors qu'il présente une dystopie terriblement réaliste.

J'ai adoré cette lecture. D'abord parce qu'elle m'a vraiment distraite, j'ai vraiment accroché à l'histoire. Ensuite parce qu'elle montre bien l'absurde et la violence de la petite grossophobie ordinaire de nos sociétés. Si on va au bout du raisonnement, le monde que l'on encourage est atroce. Enfin, parce que j'ai appris plein de choses sur l'aspect scientifique de l'obésité : comment on devient obèse, comment les régimes fonctionnent (mal), l'importance du sommeil et du stress, ...

Mon seul regret : que ce livre ne soit pas disponible en français pour le recommander et l'offrir en grand nombre !

Après la lecture de ce livre, j'ai passé un cap. J'ai décidé de ne plus laisser passer de paroles grossophobes autour de moi. J'étais récemment au bar avec une femme d'un cinquantaine d'année et une étudiante qu'elle encadre. On parle de l'été, et je fais une blague sur le fait qu'il faudra manger, au moins des cacahuètes. La chercheuse, sur le ton du second degré, répond : « Oh bah non, on veut quand même pas que XXX prenne du poids cet été ». Avant la lecture de The Fatness, ça m'aurait agacée, mais je n'aurais rien répondu. Là j'ai dit que c'était une remarque grossophobe et que le poids de XXX ne nous regardait pas. Qu'on n'avait pas à avoir de jugement. Elle a été totalement surprise, et m'a sincèrement dit qu'elle ne croyait pas que je pouvais penser ce que je disais. Que ça ne serait pas un problème si XXX prenait du poids. Et là, elle a dit quelque chose qui m'a vraiment choquée : « Est-ce que tu connais une chercheuse dans notre domaine qui soit grosse ? ». J'ai rigolé en demandant si c'était un des critères obscurs de sélection dans les comités ? Elle a dit « heureusement non »... Mais bon, après quelques échanges la conversation s'est arrêtée et l'étudiante m'a remerciée d'être intervenue.

Un podcast sympa

Et je termine ce billet de blog par un podcast que m'a recommandé récemment une amie sur un forum (oui, ma socialisation est majoritairement numérique 😆) :

Dans ce podcast, Delphine Saltel démarre sur sa fille de 12 ans qui se trouve déjà trop grosse pour nous emmener dans une réflexion sur les injonctions à la maigreur de notre société.

Elle interroge des chercheurs et des chercheuses, et nous fait comprendre un peu mieux les mécanismes psychologiques qui font qu'on entend cette injonction... Avec cet épisode, on est un tout petit peu plus du côté des solutions que dans mes précédentes recommandations. Par exemple, à l'échelle de la société, ça serait pas mal aidant qu'on arrête de valoriser les maigres dans les publicités, dans les concours de miss et dans toutes les séries TV. Donnons tous les rôles aux gros, et pas juste le moche et méchant quand c'est un homme et la grosse rigolotte et sympa quand c'est une femme.

Je faisais déjà un peu attention à la représentativité des personnes dans les visuels quand j'en commandais pour des elearning, mais il va falloir que j'y fasse encore plus attention. Je pense par exemple à une affiche faite pour les écolos (pas par moi) où on voyait une famille modèle toute mince.

Conclusion

J'écris sur un sujet qui me touche, mais où je suis plutôt du côté des oppresseurs étant une femme plutôt mince. J'espère avoir réussi à ne pas être contre-productive dans cet écrit, en ne parlant pas à la place des personnes concernées en ramenant la couverture à moi 🫣. Je suis preneuse de tout feedback, ainsi que d'autres références à partager, et des voix à faire entendre.

Et pour poursuivre la discussion, on peut se retrouver sous ce fil sur mastodon comme je ne sais pas activer les commentaires sur ce blog, et que j'ai hâte de vous lire !

#VendrediLecture #Grossophobie

 
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from donotread

Comptons ensemble

Déjà plus de 18 mois que ce flacon est vide ? Et il s'en est passé des choses, pourtant ! Pas ici, non non, mais des choses sur lesquelles j'aurais pu m'étaler, des choses qui ont bouleversé le pays, les internets, l'ordre établi, l'opinion... Voilà une orientation que cet espace ne prendra probablement pas : celle d'un blog d'actualité !

Un top 5 des événements marquants que vous n'avez pas découverts ici ? Allons-y ! 5 – La dissolution et ses innombrables conséquences ; 4 – La réponse sanglante de Tsahal aux attentats du 7 octobre, et ses innombrables conséquences ; 3 – La réélection de Donald Trump et ses innombrables conséquences ; 2 – Ma prise de conscience que, oui, pour beaucoup, “plutôt hitler que le front populaire”, ça marche encore aujourd'hui ; 1 – Cette toute petite pétition dont tout le monde parle.

Vous remarquerez le choix éditorial dans la hiérarchisation des sujets ? À vrai dire, ce top 5 serait plutôt à regarder comme un compte à rebours, une suite d'événements menant à l'inéluctable. Toujours est-il que j'aurais pu en choisir d'autres, et ce choix vous éclaire sans doute sur ce qui m'anime !

Mais quand même, cette pétition, dans la hiérarchisation... ? Et ma prise de conscience ? C'est du 2 poids 2 mesures, par rapport aux 3 autres, non ?

Hé bien pas pour moi, et je vais vous expliquer pourquoi !

Commençons par la fin : depuis quelque temps, je ne peux m'empêcher de faire le lien entre les arguments fumeux des défenseurs de la loi Duplomb, et ceux qu'on a entendus pendant les longs mois précédents le vote du référendum de 2005. J'avais, à l'époque, tout comme vous je pense, 20 ans de moins. Mais déjà une conscience politique. Peut-être moins rodée, plus hésitante, mais quand même déjà bien ancrée. Je parlais assez peu de ce que je comptais voter, en dehors de mon cercle très proche et familial, au sein duquel le “non” était une évidence. Mais en dehors, ce “non” me semblait ambigu, suspect, je craignais de devoir l'expliquer, me justifier. “Mais non je ne suis pas contre l'euro”, “mais comment ça, refermer les frontières ?”, “la guerre avec l'Allemagne ? Sérieux ?”.

Le souvenir le plus ancien que j'avais gardé de Michel Barnier, il y a 20 ans, et donc bien avant qu'il ne devienne l'un des premiers ministres les plus éphémères de la Ve République, c'était sa manière toute particulière de défendre l'importance de ce traité. Plus il parlait, plus j'étais convaincu. Plus il m'insultait, plus il cherchait à m'invisibiliser, en noyant mon intention de vote contre la “concurrence libre et non faussée” dans la mare immonde des arguments éclatés du fn, et plus ma certitude était déterminée. J'aurais voté non dans tous les cas, mais son mépris m'a permis de l'affirmer, de le revendiquer, de l'expliquer. Surtout après le résultat, soyons honnête !

Maintenant pourquoi établir un lien entre ces deux événements si éloignés, dans le temps, dans leur fond et dans leur forme ?

Pour cela, faisons un petit saut en arrière. Juin 2024, il y a à peine un an et pourtant on a l'impression de ne plus vivre dans le même monde ! Pardon de remuer ce douloureux souvenir, mais le parti à la flemme nationale venait de dépasser les 30% de suffrages aux élections européennes, auxquels on peut ajouter le score de reconquête pour parachever cette ambiance de déprime. À ce stade, je commençais (très sérieusement) à douter de ma certitude totalement affirmée et assurée depuis de nombreuses années (des décennies, n'ayons pas peur des mots !), selon laquelle le rn (ou fn) n'arrivera jamais au pouvoir, parce qu'on n'est pas un pays de racistes, parce qu'on est relativement instruits, parce qu'on a une forte conscience politique, etc etc.

En juin 2024, tout le paysage politique disait le contraire.

Notez l'emploi de l'imparfait, à l'image de cette situation.

En fin de compte, je m'étais trompé : on est bien dans un pays de cons, on a laissé les chaînes d'information continue nous abreuver de faits divers encore plus orientés que ce qu'on reprochait à TF1 dans ses pires moments des années 90/2000, on a laissé s'ouvrir de plus en plus grande la fenêtre d'Overton, on a fini par banaliser, dédiaboliser, normaliser, accepter, le rassemblement national. 30%, et même 35, c'est à dire une personne sur 3. Une personne sur 3 quand je vais faire mes courses, une personne sur 3 parmi mes collègues, une personne sur 3 sur mon lieu de vacances, une personne sur 3 dans la salle de cinéma, sur la plage en été, à la caisse du Super U, pour commenter le dernier épisode de ma série préférée, ...

Pour la première fois depuis la claque de 2002, je pensais que l’extrême droite pouvait arriver au pouvoir en France.

*Notez l'emploi de l'imparfait, à l'image de cette situation.²*

La dissolution est venue parachever cette quasi-certitude. Le moment était idéal pour l'extrême-droite... et idéal pour Macron, pour qu'ils fassent la démonstration de leur incompétence d'ici 2027. Comme si on pouvait leur donner le pouvoir sans qu'ils n'aient le temps, en plus de 2 ans, de changer suffisamment de choses pour s'assurer de le garder ?

La stratégie de Macron me paraissait claire, mais dangereuse. Osée mais pas courageuse, puisque ce n'est pas lui, ni la plupart de ses soutiens, qui seraient la cible d'une politique d’extrême-droite.

C'était donc inévitable, la honte.

Vous avez noté l'emploi de l'imparfait ? et puis... il s'est passé ce que l'on sait, et quelle que soit la situation à ce jour et les incertitudes pour demain, ce moment fait partie de l'Histoire.

Qui aurait pu prédire que le PS retournerait sa veste ? Qui aurait pu prédire que certains anticiperaient déjà l'APRÈS ? Et qui aurait pu croire qu'un an à peine après cette union qui nous a sauvés de l'extrême-droite, on en soit revenus aux mêmes querelles de “toute la gauche sauf LFI” contre l'indésirable Mélenchon ?

En 18 mois, LFI n'a jamais cédé, jamais lâché, jamais renié leurs convictions, qui sont pourtant partagées par les électeurs des verts, du PCF et affiliés, et sans doute de nombreux électeurs dépolitisés, que leur diabolisation a laissés indifférents.

Il s'en est passé des choses en 18 mois. Les accusations d''antisémitisme, les injonctions de laisser la place à une union plus “large”, les assimilations honteuses avec l'extrême-droite, les moqueries envers le “selfie-boat”, une censure du gouvernement, suivie de plusieurs échouées (PS : merci pour votre soutien), les mensonges, la manipulation, l'acharnement médiatique sur tous ceux qui soutiennent un réel rééquilibrage, une véritable justice sociale, une vraie politique de redistribution, un acharnement sans vergogne par tous ceux à qui profite le système actuel, et qu'un gouvernement encore un peu plus autoritaire ne ferait pas trembler.

Quand j'observe tout ça, depuis plus d'un, et quand au détour d'une conversation entre collègues, on en vient à parler politique, c'est toujours le même refrain que j'entends : “de toutes façons c'est tous les mêmes, c'est magouille et compagnie, ils pensent qu'à leur carrière, ...” etc etc.

La désinformation fonctionne à plein régime.

Cette phrase je l'avais entendue depuis longtemps mais je l'avais snobée. Plutôt hitler que le front populaire ? N'exagérons pas ! Au bout du compte, il y a toujours une digue, un “barrage républicain”, un sursaut.

Du peuple, oui. Mais pas de nos élites !

Si lors des législatives post-dissolution, il y a eu de la part de certains droitards une clarification, un aveu que, malgré leur acharnement, bien sûr que la France insoumise n'a rien à voir avec le rn, on observe depuis lors une campagne à grande échelle de minimisation de tout ce qui devrait rendre l'extrême-droite indésirable aux yeux de n'importe quelle personne censée, associée à une perpétuelle diabolisation de LFI.

Pour le parti médiatique, c'est une évidence, plutôt Marine que Jean-Luc, plutôt Jordan que Sandrine, plutôt Éric (choisissez parmi votre raciste préféré) qu'Aymeric, etc etc.

Dans toute cette ambiance nauséeuse, la réélection de Trump aurait pu rappeler à chacun ce qu'est l'extrême-droite, et que le rn est d'extrême-droite : incompétence manifeste, racisme crasse, rejet des minorités, recul de la science. Mais on observe un paysage médiatique totalement compatible avec cette vision du monde.

Le projet de société de l'extrême-droite peut se résumer ainsi : “N'embêtons pas ces braves gens avec des histoires compliquées, il faut laisser les élites gérer les affaires courantes, ces gens n'y comprennent rien. “

Chaque levier de contre-pouvoir devient alors une obscure agence payée avec de l'argent public pour faire on-ne-sait-pas-vraiment-quoi, l'école publique devient alors un mammouth agonisant qu'on ferait mieux d'achever, France TV un gouffre qui devrait être racheté par un milliardaire, le parlement un gaspillage manifeste des impôts des braves gens, etc etc.

Mais si ce discours semble prendre, dans la population, si la diabolisation de LFI semble trouver autant d'écho dans les classes populaire que cette idée absurde selon laquelle le rn serait “proche des gens”, on a parfois des moments d'espoir, qui nous rappellent qu'on n'est pas dans un pays de cons.

Le non de 2005 en était un. Le non à l'extrême-droite de 2024 en était un autre. Le non à la loi Duplomb vient se glisser ici, comme une étincelle dans un tunnel sombre et sans fin, pour nous rappeler qu'on est là, qu'on est nombreux, qu'on ne cède pas et qu'on ne lâchera rien.

Alors, comptons nous ! En tout cas moi je compte sur vous ✊🏻

 
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